RSF appelle l'Égypte à libérer immédiatement le blogueur britannico-égyptien Alaa Abdel Fattah

Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités égyptiennes à libérer immédiatement et sans condition le blogueur britannico-égyptien Alaa Abdel Fattah. Le 29 septembre, il aura passé cinq ans en détention arbitraire, soit la durée totale de sa peine, pour une accusation montée de toutes pièces de “diffusion de fausses nouvelles”.

Alaa Abdel Fattah, importante voix des manifestations qui ont renversé l'ancien président Hosni Moubarak, a été condamné à une peine de cinq ans en décembre 2021, mais il avait déjà passé plus de deux ans en prison dans l'attente de son procès. Selon les normes juridiques internationales, sa détention provisoire devrait être déduite de sa peine et il devrait être libéré ce week-end, mais rien n'indique que cela se produira. Ses avocats craignent en effet que les autorités ne tentent de le maintenir en prison jusqu'en janvier 2027, soit cinq ans après le prononcé de sa condamnation.

Alaa Abdel Fattah doit être immédiatement libéré et se voir garantir un passage sûr vers le Royaume-Uni, où il pourra retrouver son fils. Il a subi un procès manifestement injuste ainsi qu’un emprisonnement arbitraire et il a maintenant purgé sa peine : chaque jour supplémentaire qu'il passera en prison témoignera du mépris total de l'Égypte pour l'état de droit, et de l'incapacité du gouvernement britannique à défendre et à protéger son citoyen en dépit de la violation flagrante de ses droits fondamentaux. Si l'Égypte prolonge sa détention au-delà du 29 septembre, le Royaume-Uni doit utiliser tous les moyens diplomatiques disponibles pour obtenir sa libération et le réunir avec sa famille.

Fiona O'Brien
directrice du bureau Royaume-Uni de RSF

Alaa Abdel Fattah, dont le fils et les sœurs vivent au Royaume-Uni, a passé la majeure partie de la dernière décennie en prison, persécuté et détenu à plusieurs reprises en raison de ses écrits et de son activisme politique. Son cas a brièvement fait les gros titres pendant la COP27, lorsqu'il a entamé une grève de la faim dévastatrice, mais pendant la majeure partie de sa détention, sa famille a lutté pour attirer l'attention de la communauté internationale. Malgré sa citoyenneté britannique, les diplomates britanniques n'ont pas pu lui rendre visite en prison.

Royaume-Uni : besoin d’actes et non de paroles

Avant que son parti n'arrive au pouvoir en juillet, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, avait ouvertement soutenu Alaa Abdel Fattah, le qualifiant de voix courageuse de la démocratie et de prisonnier d'opinion, décrivant son cas comme extrêmement urgent et déclarant qu'il était scandaleux que le Royaume-Uni n'ait pas obtenu d'accès consulaire. Pourtant, au cours de ses 83 premiers jours en tant que ministre des Affaires étrangères, M. Lammy n'a pas rencontré la famille d'Alaa Abdel Fattah et n'a pas demandé publiquement sa libération. 

Le nouveau gouvernement travailliste britannique a même promis dans son manifeste de renforcer le soutien aux ressortissants britanniques détenus à l'étranger et d'introduire un nouveau droit à l'assistance consulaire en cas de violation des droits de l'homme. Mais le Royaume-Uni continue d'avoir une mauvaise réputation en ce qui concerne la défense de ses citoyens détenus ou condamnés arbitrairement à l'étranger, ou tués dans le cadre de leurs activités journalistiques.

En novembre 2023, la famille d'Alaa Abdel Fattah a déposé un appel urgent auprès du groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (UNWGAD), mais n'a toujours pas reçu de réponse. RSF et 26 autres organisations de défense des droits de l'homme ont écrit à l'UNGWAD en avril pour demander une action de toute urgence.

Le cas d'Alaa Abdel Fattah est l'un des nombreux cas qui ont fait de l'Égypte l'un des pires endroits au monde les journalistes. L'Égypte est classée 170e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2024 de RSF en raison de la fréquence de la censure, des descentes de police, des arrestations, des fermetures, des simulacres de procès, des disparitions forcées et des détentions arbitraires. 

Il y a actuellement 17 journalistes emprisonnés en Égypte, dont Alaa Abdel Fattah, et au moins neuf d'entre eux sont en détention provisoire – une tactique utilisée pour prolonger l’emprisonnement des journalistes. 
 

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