Le 21 janvier, deux photographes palestiniens ont été menacés de mort par des gardes-frontières israéliens à Naplouse. Le même jour, un journaliste du quotidien Haaretz était interrogé sur des révélations d'un prêt de 1,5 million de dollars accordé au Premier ministre israélien sortant, Ariel Sharon. Reporters sans frontières, qui s'alarme de ces graves dérives, lance un appel aux candidats aux élections législatives du 28 janvier pour le respect de la liberté de la presse.
Le 21 janvier, deux photographes palestiniens travaillant pour des agences de presse internationales ont été frappés et menacés de mort par des gardes-frontières israéliens à Naplouse. Le même jour, un journaliste du quotidien Haaretz était interrogé par une commission spéciale suite aux révélations d'un prêt de 1,5 million de dollars accordé au Premier ministre israélien sortant, Ariel Sharon.
Reporters sans frontières dénonce, depuis de nombreux mois, les atteintes à la liberté de la presse dans les Territoires occupés où les journalistes sont victimes de l'usage excessif et disproportionné de la force par l'armée israélienne. On ne compte plus les journalistes, palestiniens et étrangers, malmenés, insultés, pris pour cibles, harcelés.
"Alors que l'on s'attendait à ce que le procureur, Elyakim Rubinstein, enquête sur les soupçons de corruption au sein du gouvernement, il préfère visiblement exercer des pressions sur la presse. L'interrogatoire du journaliste d'Haaretz constitue une grave dérive", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
Le 24 janvier, Reporters sans frontières lancera un appel aux candidats aux élections législatives pour leur demander de prendre des engagements en matière de liberté de la presse. "Sur un conflit aussi tragique et passionnel que celui qui oppose Israéliens et Palestiniens, l'opinion publique a droit à une information fiable et équilibrée. Que ferez-vous pour protéger ceux dont le métier est de nous informer ?", dit le message, qui sera notamment publié, en hébreu et en anglais, dans le quotidien Haaretz.
Le 21 janvier, à Naplouse, les photographes Jaafar Ashtiyeh de l'Agence France-Presse et Nasser Ashtiyeh d'Associated Press, ont été frappés par des gardes-frontières israéliens alors qu'ils souhaitaient prendre en photo leur jeep roulant à toute allure et transportant deux Palestiniens agrippés à une grille de fer pour ne pas tomber. Les Israéliens sont descendus du véhicule et ont frappé à coups de poing les photographes. "Si l'on voit une photo de nous dans la presse, on vous tuera", a déclaré l'un d'eux, selon un photographe.
Le 21 janvier au soir, une commission spéciale d'enquête, nommée par le ministère de la Justice, a interrogé Baruch Kra, journaliste du quotidien Haaretz, qui avait révélé l'ouverture d'une investigation sur un prêt octroyé à M. Sharon par un homme d'affaires sud-africain. Le journaliste a refusé de révéler ses sources. Dans le même temps, Liora Glatt Berkovich, un procureur de Tel-Aviv, a avoué être à l'origine de la fuite. "Le journaliste incriminé a été interrogé non pas pour révéler quelle était la source de ses informations mais parce qu'il est soupçonné "d'obstruction à l'enquête"", a indiqué un communiqué du ministère de la Justice. Le 7 janvier, Haaretz avait révélé que Ariel Sharon et ses fils Omri et Gilad étaient soupçonnés de corruption, fraude et abus de confiance dans le cadre de l'octroi d'un prêt de 1,5 million de dollars au Premier ministre par un de ses amis, Cyril Kern, homme d'affaires sud-africain. Selon Moshe Negbi, expert juridique, cet interrogatoire d'un journaliste est un "fait sans précédent". "Les soupçons d'entrave à la justice sont totalement sans fondement", a-t-il ajouté. En 1987, la Cour suprême israélienne a déclaré que la police ne peut forcer les journalistes à révéler leurs sources sauf dans des circonstances exceptionnelles.