RSF appelle à la libération de quatre journalistes d’Al Jazeera toujours détenus en Égypte
Alors que la justice égyptienne s'apprête à statuer sur le renouvellement de la détention d’un journaliste de la chaîne qatarie Al Jazeera, trois autres de ses confrères du même média sont encore emprisonnés dans le pays, malgré un réchauffement des relations diplomatiques entre Doha et le Caire. Reporters sans frontières appelle à leur libération immédiate.
Il a été emprisonné le 1er août dès son arrivée à l'aéroport du Caire. Le producteur d’Al Jazeera Mubasher, Rabie El-Sheikh, en provenance de Doha où se trouve le siège de la chaîne, a comparu dès le lendemain pour “diffusion de fausses nouvelles” et été placé en détention préventive pour quinze jours. La justice devrait bientôt décider du prolongement ou non de cette détention. Auparavant, la publication d’un enregistrement téléphonique avait révélé qu’il avait invité dans une de ses émissions le journaliste Abdel Nasser Salama, lui-même emprisonné le 18 juillet après avoir appelé à la démission du président Abdel Fattah Al-Sissi.
Son arrestation est intervenue alors même que les deux Etats ont rétabli leurs relations diplomatiques, rompues depuis 2017, et nommé des ambassadeurs de part et d’autre. Le 1er août dernier, pour la première fois depuis 2013, Al Jazeera a diffusé en direct depuis ses locaux du Caire, qui avaient été fermés en raison de sa couverture médiatique du coup d’État militaire qui avait renversé le président Mohamed Morsi. En juin dernier, lors de sa visite au Qatar, le ministre égyptien des Affaires étrangères Sameh Shoukry avait même répondu à un entretien pour la chaîne.
Deux autres collaborateurs d’Al Jazeera Mubasher sont détenus en Égypte pour “appartenance à un groupe terroriste” et “diffusion de fausses nouvelles” : le premier, Bahaa Ed-Din Ibrahim, emprisonné depuis février 2020, a été isolé pendant 75 jours et a subi des chocs électriques. Le deuxième, Hesham Abdel Aziz, est emprisonné depuis juin 2019 et souffre d’un glaucome qui nécessite une intervention chirurgicale. Sa libération a été approuvée par la justice en décembre de la même année mais une nouvelle enquête a été ouverte contre lui.
Selon des informations recueillies par RSF, un quatrième journaliste d’Al Jazeera, dont le nom demeure confidentiel, est derrière les barreaux depuis septembre 2020.
“RSF appelle les autorités égyptiennes à aller jusqu’au bout de la détente avec le Qatar en libérant tous les collaborateurs d’Al Jazeera, déclare la responsable du bureau Moyen-Orient, Sabrina Bennoui. La reprise d’activité du bureau de la chaîne ne saurait être considérée comme complète tant que ces journalistes continueront de payer le prix d’années de rivalités politiques entre les deux pays.”
En février 2021, le journaliste de la chaîne Mahmoud Hussein, arrêté à son arrivée à l’aéroport du Caire en décembre 2016, a enfin été libéré, après plus de quatre ans derrière les barreaux.
L’Égypte occupe la 166e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.