RSF appelle le régime iranien à cesser de cibler les journalistes à l’étranger
Alors qu’Iran International TV a fermé ses bureaux à Londres et émet désormais de Washington à la suite des menaces visant ses employés, Reporters sans frontières (RSF) dénonce le ciblage systématique de journalistes iraniens à l’étranger et appelle Téhéran à cesser immédiatement les pressions exercées sur les médias indépendants.
Malgré une protection policière armée, la chaîne en persan Iran International TV a été contrainte de fermer ses bureaux de l’ouest de Londres en raison de sérieuses menaces contre ses journalistes. La police métropolitaine de Londres a conseillé à la chaîne de se relocaliser à la suite de l’arrestation, le 13 février dernier, d’un individu de nationalité autrichienne accusé d’avoir recueilli des informations susceptibles de servir à une personne commettant ou préparant un acte de terrorisme.
“Nous condamnons les menaces envers Iran International TV qui l’ont contrainte à fermer ses bureaux londoniens par mesure de sécurité. Aucun journaliste ne devrait être confronté à de tels risques en raison de son travail, que ce soit en Iran, au Royaume-Uni ou n’importe où dans le monde. Nous appelons les autorités iraniennes à cesser immédiatement ses tentatives de museler le journalisme indépendant et exhortons le gouvernement britannique à faire tout son possible pour que les journalistes puissent faire leur travail en toute sécurité.
Ces menaces témoignent de l’escalade inquiétante des tentatives d’intimidation du régime iranien envers les médias et les journalistes basés à l’étranger. En octobre 2022, RSF avait condamné les sanctions prises par Téhéran contre plusieurs médias internationaux opérant au Royaume-Uni, dont Iran International TV et BBC Persian. Des journalistes iraniens travaillant en Turquie, notamment pour Iran International TV, ont également rapporté avoir fait l’objet de menaces.
Iran International TV a déclaré que la décision de fermer son bureau de Londres faisait suite à des mois de menaces de la part du gouvernement iranien et de ses représentants. La chaîne a annoncé qu’elle continuerait à diffuser ses programmes depuis Washington, sans interruption.
“Soyons clairs : il ne s’agit pas seulement d’une menace pour notre chaîne, mais pour le public britannique dans son ensemble, a souligné le directeur général d’Iran International TV, Mahmood Enayat. Jour et nuit, nos journalistes s’efforcent d’apporter aux 85 millions de ressortissants iraniens vivant à l’intérieur et hors du pays l’information indépendante et non censurée qu’ils méritent. Nous refusons d’être réduits au silence par ces lâches menaces. Nous continuerons d’émettre. Nous ne nous laisserons pas faire.”
Le gouvernement britannique a condamné les actions du régime iranien. Le ministre de la Sécurité Tom Tudendhat a déclaré sur Twitter que les menaces envers les journalistes sont “plus que méprisables” et que le Royaume-Uni continuerait d’apporter “tout son soutien pour qu’ils puissent poursuivre leur activité en toute sécurité dans le pays”.
Si RSF salue ces déclarations, l’organisation exhorte le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour aider ces journalistes.
L’Iran et le Royaume-Uni occupent respectivement la 178e et la 24e place au Classement mondial pour la liberté de la presse établi par RSF en 2022.