Dans une lettre adressée à Tomaz Salamao, secrétaire exécutif de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), Reporters sans frontières a demandé à l'organisation régionale de faire pression sur le gouvernement de Robert Mugabe afin d'obtenir, dans les plus brefs délais, la remise en liberté de Jestina Mukoko (photo). "Le procès de la journaliste et de ses coaccusés est une mascarade, les droits des prévenus sont bafoués et leur santé est mise en danger", a déclaré l'organisation de défense de la liberté de la presse.
Le 9 janvier 2009, dans une lettre adressée à Tomaz Salamao, secrétaire exécutif de la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), Reporters sans frontières a demandé à l'organisation régionale de faire pression sur le gouvernement de Robert Mugabe afin d'obtenir, dans les plus brefs délais, la remise en liberté de Jestina Mukoko. L'organisation condamne en effet le comportement des tribunaux zimbabwéens, qui ne cessent de reporter le procès de la journaliste et militante des droits de l'homme, de manière à la maintenir en détention prolongée. Jestina Mukoko a été torturée et son état de santé s'est fortement dégradé.
"Le procès de Jestina Mukoko et de ses coaccusés est une mascarade, les droits des prévenus sont bafoués et leur santé est mise en danger. Il ne fait aucun doute que les juges en charge du procès prennent leurs ordres auprès des autorités politiques du pays, dont l'acharnement contre les militants d'opposition est sans égal et menace de faire échouer l'accord de partage du pouvoir", a déclaré l'organisation.
Le 6 janvier, la magistrate Olivia Mariga a prononcé le report du procès de Jestina Mukoko, entraînant ainsi son maintien en détention provisoire, au moins jusqu'au 14 janvier, alors qu'une décision de la Haute Cour avait demandé, le 24 décembre 2008, son transfert à l'hôpital. La magistrate justifie ce report par l'attitude de la défense, engagée dans des démarches pour faire valoir la décision de la Haute Cour. Jestina Mukoko avait déjà comparu devant un tribunal d'Harare, avec plusieurs autres militants, le 24 décembre, puis une nouvelle fois le 5 janvier, avant que son procès ne soit repoussé de 24 heures.
Les militants, inculpés pour "complot terroriste visant à renverser le président Robert Mugabe", sont accusés d'avoir recruté des volontaires pour suivre un entraînement militaire au Botswana dans le but de renverser le gouvernement zimbabwéen. Ils sont détenus à la prison de haute sécurité de Chikurubi, où Jestina Mukoko est placée à l'isolement.
Selon son avocate, Beatrice Mtetwa, la journaliste est privée de ses médicaments et son état de santé est très préoccupant. Jestina Mukoko a témoigné avoir été victime de mauvais traitements et de tortures pendant sa détention. Des agents de sécurité l'auraient frappée à plusieurs reprises à coups de poing et à l'aide d'outils coupants, notamment sur la plante des pieds, avant de lui demander de s'agenouiller, nue, sur du gravier.
L'ancienne animatrice de la Zimbabwe Broadcasting Corporation (ZBC), puis de la station privée Voice of The People (VOP), avait été enlevée à son domicile de Norton (40 km à l'ouest de la capitale Harare), le 3 décembre, par quinze hommes en civil. Jestina Mukoko dirige l'organisation de défense des droits de l'homme "Zimbabwe Peace Project" (ZPP), qui a régulièrement rendu compte des violences politiques qui ont émaillé l'année 2008.
Par ailleurs, le photojournaliste indépendant Shadreck Manyere, enlevé le 13 décembre 2008, a comparu devant un tribunal d'Harare le 7 janvier. Accusé d'"actes de banditisme", de "sabotage" et de "terrorisme", il risque une peine de prison allant de 20 ans à la perpétuité. Les autorités lui reprochent son implication présumée dans les attentats à la bombe visant, le 17 novembre, le Département d'investigation criminelle à Harare et le pont sur le fleuve Manyame à Norton (40 km d'Harare), ainsi que dans l'attaque, le 20 novembre, contre le commissariat central de la capitale.
Enfin, Reporters sans frontières déplore la décision des autorités zimbabwéennes d'augmenter les tarifs des accréditations pour les médias étrangers. Les sommes prohibitives rendent presque impossible le déplacement au Zimbabwe pour les journalistes indépendants, notamment africains. Ainsi ces derniers devront désormais s'acquitter de plus de 10 000 dollars US pour être autorisés à travailler dans le pays. Cette décision cache mal le mépris des autorités envers la presse en général, et la presse internationale en particulier, ainsi que leur intention d'organiser un black-out de l'information sur la situation politique, économique et sanitaire du pays.