Reporters sans frontières demande la libération immédiate du cameraman de Reuters détenu par l'armée américaine
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Reporters sans frontières a déclaré, dans un courrier adressé à John Abizaid, chef du commandement central des troupes américaines en Irak (CENTCOM), être "atterrée par le comportement de l'armée américaine à l'égard des journalistes". L'organisation, qui demande la libération immédiate d'Ali Omar Abrahem Al-Mashadani, cameraman de Reuters à Ramadi (ouest de Bagdad), détenu arbitrairement depuis le 10 août 2005, a également condamné "le comportement des forces américaines, qui procèdent régulièrement à des arrestations de journalistes sans daigner fournir de justification. Cette situation n'est pas à l'honneur des Etats-Unis, qui n'hésitent pourtant pas à donner des leçons au reste du monde sur la liberté d'expression et la démocratie."
"Nous appelons l'armée américaine à mettre un terme à ces interpellations hâtives. Par ailleurs, certains procédés utilisés en Irak sont inadmissibles, qu'il s'agisse de passages à tabac, comme dans le cas des employés de Reuters et du cameraman de la chaîne NBC, en janvier 2004, ou encore de détentions arbitraires de journalistes, comme dans le cas des reporters de la chaîne de télévision française Canal plus, en mai 2004, et du cameraman de la chaîne américaine CBS, en avril 2005. Nous rappelons que l'arrestation d'un professionnel de l'information ne devrait être décidé qu'à titre absolument exceptionnel. Les journalistes, notamment irakiens, prennent déjà de très grands risques pour se rendre sur le terrain. Plus d'une soixantaine ont perdu la vie en deux ans dans ce pays. Il est choquant qu'ils soient également maltraités par l'armée américaine.", a déclaré Reporters sans frontières.
Par ailleurs, l'organisation s'inquiète du nombre de plus en plus élevé d'agressions, d'emprisonnements, d'enlèvements ou de détentions arbitraires de journalistes en Irak. Les chiffres n'ont cessé de croître ces derniers mois et encore ce décompte n'est pas exhaustif, car aussi bien les médias que les familles des journalistes hésitent à s'exprimer publiquement sur les exactions dont sont victimes leurs proches ou leurs collègues, de peur de représailles.
Ali Al-Mashadani est détenu depuis deux semaines déjà sans qu'aucune justification ait été avancée par l'armée américaine. Le journaliste n'a pas été autorisé à recevoir la visite de sa famille et de ses avocats. Ses proches ont affirmé que les Marines ont interpellé le cameraman après avoir vu des images enregistrées sur sa caméra, lors d'un contrôle de routine à son domicile.
Le commandement américain refuse de s'exprimer sur ce sujet.
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Updated on
20.01.2016