Reporters sans frontières et le Comité pour la protection des journalistes se sont adressées au ministre de la Justice péruvien, Fausto Alvarado Dodero, pour lui demander des informations sur le statut du journaliste Juan de Mata Jara Berrospi, condamné en 1994 à 20 ans de prison sous l'inculpation de collaboration avec des terroristes.
Reporters sans frontières et le Comité pour la protection des journalistes se sont adressées au ministre de la Justice péruvien, Fausto Alvarado Dodero, pour lui demander des informations sur le statut du journaliste Juan de Mata Jara Berrospi, condamné en 1994 à 20 ans de prison sous l'inculpation de collaboration avec des terroristes.
Paris, le 13 février 2003
Monsieur Dodero ,
Reporters sans frontières et le Comité de Protection des journalistes s'adressent à vous afin d'être informés de la situation du journaliste Juan de Mata Jara Berrospi, condamné à vingt ans de prison en 1994 sous l'inculpation de collaboration avec des terroristes.
Le 10 juillet 1993, Jara Berrospi a été arrêté dans le quartier de Comas, au nord de Lima, capitale du Pérou. Au cours de cette arrestation, la police a trouvé des cartes et des négatifs en possession du journaliste. Ces documents indiquaient l'endroit où les corps de neuf étudiants et un professeur de l'université de La Cantuta qui avaient été assassinés, étaient enterrés. La police a cru que Jara Berropsi s'apprêtait à publier les informations contenues dans ces cartes et négatifs dans El Diario, journal interdit en 1989 par le gouvernement du président Alan Garcia en raison de ses liens supposés avec le groupe terroriste du Sentier lumineux (Sendero Luminoso). Ces documents insinuaient que des paramilitaires péruviens étaient responsables des assassinats. En outre, les autorités ont précisé que Jara Berrospi s'était fréquemment rendu aux bureaux d'El Diario et pensaient que le journaliste appartenait au personnel du journal.
Selon nos informations, aucune déposition n'a été faite à l'encontre de Jara Berropsi lors de son procès. Pendant l'audience, le journaliste a nié tout lien avec le groupe terroriste. Il a également affirmé que les cartes et les négatifs avaient été placés par des inconnus dans sa cour. Par ailleurs, selon plusieurs sources, une chaîne de télévision aurait diffusé les cartes et les négatifs deux jours avant l'arrestation du journaliste.
Le 16 novembre 1994, Jara Berrospi a été condamné à vingt ans de prison par un collège anonyme de juges et incarcéré dans la prison de sécurité maximale Miguel Castro Castro à Lima. Les diverses tentatives d'appel du verdict n'ont pas abouti, pas plus que les dépôts de requêtes en révision du procès, dans le but d'obtenir une grâce présidentielle.
Avant son arrestation, Jara Berrospi travaillait depuis plusieurs années en tant que producteur pour Radio Comas et écrivait pour les quotidiens El Heraldo Huanuqueño et El Informador. Le journaliste avait collaboré à El Diario en 1987, deux ans avant que le journal ne soit officiellement interdit.
Entre le 9 et le 11 juillet 1993, dix personnes ont été arrêtées pour leurs liens avec El Diario. À l'exception de Jara Berrospi, toutes ont été graciées et libérées en 1998 et 2001. Six d'entre elles ont été libérées au bout de deux semaines d'arrestation, deux ont été remises en liberté en 1994, et deux ont été graciées-l'une en 1998 et l'autre en 2001.
En tant qu'organisations vouées de défense de la liberté de la presse dans le monde, Reporters sans frontières et le CPJ continuent à enquêter sur les circonstances entourant l'emprisonnement de Juan de Mata Jara Berrospi. Nous vous demandons instamment de bien vouloir nous faire parvenir de manière urgente toute information complémentaire dont vous pourriez disposer concernant cette affaire.
Nous vous remercions de l'attention que vous porterez à cette affaire urgente. Dans l'attente de votre réponse, nous vous prions d'agréer, monsieur Dodero, l'expression de nos considérations les meilleures.
Robert Ménard,
Secrétaire général