Trois journalistes palestiniens sont détenus par l'armée israélienne depuis plus d'une semaine. Ces arrestations ont été accompagnées, ces derniers jours, par de nombreux actes d'agression à l'égard des médias palestiniens et arabes.
Dans une lettre adressée au chef d'Etat major israélien, Shaul Moffaz, Reporters sans frontières (RSF) a demandé la libération des journalistes Ahmed Assi, d'ANN, chaîne arabe basée à Londres (photo ci-contre), ainsi que Ashraf Farraj et Jalal Hameid d'Ar Rouah, chaîne privée locale de Bethléem. "A notre connaissance, ces trois journalistes n'ont fait qu'exercer leur métier. Aucune explication n'a été fournie quant à ces arrestations. Nous sommes d'autant plus inquiets sur le sort d'Ahmed Assi que nous ne connaissons pas son lieu de détention", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de l'organisation. A l'issue d'une mission sur le terrain du 5 au 7 avril, Reporters sans frontières a recensé une quarantaine de cas d'entrave à la liberté de la presse (journalistes blessés, interpellés, expulsés, menacés) depuis le début de l'occupation israélienne des villes palestiniennes. RSF avait alors parlé d'une "véritable politique délibérée d'intimidation" à l'égard de la presse.
Le 2 avril 2002 au matin, Atta Iweisat, photographe travaillant pour le quotidien israélien Yediot Aharonot et l'agence Gamma , a été arrêté à Ramallah (photo ci-contre) alors qu'il se trouvait en compagnie de journalistes étrangers. Alors qu'il était agenouillé et menotté en pleine rue, il a reconnu Ahmed Assi, cameraman d'ANN, qui se tenait à quelques mètres de lui en compagnie d'autres personnes arrêtées. Son confrère se tenait dans la même position que lui sous une pluie battante. On leur a alors bandé les yeux puis on les a conduits au centre de Beitunia, près de Ramallah, où ils ont été interrogés. Atta Iweisat a été relâché vers 16 heures. Il n'a pas su ce qu'était devenu son collègue.
Le 3 avril, Ashraf Farraj et Jalal Hameid, respectivement rédacteur en chef et journaliste d'Al Rouah, chaîne locale de Bethléem, ont été arrêtés par l'armée israélienne au centre de presse de Bethléem avec plusieurs autres journalistes. Selon Hamdi Farraj, directeur de la télévision, les soldats israéliens ont détruit du matériel et confisqué des cassettes vidéo et des téléphones portables. Les autres journalistes ont été libérés peu après, mais Ashraf Farraj et Jalal Hameid ont été transférés au centre de Beitunia où des centaines de Palestiniens seraient détenus.
Depuis le début de l'offensive israélienne contre les villes sous contrôle de l'Autorité palestinienne, l'armée israélienne a procédé à plusieurs interpellations de journalistes palestiniens. Certains ont été humiliés. D'autres ont été menacés ou se sont vu confisquer leur matériel. Des soldats israéliens ont également occupé les bureaux de plusieurs chaînes de télévision locales et arabes. Ainsi, le 8 avril, quatre soldats israéliens ont pénétré, en cassant la porte, dans les locaux d'Abu Dhabi TV et de Nile TV, à Ramallah. Selon Asef Hmaidi, le correspondant d'Abu Dhabi TV à Ramallah, les soldats ont ordonné aux journalistes de s'allonger sur le sol. "Ils ont tout cassé, les bureaux, les portes, les chaises, ils ont tout contrôlé et nous ont pris les téléphones portables", a-t-il ajouté.