RDC : toute solution à la grave crise au Nord-Kivu doit prendre en compte la protection et le respect du droit à l’information

Alors que la situation sécuritaire se dégrade à Goma, que des journalistes ne sont plus en mesure d’y travailler,  que les médias sont contraints au silence et les populations n’ont plus un accès stable au réseau internet et à l’électricité, Reporters sans frontières (RSF) alerte la communauté internationale et appelle les parties au conflit à respecter et protéger le droit à l’information.

Les communications avec les journalistes de Goma sont rares et sporadiques tant les réseaux d’électricité et d’internet sont instables depuis la progression du groupe armé M23 soutenu par l’armée rwandaise. Il contrôle désormais les points clés de cette ville, la plus peuplée de la province du Nord-Kivu. 

La quasi-totalité des radios locales et internationales n’émet plus. Le siège de l’antenne locale de la Radio télévision nationale du Congo (RTNC) est vide depuis le 27 janvier. “Aucun agent de la RTNC n’est présent à la station”, indique le directeur provincial Tuver Wundi. Pour s’informer, les habitants de Goma se rabattent sur les radios rwandaises émettant de la ville voisine de Gisenyi. 

Les professionnels de l’information que RSF a pu joindre expriment tous un besoin d’évacuation urgent. Or, à ce jour, aucune issue sécurisée n’est possible, comme le confirme le directeur du site en ligne larepublique.netValéry Mukosasenge, basé à Goma. Seuls les journalistes de la radio des Nations Unies en RDC Radio Okapi, ont pu être évacués vers Kigali, la capitale du Rwanda, avec leur famille.

La dégradation de la situation sécuritaire met le droit à l’information à rude épreuve à Goma qui était devenue un point de chute pour les journalistes déplacés de la province depuis plusieurs mois. Alors que les radios sont devenues silencieuses, des journalistes sont forcés de quitter leur lieu de travail,  et sont attaqués et persécutés. Toute solution à cette grave crise doit nécessairement prendre en compte la protection et le respect du droit à l’information. RSF appelle les parties au conflit à veiller à ce que les médias puissent faire leur travail librement et à  protéger les journalistes.

Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

Le calvaire des journalistes déplacés 

Cette progression du M23 à Goma est l’acmé des exactions et entraves au travail des journalistes pris en étau dans le conflit en cours dans la province du Nord-Kivu. Depuis janvier 2024, plus de 25 radios ont dû fermer, à cause d’affrontements ou de pillages. Et de nombreux journalistes ont été contraints de rejoindre les camps de déplacés à Goma. 

Leur situation a empiré ces derniers jours. Dès le 24 janvier, un directeur de radio communautaire s’inquiétait : “Nous ne savons plus quoi faire pour échapper aux bombes qui sont en train de tomber sur les civils.” Quelques journalistes ont réussi à trouver refuge dans des camps militaires. D’autres se cachent tant bien que mal, attendant que la situation se stabilise. Confinés dans un quartier de l’ouest de Goma, cinq journalistes déplacés depuis juillet ont réussi à quitter la ville, pour se réfugier plus au sud. 

Agressions de journalistes 

La journaliste Yousra Elbagir, de Sky News, a été agressée le 26 janvier au nord de la ville par des individus non identifiés alors qu’elle couvrait le mouvement massif des déplacés fuyant vers Goma. Des équipements essentiels, notamment une caméra et deux téléphones, lui ont été dérobés. Le journaliste Samuel Adiba de Go FM, radio dédiée aux droits des femmes, a lui été attaqué et son matériel professionnel volé par des “Wazalendo”, supplétifs de l’armée congolaise, dans la même zone. 

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