Le jour même de l'adoption, par les députés, d'un code de la presse très critiqué, une nouvelle publication a été censurée. Motif : un article rapportant les propos, en mai 2001, du prince Moulay Hicham (voir photo), le cousin du roi, qui appelait à une réforme de la monarchie.
Reporters sans frontières (RSF) s'inquiète de la nouvelle saisie d'une publication, la revue trimestrielle en langue arabe Wijhat Nadhar. "Cette saisie s'inscrit dans un climat hostile à la liberté de la presse alors qu'un code de la presse très décevant vient d'être adopté", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. "Si ce code de la presse était vraiment respectueux de la liberté d'expression, comme l'a prétendu le gouvernement marocain, on n'assisterait pas à de telles violations. Nous lui demandons l'annulation pure et simple du nouveau code de la presse", a-t-il ajouté. RSF rappelle que depuis le début de l'année 2002, un journaliste a été interpellé, six ont été agressés, le directeur d'un hebdomadaire est en procès pour diffamation et trois publications ont été censurées.
Selon les informations recueillies par RSF, des policiers en civil ont saisi, le 6 mai, à l'imprimerie Najah à Casablanca 8 000 exemplaires du numéro 15 de la revue trimestrielle Wijhat Nadhar. Selon Abdellatif Hosni, directeur de la publication, cette saisie a été opérée "sans justification". Le numéro contenait la traduction d'une conférence donnée par le prince Moulay Hicham (voir photo), le cousin du roi Mohamed VI, à l'IFRI (Institut français des relations internationales) à Paris, en mai 2001. Dans cette allocution, le prince, qui réside aujourd'hui aux Etats-Unis, avait notamment déclaré que la monarchie marocaine devait se "réformer".
Le 6 mai 2002, le projet de loi sur le code de la presse a été définitivement approuvé par la Chambre des députés sans modifications significatives en dépit des navettes entre les deux Chambres et des critiques exprimées par la société civile et les ONG marocaines et internationales, dont RSF.
Le 12 mars, le texte avait été adopté par les députés, puis le 11 avril par la Chambre des conseillers, avec quelques amendements de forme. En dépit de certains points positifs (allègement des sanctions pénales auxquelles s'exposent les journalistes, réduction du montant des amendes, assouplissement des procédures à la création d'un titre, justification des saisies), ce code demeure particulièrement sévère. Les peines de prison punissant la diffamation du roi, des princes et des princesses ont été maintenues. Les auteurs de ces délits sont désormais passibles de trois à cinq ans de prison contre cinq à vingt ans de prison dans l'ancien code. Par ailleurs, l'article 29 maintient le droit, pour le gouvernement, d'interdire des journaux marocains ou étrangers "si les publications concernées sont de nature à porter atteinte à l'islam, à l'institution monarchique, à l'intégrité territoriale ou à l'ordre public".