RSF condamne l’étouffement économique du principal journal d’opposition
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Reporters sans frontières dénonce l’acharnement de la justice azerbaïdjanaise pour tenter d’étouffer économiquement le principal journal d'opposition du pays, Azadlig (voir notre précédent communiqué à ce sujet).
“Les amendes disproportionnées prononcées à l’encontre d’Azadlig revêtent un caractère politique évident et menacent plus que jamais la survie du journal. Elles contredisent directement les traités internationaux ratifiés par l’Azerbaïdjan et la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, dont le pays est partie. Dans un paysage médiatique déjà très largement contrôlé par le pouvoir, la disparition d’Azadlig serait lourde de conséquences. La communauté internationale doit clairement signifier aux autorités de Bakou que la répression s’abattant sur les voix critiques à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2013 est intolérable”, a déclaré l’organisation.
Le 19 février 2013, un tribunal de Bakou (capitale) a confirmé en appel la condamnation du quotidien Azadlig (« Liberté » en français) à 32 000 AZN (environ autant d’euros) de dommages et intérêts au profit de la propriétaire d’un centre commercial. Quatre jours auparavant, la Cour suprême avait confirmé une condamnation similaire de 30 000 AZN, prononcée contre le journal à la demande du chef de l’autorité du métro de la capitale. Plus aucun recours n’est possible dans ce dossier. La situation financière d’Azadlig est d’autant plus critique que le réseau de distribution GASID a accumulé des arriérés de paiment.
La diffamation est toujours pénalisée en Azerbaïdjan, et des amendes astronomiques sont également souvent prononcées au civil. Azadlig fait l’objet de multiples poursuites judiciaires, et la version en ligne du journal est régulièrement la cible de cyber-attaques. Ses comptes bancaires avaient été temporairement bloqués en novembre dernier. Son rédacteur en chef, Ganimat Zahid, a été incarcéré pendant deux ans dans une affaire montée de toutes pièces. Au moins quatre journalistes sont toujours emprisonnés, dans des conditions déplorables, du fait de leurs activités professionnelles.
L’Azerbaïdjan est situé à la 156e place sur 179 dans le classement mondial 2013 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières. Renforcement des sanctions en cas de manifestation illégale, contrôle accru sur Internet : la pression sur la société civile n’a de cesse de se renforcer à l’approche de l’élection présidentielle prévue en octobre.
Lire l’interview du rédacteur en chef d’Azadlig pour RSF (novembre 2012)
Lire le dernier communiqué du Groupe international de partenariat pour l’Azerbaïdjan
Pour plus d’information sur l’état de la liberté de l’information en Azerbaïdjan, suivre sur Twitter @AZfreeXpression et @XpressionOnline.
(Photo : Stringer/AFP)
Publié le
Updated on
20.01.2016