RSF dépose une deuxième plainte devant la Cour pénale internationale pour des crimes de guerre commis contre les journalistes à Gaza depuis le 7 octobre

Reporters sans frontières (RSF) dépose plainte pour crimes de guerre à propos de la mort de sept journalistes palestiniens, tués à Gaza entre le 22 octobre et le 15 décembre. RSF appelle plus largement le procureur à enquêter sur l’ensemble des journalistes palestiniens tués par l’armée israélienne depuis le 7 octobre, au moins 66 à ce jour. 

 

Face à la tragédie en cours à Gaza, RSF a déposé une nouvelle plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) ce 22 décembre 2023 pour crimes de guerre commis par l’armée israélienne contre sept reporters palestiniens. RSF a des motifs raisonnables de croire que les journalistes concernés par cette plainte ont été victimes d’attaques relevant de crimes de guerre. Selon des éléments recueillis par RSF, ces journalistes ont pu être ciblés délibérément en tant que journalistes. C’est pourquoi RSF invoque la qualification d’homicide intentionnel de civils.

Les journalistes tués évoqués dans la plainte sont Asem Al-Barsh, journaliste de la radio Al Najah tué par un tir de sniper ; Bilal Jadallah de la Maison de la presse palestinienne, victime d’un tir de missile direct sur sa voiture alors qu’il quittait son lieu de travail ; Montaser Al-Sawaf, dont la maison a été ciblée deux fois par des tirs de missiles ; Rushdi Al Siraj, victime d’un tir direct sur son domicile ; Hassouna Salim de l’agence de presse Quds News, tué par un missile après avoir reçu des menaces de mort ; Sari Mansour, photojournaliste pour Quds News, mort dans la même attaque ; Samer Abu Daqqa, correspondant d’Al-Jazeera qui semble avoir été tué par tir de précision par drone, attaque lors de laquelle le chef de bureau d’Al Jazeera Wael Dahdouh a été blessé. 

Au regard du droit international, les journalistes relèvent de la population civile et bénéficient des mêmes protections au-delà de protections spécifiques découlant de la résolution 2222 du Conseil de sécurité des Nations Unies. Tous les journalistes mentionnés dans cette plainte ont en tout état de cause été victimes d’attaques contre la population civile alors qu’ils ne participaient pas aux hostilités. Il reviendra au procureur de la CPI de qualifier ces crimes et de retenir éventuellement au terme de son enquête, d’autres qualifications applicables.



Après le 7 octobre, RSF a déposé une première plainte pour crimes de guerre auprès du bureau du procureur de la CPI le 31 octobre à propos de la mort de sept journalistes. Dans ces deux plaintes, RSF appelle le procureur à enquêter sur l’ensemble des journalistes palestiniens tués depuis le début du conflit - au moins 66 à ce jour selon nos informations.

“Constatant l’hécatombe de journalistes à Gaza, et le ciblage dont ils semblent être victimes, RSF appelle le procureur de la CPI, Karim Khan, à dire clairement qu’il fait une priorité de l’élucidation des crimes commis contre les journalistes à Gaza et de la poursuite de leurs auteurs. 

Christophe Deloire,
Secrétaire général de RSF

Cette plainte est la quatrième de RSF auprès du procureur de la CPI concernant des crimes de guerre commis sur des journalistes palestiniens depuis 2018 en Palestine. Outre la plainte déposée le 31 octobre 2023, une première plainte a été déposée en mai 2018 pour les journalistes tués ou blessés dans le cadre de la “Grande marche du retour” à Gaza. Une deuxième plainte a été déposée en mai 2021 à la suite des bombardements d’une vingtaine de médias dans la bande de Gaza par les forces israéliennes. RSF a par ailleurs accompagné la plainte déposée par Al Jazeera concernant l’assassinat de la journaliste palestinienne Shirin Abu Akleh en Cisjordanie le 11 mai 2022.

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