Du 10 au 16 juillet 2005, douze organisations internationales, au rang desquelles figurent Reporters sans frontières, des agences des Nations unies, des groupes de médias internationaux, des défenseurs de la liberté d'expression et des organisations de développement des médias, ont entrepris, au Népal, une mission relative à la liberté d'expression et à la liberté de la presse. Elles livrent aujourd'hui leurs conclusions.
Ce rapport repose sur les observations de la mission internationale pour la liberté de la presse et la liberté d'expression au Népal, réalisée en juillet 2005 et constituée des organisations suivantes :
ARTICLE 19
Committee to Protect Journalists (CPJ)
International Federation of Journalists (IFJ)
International Media Support (IMS)
International Press Institute (IPI)
Press Institute of India (PII)
Reporters sans frontières (RSF)
South Asian Free Media Association (SAFMA)
United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization (UNESCO)
World Association of Community Radio Broadcasters (AMARC)
World Association of Newspapers (WAN)
World Press Freedom Committee (WPFC)
Droits des médias et liberté d'expression
Durant ces quinze dernières années, les médias ont joué un rôle essentiel dans la promotion de la paix, de la démocratie, du développement et de la bonne gouvernance.
Mais, depuis la mise en place de l'état d'urgence dans le pays le 1er février 2005, et malgré sa levée le 29 avril 2005, la situation de la liberté de la presse et de la liberté d'expression ne cesse de se détériorer dans le pays.
Depuis le mois de février, la communauté des médias népalais a engagé des efforts salutaires pour défendre ces droits et libertés. Mais, malgré ces efforts, la liberté de la presse et la liberté d'expression continuent d'être bafouées par l'ensemble des acteurs du conflit.
Harcèlements, détentions et disparitions
Les professionnels des médias et les défenseurs de la liberté d'expression sont continuellement l'objet d'exécutions, d'agressions, d'intimidations, de harcèlements, de déplacements, aussi bien par le gouvernement que par les maoïstes. De plus, les professionnels des médias continuent d'être enlevés ou emprisonnés pour avoir librement exprimé leurs opinions. Les professionnels des médias sont protégés par le droit national ainsi que par des traités internationaux, et ceux qui se rendent responsables de violations doivent être condamnés.
Régulation des médias et législation
La régulation des médias doit être basée sur les normes et les standards internationaux reconnus par la Constitution de 1990 ainsi que par d'autres législations nationales. Ces textes incluent des références spécifiques à la restauration des libertés civiles et des droits fondamentaux après la levée de l'état d'urgence. Le manque de transparence des autorités étatiques et des forces de sécurité dans le domaine des médias et de la liberté d'expression, ainsi que la possibilité de nouvelles lois ou ordonnances modifiant la législation actuelle, constituent de graves préoccupations.
Censure directe et indirecte
Les médias népalais connaissent plusieurs formes de censure, directes ou indirectes. On peut notamment citer les cas d'interférence dans l'indépendance éditoriale, la répartition partiale des publicités des agences d'Etat dans les différents médias, les pressions sur les entreprises afin que leurs publicités ne paraissent pas dans certains médias, l'augmentation des coûts d'affranchissement pour les journaux, la perturbation de leur distribution, et la menace de non-renouvellement des licences des chaînes de télévision. De plus, les médias sont l'objet de « mesures coercitives », comme les licenciements de journalistes , auxquelles il doivent se plier pour continuer à être diffusés.
FM et radios communautaires
Les radios FM et communautaires au Népal ont été des médias pionners en Asie du Sud. Mais aujourd'hui, les radios d'information sont interdites au Népal alors même que la Constitution, des décisions de la Cour suprême et certaines lois garantissent la liberté de la presse et la liberté d'expression. Cette interdiction prive la population népalaise du libre accès à l'information, menaçant l'équilibre financier des radios et créant un chômage de grande ampleur chez les journalistes et présentateurs radio.
Médias locaux
Dans les campagnes, les médias locaux doivent faire face à des conditions particulièrement difficiles. Si l'ensemble des journalistes peuvent être victimes de meurtres, d'agressions, d'enlèvements, d'intimidations, de harcèlements, d'emprisonnements ou départs forcés, ceux exerçant leur activité en dehors de la vallée de Katmandou sont particulièrement exposés. Les médias y sont souvent pris entre les feux des différentes parties au conflit. Les journalistes, soumis à des pressions, doivent parfois se résoudre à modifier leurs articles ou à ne pas les publier, et sont alors perçus comme plus favorables à l'une d'entre elles.
De plus, les infrastructures des médias constituent, dans ces districts, des cibles idéales pour les parties combattantes qui ne se privent pas de les détruire ou les endommager. La récente apparition des « groupes de vigilance » armés dans certains districts constitue une menace sérieuse tant pour les professionnels des médias et défenseurs de la liberté d'expression que pour la liberté de la presse et la liberté d'expression elles-mêmes.
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