A l'occasion de la visite à La Havane de Jimmy Carter, du 12 au 17 mai, RSF a attiré l'attention de l'ancien président des Etats-Unis sur la situation de la liberté de la presse dans l'île, en rappelant que Cuba est le seul pays d'Amérique latine où des journalistes sont emprisonnés.
A l'occasion de la visite à Cuba de Jimmy Carter, du 12 au 17 mai 2002, Reporters sans frontières (RSF) a attiré l'attention de l'ancien président des Etats-Unis sur la situation de la liberté de la presse dans ce pays. Dans une lettre lui étant adressée, l'organisation s'est inquiétée du cas de quatre journalistes actuellement emprisonnés et a demandé au président Carter d'intervenir en faveur de la libération de Bernardo Arévalo Padrón, Carlos Alberto Domínguez, Carlo Brizuela Yera et Lester Téllez Castro, au cours de ses entretiens avec les autorités cubaines. "Cuba est le seul pays d'Amérique latine où des journalistes sont emprisonnés", a souligné Robert Ménard, secrétaire général de RSF.
RSF a également sollicité son intervention en faveur de la fin du monopole d'Etat sur l'information et de la légalisation des agences de presse indépendantes. L'organisation a rappelé que "à Cuba, où la Constitution stipule que "la liberté de parole et de la presse est soumise aux buts de la société socialiste", seule la presse officielle est autorisée".
Bernardo Arévalo Padrón, fondateur de l'agence indépendante Línea Sur Press, a été condamné à six ans de prison en novembre 1997 pour "outrage" envers le président Fidel Castro et le vice-président Carlos Lage. En avril 1998, il a été passé à tabac par deux agents de la prison d'Ariza. Depuis mars 1999, il a été régulièrement transféré dans différents camps de travail de la province de Cienfuegos, où il a été affecté au désherbage et à la coupe de la canne à sucre. Il se trouve actuellement dans le camp "Destacamento 16", qui dépend de la prison d'Ariza, où il est exempté de travail forcé en raison de son état de santé. Dernièrement, les autorités carcérales ont rejeté sa demande de libération conditionnelle dont il peut théoriquement bénéficier depuis octobre 2000, après avoir purgé la moitié de sa peine. Le journaliste ne serait pas encore "rééduqué politiquement".
Carlos Alberto Domínguez, de l'agence indépendante Cuba Verdad, a été arrêté par quatre agents de la sécurité d'Etat le 23 février dernier. Il a été incarcéré dans un premier temps à La Havane, dans un centre du Département Technique des Investigations (DTI, police judiciaire), organe du ministère de l'Intérieur, réputé pour les mauvais traitements qui y sont infligés aux détenus. Dans ce contexte, l'état de santé du journaliste, qui souffre de migraines et d'hypertension artérielle, s'est sensiblement dégradé. Le 29 mars, il a été transféré à la prison de Valle Grande (La Havane). Le journaliste serait inculpé de "troubles de l'ordre public" et "refus d'obtempérer". On lui reprocherait également d'avoir participé à l'organisation de manifestations, prévues le 24 février, en vue de commémorer la mort de quatre pilotes de l'association Hermanos al rescate, une organisation de Cubains en exil, abattus par des chasseurs cubains le 24 février 1996. Dernièrement, les autorités ont refusé qu'il s'entretienne avec son avocat et ont restreint la durée des visites de ses proches. Carlos Alberto Domínguez est également le directeur de l'Instituto del Derecho et membre du Parti démocratique du 30 novembre, deux associations non reconnues par les autorités. A ce titre, il avait déjà fait l'objet de multiples arrestations.
Lester Téllez Castro, directeur de l'agence Agencia de Prensa Libre Avileña (APLA), et Carlos Brizuela Yera, collaborateur de l'agence Colegio de Periodistas Independientes de Camaguey, ont été frappés puis interpellés, le 4 mars, avec huit militants des droits de l'homme, par des agents des forces de l'ordre. Les deux journalistes ont été interpellés alors qu'ils se rendaient au chevet de Jesús Alvarez Castillo, correspondant de l'agence Cuba Press à Ciego de Avila (Centre), hospitalisé après avoir été violemment agressé par des agents des forces de l'ordre. Le 11 mars, Lester Téllez Castro a été conduit dans une prison de Cienfuegos (ouest de Ciego de Avila) et Carlos Brizuela Yera a été transféré dans un centre de détention de la province de Holguín (Est). Lester Téllez Castro a de nouveau été transféré, le 19 avril, vers la prison de Canaleta, à Ciego de Avila. Les deux hommes se sont plaints de leurs mauvaises conditions de détention. Ils devraient être inculpés pour "outrage", "trouble de l'ordre dans une institution médicale" et "refus d'obtempérer". Les huit militants des droits de l'homme arrêtés le même jour ont également été transférés dans des centres de détention.
Par ailleurs, Reporters sans frontières a rappelé l'absence d'évolution en matière de respect de la liberté de la presse à Cuba. Malgré la libération de deux journalistes en 2001, la situation s'est même sensiblement dégradée. A Cuba, seule la presse officielle est autorisée. Une centaine de journalistes indépendants, regroupés dans une vingtaine d'agences de presse non reconnues par l'Etat, font l'objet d'un harcèlement constant. En 2001, une trentaine d'interpellations et près d'une centaine d'actes de harcèlement ont été recensés. Dans le cadre de la campagne "Non à la diversion idéologique", de nouvelles opérations visant à protéger le monopole d'Etat sur l'information ont été menées pour faire disparaître des toits les antennes permettant de capter les chaînes de télévision étrangères. Les radios internationales étrangères sont également brouillées. Depuis le début de cette année, la vente d'ordinateurs à des particuliers est interdite, alors que l'accès à l'Internet est toujours strictement réglementé.
En raison de la gravité de la situation, le président Fidel Castro est considéré par Reporters sans frontières comme l'un des prédateurs de la liberté de la presse dans le monde.