Raid policier au domicile d'un journaliste sud-coréen

Le 31 août, Yeo Shi-Dong, correspondant à Pékin du journal sud-coréen Chosun Ilbo, a vu son domicile investi par des policiers, qui ont saisi ses papiers et plusieurs dossiers relatifs aux réfugiés nord-coréens en Chine. "Une fois de plus, les autorités répondent par des représailles plus ou moins voilées aux sujets sensibles traités par les journalistes étrangers. Ces intimidations systématiques, qui ne peuvent qu'inciter à l'autocensure, apportent le plus flagrant déni à cette pseudo-ouverture dont Pékin se plaît à se réclamer", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières, dans une lettre adressée au ministre des Affaires étrangères, Tang Jiaxuan. L'organisation a appelé à ce que les documents confisqués au journaliste lui soient restitués au plus tôt. Elle a également demandé au ministre de faire cesser les pressions contre les journalistes étrangers qui travaillent en Chine. Selon les informations recueillies par Reporters sans frontières, le 31 août, peu avant minuit, sept policiers ont pénétré au domicile de Yeo Shi-Dong, qui est également son bureau. Les policiers, qui n'avaient aucun mandat, ont fouillé les lieux sans explication et questionné le journaliste pendant deux heures sur ses déplacements, sa famille et son récent changement de domicile. Ils ont également saisi des documents relatifs à une enquête du journaliste sur les réfugiés nord-coréens, son passeport et ceux des autres membres de sa famille, son attestation de résidence en Chine et sa carte de journaliste. Avant de quitter son domicile, ils ont déclaré à Yeo Shi-Dong qu'il avait violé la loi en ne signalant pas son déménagement au bureau de police local. Violation qui lui a valu une amende du Bureau de l'Immigration le lendemain. L'invocation de cette loi est une première : jusqu'à présent, les correspondants étrangers étaient seulement tenus d'avertir le ministère des Affaires étrangères de leurs changements de domicile, obligation dont le journaliste s'était acquitté. Le 26 août, Yeo Shi-Dong avait écrit un article sur l'arrestation de plusieurs dissidents nord-coréens qui avaient tenté de pénétrer au ministère des Affaires étrangères pour demander le statut de réfugiés. Le Chosun Ilbo avait quant à lui critiqué à plusieurs reprises la position de la Chine à leur égard, appelant les autorités à leur accorder le statut de réfugiés politiques au nom des droits de l'homme, au lieu de les renvoyer en Corée du Nord.
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Updated on 20.01.2016