Reporters sans frontières dénonce le harcèlement des autorités contre les médias indépendants
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Reporters sans frontières s'inquiète des pressions qu'exercent les autorités sur les médias indépendants, et demande à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et au Conseil de l'Europe de jouer un rôle actif auprès des pouvoirs publics pour faire cesser ce harcèlement, totalement contraire aux standards internationaux.
"En 2002, plus de trente plaintes ont été déposées contre des médias, la plupart du temps par des fonctionnaires de l'Etat. Il est inadmissible que les autorités d'un pays qui s'est engagé auprès des organisations européennes à faire tout son possible pour respecter la liberté de la presse harcèlent les médias indépendants", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans des courriers adressés à Freimut Duve, représentant pour la liberté des médias auprès de l'OSCE, et à Walter Schwimmer, secrétaire général du Conseil de l'Europe. "Nous vous demandons d'intervenir auprès des autorités azerbaïdjanaises afin qu'elles respectent leurs engagements et cessent leurs attaques contre la presse indépendante", a ajouté Robert Ménard.
Entre le 22 et le 28 janvier, plusieurs journalistes et défenseurs des droits de l'homme ont fait une grève de la faim pour protester contre le harcèlement juridique dont est victime le quotidien indépendant Yeni Musavat et pour attirer l'attention de la communauté internationale sur les violations de la liberté de la presse en Azerbaïdjan. Le 22 janvier, Rauf Arifoglu, rédacteur en chef de Yeni Musavat, a initié le mouvement en dénonçant les treize procès ouverts en quelques mois par les autorités qui demandent la fermeture de son journal, ainsi que les menaces dont les journalistes de sa rédaction font l'objet. A ce jour, Yeni Musavat a été condamné à payer trois amendes, d'un montant total de 100 000 euros environ. Ont également participé à la grève de la faim Yadigar Mamedli, président de la Ligue démocratique des journalistes, Mahman Aliyev, directeur de l'agence de presse Turan, Ganimat Zahidov, président du Syndicat des journalistes Azad Soz, Azer Hasret, secrétaire général de la Confédération des journalistes d'Azerbaïdjan, Zahid Gazanfaroglu, employé de Yeni Musavat, Zohrab Ismayil, directeur de publication du quotidien Azadlig, Asif Marazli, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Tazadlar, Mohammed Arsoy, membre du Syndicat des journalistes Azad Soz, et Sanan Hasanoglu, rédacteur en chef du magazine de la diaspora Compatriot.
Par ailleurs, les autorités ont supprimé, le 28 janvier, un kiosque de l'entreprise de distribution Gaya qui vendait devant l'université d'Etat de Bakou des périodiques d'opposition non disponibles dans les kiosques d'Etat, sur ordre de l'administration municipale de la capitale. Les autorités ont qualifié ce retrait de "mesure d'embellissement" mais le kiosque d'Etat voisin n'a pas été retiré. A ce jour, il ne reste dans la capitale qu'une dizaine de kiosques de l'entreprise Gaya sur vingt.
Le 12 décembre 2002, plusieurs centaines de journalistes avaient manifesté dans les rues de Bakou pour dénoncer le regain de pressions contre les médias indépendants, et début décembre, le Conseil des éditeurs avait demandé au Conseil de l'Europe et à l'OSCE d'intervenir.
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Updated on
20.01.2016