RSF appelle la mission de sécurité internationale menée par le Kenya en Haïti à faire de la protection des journalistes une priorité
Les premiers officiers des forces de sécurité kényanes arrivent cette semaine en Haïti, en proie à une dégradation sécuritaire d’ampleur. Reporters sans Frontières (RSF) appelle la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MSS) à ériger la protection du journalisme et la sécurité des reporters en priorités de leurs actions.
Protéger les civils, c’est aussi protéger les journalistes et leur travail essentiel d’information dans un contexte de déstabilisation politique. Quelques semaines après l’appel de près d’une centaine de journalistes haïtiens et de RSF pour que la sécurité des professionnels de l’information soit centrale dans les discussions de sortie de crise menée à l’échelle internationale, une Mission multinationale de soutien à la sécurité arrive en Haïti.
Les journalistes basés à Port-au-Prince, la capitale, contrôlée à 80% par des gangs armés, vivent sous la menace constante en tentant d’informer le monde sur la situation à Haïti. Des centaines de journalistes sont régulièrement victimes de menaces, d’attaques et d'enlèvements, selon les informations recueillies par RSF. Au moins 6 d’entre eux ont été tués depuis 2022 en lien avec leur activité professionnelle. Il y a quelques jours, face à l’ampleur des difficultés d’exercice du métier, l’un des médias les plus importants d’Haïti, le Nouvelliste a annoncé sa décision contrainte de cesser sa parution en version papier.
"Au moment où la mission internationale autorisée par le Conseil de sécurité des Nations unies pour contenir la crise sécuritaire s'apprête à être déployée à Haïti, le niveau d’alerte est maximal pour les journalistes haïtiens, pratiquant un métier à haut risque sécuritaire. Dans les prochaines semaines, leur travail sera plus que jamais essentiel pour informer des progrès de cette mission. Il est impératif que les agents qui la composent respectent les professionnels des médias, les protègent dans l’exercice de leurs fonctions et garantissent le droit à l’information en Haïti.
Les objectifs de cette mission de sécurité dirigée par le Kenya sont de rétablir les conditions de sécurité sur le territoire en fournissant un soutien opérationnel à la police nationale haïtienne. Les autorités kényanes ont annoncé le déploiement de 1000 officiers sur l'île d’ici la fin du mois de mai.
Le mois dernier, en avril 2024, RSF a lancé un appel à la communauté internationale et au conseil présidentiel de transition, signé par plus de 90 journalistes haïtiens, pour la protection du journalisme dans le pays.