RSF dévoile la sélection 2024 de son prix pour la liberté de la presse décerné à Washington en décembre

La 32e édition du prix Reporters sans frontières (RSF) pour la liberté de la presse se tiendra le 3 décembre 2024 à Washington DC, avec pour maître de cérémonie la journaliste Lulu Garcia-Navarro. Vingt-cinq journalistes, groupe de journalistes, photographes et médias du monde entier seront mis à l’honneur dans les quatre catégories traditionnelles : prix du courage, de l’impact, de l’indépendance et, depuis 2023, de la photo - Lucas Dolega - SAIF, ainsi que dans une nouvelle catégorie, celle du prix du journalisme d’investigation africain - Mohamed Maïga.

Le 3 décembre prochain, la cérémonie de remise des prix RSF pour la liberté de la presse sera conduite par la journaliste Lulu Garcia-Navarro, coanimatrice de l'émission “The Interview” du New York Times Magazine et collaboratrice de CNN. Elle se tiendra à Washington DC au National Museum of Women in the Arts. Elle se déroulera en présence, notamment, de Michel Martin, journaliste lauréat d'un Emmy Awards, animateur de l'émission “Morning Edition” sur NPR et collaborateur de l'émission “Amanpour & Company” sur PBS, et de Aïssa Maïga, actrice et réalisatrice française de renom, fille du courageux journaliste malien Mohamed Maïga, disparu il y a 40 ans.

Sont en lice, cette année, 18 journalistes et groupe de journalistes, deux médias et cinq photojournalistes de 22 pays. Ils sont mis à l’honneur pour leur importante contribution à la défense et à la promotion de la liberté de la presse dans le monde. 

Ils concourent dans cinq catégories. Une nouvelle catégorie vient en effet s’ajouter aux traditionnels prix du courage, de l’impact, de l’indépendance et, depuis 2023, de la photo Lucas Dolega - SAIF : le prix du journalisme d’investigation africain - Mohamed Maïga. Ce prix vise à honorer la mémoire du journaliste d’investigation malien Mohamed Maïga et à perpétuer le combat humaniste qu'il a mené avec sa plume en faveur de la justice sociale en Afrique, jusqu’à sa mort survenue dans des conditions troubles en 1984. Il sera décerné par l’association Mohamed Maïga avec RSF et récompensera le travail exemplaire d’un journaliste d’investigation africain travaillant sur des thèmes chers à Mohamed Maïga sur les droits humains, l’environnement, ou encore l’éducation et le droit à l’information.

 

Prix du courage :

Waël al-Dahdouh (Palestine)

Chef du bureau de la chaîne Al Jazeera à Gaza, Waël al-Dahdouh est un journaliste palestinien expérimenté. Figure de la résilience et du combat pour l’information, il n’a eu de cesse de continuer d’informer, malgré la perte de sa femme, de son petit-fils et de trois ses enfants, dontl’un était également journaliste pour Al Jazeera, tous tués par des frappes israéliennes dans la bande de Gaza, alors qu’ils avaient trouvé refuge dans le camp de Nuseirat. Blessé par une frappe de drone israélien en décembre, qui a tué son caméraman Samer Abu DaqqaWaël al-Dahdouh a rejoint le Qatar le 16 janvier pour recevoir des soins médicaux.

 

Carmen Joukhadar (Liban)

Correspondante de la chaîne Al Jazeera au Liban et journaliste de renom, Carmen Joukhadar faisait partie des journalistes visés par une frappe israélienne qui a tué le journaliste de Reuters Issam Abdallah le 13 octobre 2023. Malgré ses blessures et le danger, Carmen Joukhadar a été l'une des premières à retourner dans le sud après l'attaque, et continue d'être l'une des rares journalistes à couvrir la guerre à la frontière entre le Liban et Israël. Elle défend avec force la nécessité de protéger les journalistes, en particulier les reporters de guerre.

 

“Program Think” - Ruan Xiaohuan (Chine)

Ruan Xiaohuan, alias “Program Think”, a révélé les actes répréhensibles, telle la corruption, de dirigeants du Parti communiste chinois sur son blog, lancé en 2009 pour donner des conseils en cybersécurité et contourner la censure de la “grande muraille numérique”. Il a ensuite traduit des articles de presse étrangers et publié des contenus politiques et d'investigation. Malgré la forte répression du Parti communiste chinois contre les voix indépendantes, il réussit à brouiller les pistes numériques, jusqu'à sa disparition forcée en mai 2021. Conscient du danger, il avait dissimulé ses activités à ses proches. En février 2023, il a été condamné à sept ans de prison pour “incitation à la subversion du pouvoir de l'État”. Selon sa femme, son état de santé s'est considérablement dégradé en détention.

Les journalistes d’Iran International, de BBC Persian et des autres médias iraniens en exil (Iran)

Depuis septembre 2022, les journalistes iraniens en exil subissent des pressions et des attaques sans précédent. Iran International et BBC Persian ont été qualifiés d'ennemis et menacés publiquement par le régime iranien, qui cherche à contrôler la circulation de l’information. Leurs journalistes ont également reçu des menaces de mort. En mars, le journaliste d'Iran International Pouria Zeraati a été poignardé devant son domicile à Londres. En plus du niveau alarmant des attaques en ligne qui les visent – menaces de viol et de mort, piratages ou encore campagnes de diffamation –, leurs familles en Iran sont fréquemment prises pour cible par les autorités, notamment avec des poursuites judiciaires.

 

Gustavo Gorriti (Pérou)

Gustavo Gorriti est l'un des journalistes les plus célèbres d'Amérique latine. Son travail a permis d’ouvrir des enquêtes criminelles et de renverser des présidents. Le fondateur du site d’information IDL-Reporteros, est régulièrement attaqué par des campagnes de diffamation et de désinformation et sa rédaction est souvent attaquée. Il est aussi intimidé par des procédures judiciaires où, malgré les pressions, il se bat pour ne pas révéler ses sources. Au cours de son illustre carrière, Gustavo Gorriti, âgé de 76 ans, a été menacé de mort par des trafiquants de drogue et a été enlevé par des agents du renseignement militaire dans les années 1990. 

 

Prix de l'impact :

Motaz Azaiza (Palestine)

Figure d’une nouvelle génération de journalistes palestiniens très présente sur les réseaux sociaux, Motaz Azaiza a permis à près de 18 millions de personnes de suivre le quotidien de la guerre à Gaza à travers son compte Instagram. Photographe freelance et traducteur avant le 7 octobre, il fait partie des jeunes Palestiniens connectés que la guerre a transformé en journalistes documentant le conflit, comme ses consœurs Plestia Alaqad et Bisan Owda. Menacé de mort, le photojournaliste de 24 ans, qui a perdu quinze de ses proches dans une frappe aérienne mi-octobre, a rejoint le Qatar le 23 janvier, après avoir couvert pendant 108 jours la barbarie de l’offensive israélienne sur Gaza. 

 

Floriane Irangabiye (Burundi)

Arrêtée en août 2022 par le Service national de renseignement (SNR), un organe dépendant directement de la présidence de la République, la journaliste de la radio Igicaniro Floriane Irangabiye a vu son recours être rejeté en février par la Cour suprême et sa peine de dix ans de prison confirmée. Elle avait initialement été reconnue coupable “d’atteinte à la sûreté intérieure du territoire national” le 3 janvier 2023, avec des motifs d’accusation flous et sans fondement, liés à ses émissions critiques contre les autorités burundaises, qu’elle menait depuis le Rwanda, pour maintenir les sujets “tabous” dans le débat public. Après près de deux ans d'emprisonnement, Floriane Irangabiye a été graciée par le président burundais le 14 août dernier. 

 

Huy Duc (Vietnam)

Avant son arrestation en juin 2024, Huy Duc était l’un des journalistes indépendants les plus influents au Vietnam. Grâce à ses articles politiques publiés sur des blogs et ses réseaux sociaux, dont Facebook, où il compte plus de 350 000 abonnés, il a permis au public vietnamien d'avoir accès à des informations censurées par le régime de Hanoï. Dans les jours qui ont précédé sa détention et sa mise en examen pour avoir “abusé des libertés démocratiques”, il a publié sur Facebook plusieurs articles sur les troubles politiques que connaît actuellement le Vietnam. Né en 1962, le journaliste a dénoncé les abus de pouvoir de nombreux fonctionnaires, avant d'être licencié en 2009 pour son ton critique. Il s'est ensuite spécialisé dans la publication d'articles sur la politique vietnamienne sur Internet et a retracé l’histoire politique récente du pays dans son livre The Winning Side, publié en 2012.

 

Nataliya Gumenyuk (Urkaine)

Nataliya Gumenyuk est une journaliste ukrainienne de renom, directrice du Public Interest Journalism Lab (PIJL) et cofondatrice de The Reckoning Project : Ukraine Testifies, une ONG qui documente les crimes de guerre et forme les journalistes à enregistrer, collecter et conserver les déclarations des témoins de manière à préserver leur intégrité en vue d'une utilisation devant un tribunal. Le Reckoning Project a mené l'une des premières enquêtes sur les déportations d'enfants ukrainiens par la Russie. À la suite de ces enquêtes, la Cour pénale internationale (CPI) a émis des mandats d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine et la commissaire aux droits de l'enfant, Maria Lvova-Belova, en mars 2023.

 

Sota.Vision (Russie)

Sota.Vision est l’un des derniers médias indépendants, dont les jeunes journalistes présents en Russie continuent de couvrir, notamment en vidéo, les manifestations, les procès et la répression. Leurs chaînes YouTube et Telegram sont devenues une source essentielle d’information pour de nombreux médias et organisations en exil. Leurs correspondants sont harcelés et deux d’entre eux, Antonina Kravtsova (a.k.a Favorskaïa) et Artiom Krieger, se trouvent actuellement en détention en raison de leur couverture des procès contre l’opposant Alexeï Navalny avant sa mort en prison le 16 février 2024. En mai 2024, deux journalistes de Sota.Vision ont également été condamnés à une amende pour violation de la loi sur les agents étrangers.

 

Prix de l'indépendance :

Stanis Bujakera Tshiamala (République Démocratique du Congo)

Arrêté en septembre 2023, le correspondant de Jeune Afrique en République Démocratique du Congo Stanis Bujakera Tshiamala a été accusé d’avoir “fabriqué et diffusé” un “faux document” des services de renseignement. Après six mois de détention arbitraire, sept demandes de remises en liberté rejetées et une condamnation douteuse pour le pousser à dévoiler sa source, il est libéré le 19 mars. Toujours sous protection policière, il reçoit régulièrement des pressions. Au lendemain de sa libération, Stanis Bujakera Tshiamala assurait vouloir poursuivre son combat pour “un journalisme indépendant qui n’a peur de rien” et invitait les journalistes congolais à “ne céder à aucune pression”.

 

Hong Kong Free Press (HKFP) (Hong-Kong)

Hong Kong Free Press (HKFP) est un média en ligne anglophone à but non lucratif, indépendant, fondé en 2015 par des journalistes préoccupés par le déclin de la liberté de la presse. Malgré la promulgation de la loi sur la sécurité nationale et la fermeture de nombreux médias, HKFP est l'une des rares voix à couvrir courageusement de nombreux sujets considérés comme tabous par Pékin, notamment les droits de l'homme, la politique et les procès de personnalités politiques. Exigeants en termes d'éthique, d'indépendance et de qualité éditoriale, les journalistes de HKFP sont harcelés par les autorités : certains ont été suivis et interdits d'accès à certains événements officiels, tandis que l'accès au site depuis la Chine continentale a été bloqué depuis 2015.

 

Ravish Kumar (Inde)

Ravish Kumar est le symbole de la résistance des médias indiens, véritable héros du journalisme dans le pays. Grâce à ses récits incisifs et percutants et à sa volonté de dévoiler la vérité, il a éclairé des questions cruciales et donné une voix publique à ceux qui n'en ont pas, influençant ainsi de manière significative l'opinion publique et la politique. Après son éviction brutale de NDTV, chaîne reprise par un businessman proche du Premier ministre Narendra Modi, et les campagnes de haine abjectes dont il a fait l’objet, Ravish Kumar a poursuivi malgré tout sa mission d’informer sur une chaîne YouTube (11 millions d'abonnés). Il s'est fermement opposé à la répression du gouvernement en défendant l'espace journalistique du pays. 

 

Alsu Kurmasheva (Russie - États Unis)

Alsu Kurmasheva a été détenue entre octobre 2023 et août dernier, pour la première affaire pénale en Russie pour défaut d'enregistrement comme “agent de l'étranger", ainsi que pour “discrédit de l’armée” après sa participation à la publication d’un livre intitulé Non à la guerre. 40 histoires de Russes opposés à l'invasion de l'Ukraine. Celui-ci brise le tabou de l’invasion russe de l’Ukraine et compile des témoignages d'habitants de la Volga. Il a été publié par son employeur, le service tatare-bachkir de Radio Free Europe/Radio Liberty. Elle a été libérée avec son confrère Evan Gershkovich dans le cadre d’un échange de prisonniers le 1er août. 

 

Anora Sarkorova (Tadjikistan)

Anora Sarkorova est une journaliste spécialisée sur les violations des droits humains. Depuis son lieu d’exil, elle a notamment couvert la répression et le massacre des Pamiris au Haut-Badakhshan en mai 2022 et la violation des droits des ressortissants tadjiks en Russie après l’attentat terroriste de mars 2024 au Crocus City Hall de Moscou. Harcelée malgré son exil en Europe, l’ancienne journaliste du service russe de la BBC est poursuivie dans une affaire pénale ouverte au Tadjikistan pour extrémisme et se trouve sur la liste des journalistes recherchés par le ministère des Affaires intérieures russe.

 

Prix du journalisme d’investigation africain - Mohamed Maïga

David Dembélé (Mali)

Journaliste d’investigation et président du Conseil d’administration de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest, David Dembélé a travaillé dans plusieurs médias maliens dont Journal du Mali et 26 Mars, et a contribué au Monde Afrique. Il a mené plusieurs enquêtes dans son pays et en collaboration avec des groupes de journalistes d’Afrique de l’Ouest. Membre du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ), il a notamment contribué aux enquêtes Fatal Extraction ProjectPanama PapersSwissleaksWest Africa leaks, Pandora Papers. Également datajournaliste, il est membre fondateur du Réseau malien des journalistes d'investigation (RMJI) et a participé à travers le monde à plusieurs rencontres et formations dans le domaine du journalisme d’investigation. Sa dernière enquête, publiée sous pseudonyme, lui a valu des menaces de mort. 

 

Mariam Ouédraogo (Burkina Faso)

Journaliste au quotidien public Sidwaya, elle enquête sur les violences sexuelles liées au terrorisme. Reconnue internationalement pour son travail, elle est lauréate du prestigieux prix Bayeux des correspondants de guerre en octobre 2022. Sensible aux souffrances des personnes vulnérables, en particulier celles affectées par la crise sécuritaire, elle aborde la plupart du temps des thématiques liées à la situation des femmes, des personnes vulnérables et des enfants.

 

Stephen Nartey (Ghana)

Sous le nom de plume Kwetey Nartey, ce journaliste d’investigation ghanéen a infiltré les rangs des rebelles, dénoncé un syndicat de trafic d’êtres humains et des affaires de corruption qui ont conduit à la démission de hauts fonctionnaires du gouvernement. Au cours de sa dizaine d’années de pratique journalistique, il a également enquêté sur l’injustice et les abus de pouvoir dans la société ghanéenne, la corruption dans les hautes sphères et les abus de pouvoir.

 

Noël Konan (Côte d'Ivoire)

Directeur de publication du média d'investigation www.letau.net, le journaliste Noël Konan est membre du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et de la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest. Il a participé, avec le ICIJ, à plusieurs enquêtes dont celles sur les Pandora Papers et les West Africa Leaks. Il est souvent menacé par des autorités, et a été abusivement placé en garde à vue pendant 24 heures en juillet 2022. En mars 2024, dans le cadre d'une enquête il a encore été l'objet d'intimidations et de menaces par un agent d'une unité de lutte contre le grand banditisme qui serait impliqué dans une affaire d'extorsion de fonds à des opérateurs économiques, de fraude sur la nationalité et de fraude sur le passeport.

 

Bakare Majeed (Nigeria)

Journaliste chevronné du Premium Times, Bakare Majeed est connu pour ses investigations, notamment sur des affaires de corruption majeures à l’Assemblée nationale. L’une d’entre elles visant une commission de la Chambre des représentants, en 2023, a conduit à la suspension des activités de celle-ci et à l’ouverture d’une enquête par la principale agence anti-corruption du Nigéria, l’ICPC, sur toutes les parties impliquées dans le scandale. Au cours des sept dernières années, Bakare Majeed a produit des enquêtes, des analyses approfondies et des reportages qui ont considérablement impacté le discours public sur l’économie, les politiques et la gouvernance au Nigéria. 

 

Prix Photo “Lucas Dolega-SAIF” :

Laurence Geai (France) - Les enfants perdus du Califat

Fin mars 2019, la chute du “Califat”, proclamé cinq ans plus tôt par l’État islamique en Syrie et en Irak, conduit des milliers de partisans de Daech à se rendre. Les hommes survivants sont alors entassés dans des prisons, les femmes et leurs enfants sont regroupés dans des camps en Syrie, Al-Hol et Roj, gérés par les Kurdes. Rien que pour Al-Hol, situé dans l’Est syrien, les ONG recensent 48 000 détenus, dont la moitié a moins de douze ans. Quelque 120 enfants français sont toujours détenus dans le camp de Roj. C’est ce que documente Laurence Geai, photojournaliste française depuis 2014, dans la série Les enfants perdus du Califat. 

 

Diego Ibarra Sanchez (Espagne) - The Hidden War

Depuis le début de la guerre à Gaza en octobre 2023, les tensions dans le sud du Liban ont atteint leur point le plus critique depuis le conflit de 2006. Les hostilités continues entre Israël et le Hezbollah ont conduit à un dangereux échange de tirs transfrontaliers, affectant de nombreuses communautés le long de la frontière libanaise. C’est le sujet de la série The Hidden War de Diego Ibarra Sánchez, photographe documentaire et réalisateur de renom basé au Liban. Son travail se concentre principalement sur la narration visuelle approfondie. Il est connu pour sa position critique sur l'utilisation des images dans la société contemporaine. Pour lui, la photographie ne doit pas se contenter d'offrir une fenêtre sur les événements du monde ; elle doit susciter des questions et des réflexions.

 

Antoni Lallican (France) - Un été dans le Donbass

Après l'échec de la contre-offensive ukrainienne de 2023, les troupes du Kremlin ont repris l’avantage à l’est du pays, dans le Donbass. Précédant leurs soldats, les bombes russes s'abattent partout dans la région, sur les centres villes comme dans les champs. Depuis la chute, en février dernier, de la ville d’Avdivka, qui faisait office de forteresse à l'armée ukrainienne, les Russes avancent vers une route traversant la région d'ouest en est. Antoni Lallican raconte cela dans Un été dans le Donbass. Basé à Paris, ce  photographe travaille en France et à l'international pour la presse européenne. Passionné par la photographie documentaire, il opère un virage vers le photojournalisme en 2018 avec le mouvement français des “gilets jaunes”, orientant sa pratique autour des questions sociales.

 

Sergey Ponomarev (Russie) - West Bank

Depuis le 7 octobre, l'attention du monde entier s'est concentrée sur Gaza : des dizaines de milliers de morts, des millions de personnes déplacées, une crise humanitaire et des dizaines d'otages israéliens toujours détenus à Gaza. La Cisjordanie connaît aussi certains de ses jours les plus sombres, que retrace Sergey Ponomarev dans West Bank. Sergey Ponomarev est un photojournaliste russe qui a plus de 15 ans d'expérience dans la couverture de l'actualité, des guerres et des conflits, du sport et de la politique. Il a travaillé comme photographe pour Associated Press de 2004 à 2011. 

 

Gaël Turine (Belgique) - Les ravages de la tranq 

Au cours des trente six derniers mois, une personne est morte d'overdose toutes les cinq minutes aux États-Unis. Alors que l'épidémie d'opioïdes se poursuit, un nouveau cocktail appelé “tranq” a encore aggravé la situation : il est environ cinquante fois plus puissant et addictif que l'héroïne. Le quartier de Kensington à Philadelphie est l’épicentre de la vente et de la consommation de Tranq sur la côte Est des États-Unis. C’est pour cette raison que Gaël Turine réalise ce reportage dans Les ravages de la tranq. Ce photojournaliste, exerçant depuis 25 ans, vit à Bruxelles. Ses reportages sont publiés dans la presse internationale et il est l’auteur de plusieurs monographies.

 

Le jury de cette 32e édition est composé d’éminents journalistes, de défenseurs de la liberté d’expression et de photojournalistes du monde entier : Rana Ayyub, journaliste indienne et chroniqueuse d'opinion au Washington Post ; Raphaëlle Bacqué, grand reporter française au journal Le Monde ; Mazen Darwish, avocat syrien et président du Centre syrien pour les médias et la liberté d'expression ; Zaina Erhaim, journaliste syrienne et consultante en communication ; Erick Kabendera, journaliste d'investigation tanzanien ; Hamid Mir, rédacteur en chef, chroniqueur et écrivain ; Frederik Obermaier, journaliste d'investigation allemand pour DER SPIEGEL et ZDF ; Mikhail Zygar,  journaliste et rédacteur en chef fondateur de la seule chaîne de télévision indépendante russe, Dozhd ; Patrick Chauvel, reporter de guerre renommé ; Karine Pierre, lauréate de l’édition 2023 du prix Photo Lucas Dolega - SAIF. Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique de RSF, a rejoint le jury afin de présenter et soutenir la nouvelle catégorie du journalisme d’investigation africain - Mohamed Maïga. Les travaux du jury ont été dirigés par le président de RSF, le journaliste et chroniqueur français Pierre Haski.

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