Une délégation du NEPAD va participer aux travaux du sommet du G8, à Kananaskis. Si Reporters sans frontières ne peut qu'encourager ce projet, l'organisation estime que ses objectifs ne peuvent être atteints sans l'existence d'une presse libre, indépendante et pluraliste. Or, dans cinq pays membres du NEPAD (Cameroun, Ethiopie, Gabon, Rwanda et Tunisie), la liberté de la presse n'est pas garantie.
Une délégation du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) doit participer aux travaux du sommet du G8, à Kananaskis (Canada) les 26 et 27 juin 2002. A cette occasion, Reporters sans frontières rappelle que dans cinq pays membres du NEPAD (Cameroun, Ethiopie, Gabon, Rwanda et Tunisie), la liberté de la presse n'est pas garantie. Les violations y sont nombreuses et jamais sanctionnées.
Si Reporters sans frontières ne peut qu'encourager ce projet visant à promouvoir "la paix, la sécurité, la démocratie, une bonne gouvernance, le respect des droits de l'homme et une saine gestion économique", l'organisation estime que ses objectifs ne peuvent être atteints sans l'existence d'une presse libre, indépendante et pluraliste. Le NEPAD est voué à l'échec si les Etats membres ne sont pas exemplaires dans le domaine de la liberté de l'information.
C'est donc aux cinq chefs d'Etat promoteurs du NEPAD (MM. Abdelaziz Bouteflika, Thabo Mbeki, Hosni Moubarak, Olusegun Obasanjo et Abdulaye Wade) de montrer l'exemple afin de gagner en crédibilité auprès de leurs peuples, de la communauté internationale et des partenaires économiques de l'Afrique. Pourtant, là encore, il existe des manquements.
Aussi, Reporters sans frontières demande aux chefs d'Etat du G8 de faire en sorte que leur réunion avec les représentants du NEPAD aboutisse à des mesures concrètes en vue de protéger la liberté de la presse en Afrique, et notamment à la suppression de toutes les peines de prison pour les délits de presse autres que l'incitation à la haine ou au meurtre. Enfin, Reporters sans frontières demande aux cinq chefs d'Etat promoteurs du NEPAD de rappeler à l'ordre les pays membres qui bafouent la liberté de la presse.
Rappel :
En Ethiopie, trois journalistes sont emprisonnés depuis plusieurs mois pour avoir critiqué le pouvoir ou donné la parole à des opposants. Une dizaine d'autres professionnels de la presse sont sous le coup de poursuites judiciaires et risquent d'être interpellés à tout moment. La libéralisation de l'audiovisuel, annoncée à maintes reprises, se fait toujours attendre.
Au Rwanda, des journalistes continuent de faire l'objet de menaces et de pressions, et au moins deux d'entre eux sont emprisonnés depuis plusieurs années pour avoir exercé leur profession. L'autocensure est forte et les journalistes ne peuvent aborder certains sujets sans s'attirer les foudres des autorités. L'audiovisuel est au service exclusif du pouvoir en place.
En Tunisie, les pressions du régime n'ont fait que s'accentuer à l'égard des rares journalistes continuant, tant bien que mal, d'exercer leur métier en marge d'une presse inféodée au pouvoir. Une cyberpolice exerce un véritable blocus d'Internet. Zouhair Yahyaoui, fondateur du site d'informations TUNeZINE.com, a été arrêté le 4 juin 2002 à Tunis. Accusé de "diffusion de fausses nouvelles", il risque jusqu'à cinq ans de prison.
Au Cameroun, cinq journalistes ont été arrêtés depuis janvier 2001 pour avoir dénoncé la corruption de certains hauts responsables ou pour avoir critiqué les méthodes des forces de l'ordre. D'autres ont été contraints de se cacher pour éviter d'être interpellés à leur tour.
Enfin, au Gabon, le gouvernement a interdit le seul journal critique et les médias publics restent au service quasi exclusif du président Omar Bongo.