Perquisition de police au domicile de Jesús Lemus Barajas

Le 31 juillet 2008 des soldats ont fouillé le domicile de Jesús Lemus Barajas. Le directeur du quotidien El Tiempo, accusé de narcotrafic, est maintenu en détention préventive depuis le 15 mai 2008 à la prison de Puente Grande (État de Jalisco). Martha Pérez, l'épouse du journaliste, a rapporté à Reporters sans frontières qu'une vingtaine de soldats s'étaient présentés à son domicile le 31 juillet afin de procéder à une fouille. Malgré leur refus de révéler le motif précis de leur venue et l'absence d'un mandat de perquisition, la femme du journaliste les a laissés entrer. Ils ont indiqué avoir reçu un appel téléphonique anonyme. Ils ont pris en photo les lieux et interrogé Martha Pérez sur ses activités et celles des autres membres de sa famille, y compris celles de son mari. Elle les a informés de la détention de son époux et des accusations qui pèsent sur lui. Les soldats ont refusé de dire ce qu'ils cherchaient mais ont fouillé minutieusement la maison. Magdalena Pérez, rédacteur en chef de El Tiempo, a informé Reporters sans frontières que deux de ses distributeurs ont récemment été interrogés par l'armée. Elle a aussi informé Reporters sans frontières que les domiciles des deux hommes arrêtés en même temps que Jesús Lemus Barajas ont également été perquisitionnés. Jesús Lemus Barajas été arrêté le 7 mai 2008 à Cuerámaro (État de Guanajuato) alors qu'il enquêtait sur le narcotrafic dans la région. Les deux individus qui l'accompagnaient ont également été arrêtés. Les trois hommes ont subi des interrogatoires musclés et sont en détention préventive depuis le 15 mai. Qualifiés de “prévenus dangereux”, ils ont été transférés le 28 mai au pénitencier de haute sécurité de Puente Grande. Ils sont accusés d'avoir tenté de subordonner les autorités locales afin de procéder à des opérations de revente de drogue. Dans une lettre aux médias le 18 mai Jesús Lemus Barajas a clamé son innocence. Les règlements de compte fréquents entre la police et les cartels de la drogue dans la région laissent penser que le journaliste pourrait avoir été arrêté parce que son reportage gênait les autorités locales. Le 11 août 2008, les policiers responsables de l'arrestation de Jesús Lemus Barajas et de ses deux sources comparaîtront pour la seconde fois devant le tribunal pénal de Puente Grande. ___________________________________ 28.05 - Emprisonné sur la base d'accusations suspectes de “narcotrafic”, le journaliste Jesús Lemus Barajas a été transféré dans un pénitencier de haute sécurité
Le 27 mai 2008, après dix-neuf jours de détention à la prison de Puentecilla (État de Guanajuato, Centre), Jesús Lemus Barajas, directeur du quotidien El Tiempo, a été transféré au pénitencier fédéral de Puente Grande, dans l'État voisin de Jalisco. Les autorités ont justifié l'envoi du journaliste dans une prison de haute sécurité par le fait qu'il s'agirait d'un “prévenu dangereux”. D'après l'avis de Magdalena Pérez Sánchez, rédactrice en chef du quotidien, basé à La Piedad, dans l'État du Michoacán (Sud-Ouest), le transfert de Jesús Lemus Barajas “obéit à une stratégie tout à fait intentionnelle d'obstruer sa défense et de présenter le journaliste comme un délinquant.” Le même jour, Magdalena Pérez Sánchez et un représentant de Reporters sans frontières ont été reçus par la commission spéciale de vigilance contre les agressions envers les journalistes de la Chambre des députés. La commission a annoncé son intention de rendre visite à Jesús Lemus Barajas et de tenir, le 28 mai, une conférence de presse pour dénoncer la situation du directeur d'El Tiempo. ____________________________ 20.05 - Un journaliste sous les verrous à Guanajuato : Reporters sans frontières demande des explications à la justice fédérale Reporters sans frontières manifeste sa préoccupation après la confirmation, le 15 mai 2008, du placement en détention préventive de Jesús Lemus Barajas, directeur du quotidien El Tiempo, basé à La Piedad (État du Michoacán, Sud-Ouest). Arrêté par la police le 7 mai à Cuerámaro, dans l'État voisin de Guanajuato, où il enquêtait sur le trafic de drogue, le journaliste est accusé de s'être lui-même livré à du narcotrafic pour le compte de “La Famille”, une émanation du puissant cartel du Golfe. “Alors que sévit une nouvelle vague de violence liée au narcotrafic, émaillée par l'assassinat de plusieurs hauts responsables de la police, l'ambiance est moins à la justice sereine qu'aux règlements de comptes. Nous avons hélas! lieu de penser que Jesús Lemus Barajas a été victime à la fois d'un tel contexte, et de ses reportages, sans doute gênants pour certaines autorités. Le dossier semble mince, d'autant qu'il n'a jamais été fait état du moindre élément matériel prouvant la culpabilité du journaliste. Nous sommes inquiets des révélations concernant les mauvais traitements qu'il aurait pu subir durant sa détention, alors que la pratique de la torture par les forces de l'ordre mexicaines vient d'être dénoncée par le Haut-Commissariat de l'Onu pour les droits de l'homme. Nous attendons, à cet égard, les conclusions de l'enquête ouverte par la Commission nationale des droits de l'homme (CNDH). Nous demandons également des explications claires et argumentées des autorités fédérales sur les motifs exacts de cette détention”, a déclaré Reporters sans frontières. Le 7 mai 2008, dans le cadre d'un reportage sur les “routes du narcotrafic” dans le sud du pays, Jesús Lemus Barajas s'est rendu à Cuerámaro accompagné de deux de ses sources. Les trois hommes ont été interceptés par des agents de la police de Guanajuato. Vladimir Camacho, l'avocat du journaliste, a expliqué à l'organisation que son client et ses informateurs ont été conduits séparément jusqu'à une maison de la périphérie de Cuerámaro. Retenus pendant quarante-huit heures, sans possibilité de contact avec l'extérieur, ils ont subi des interrogatoires musclés pendant toute la journée du 8 mai, avant d'être transférés, le lendemain, à la prison de Puentecilla, où le ministère public fédéral a repris l'instruction du dossier. Le placement en détention préventive du directeur de El Tiempo a été confirmé le 15 mai. Selon un communiqué du ministère public de Guanajuato, les trois prévenus sont accusés du délit d'“instigation à la délinquance organisée”. Les instances judiciaires de l'État soutiennent que Jesús Lemus Barajas et les deux autres personnes poursuivies “ont tenté de suborner les autorités locales afin de procéder à des opérations de revente de drogue”. Le ministère fédéral de la Justice, cité dans l'édition du quotidien Correo de Guanajuato datée du 17 mai, a repris la même formule en ajoutant que Jesús Lemus Barajas “se serait fait passer pour journaliste” dans le but d'approcher des fonctionnaires de la police et de “s'assurer l'impunité pour des opérations de revente de drogue” pour le compte de “La Famille”, un clan à la solde du cartel du Golfe. Jesús Lemus Barajas, dans une lettre adressée aux médias le 18 mai et dont Reporters sans frontières a obtenu copie, a réfuté les accusations pesant sur lui et dénoncé les conditions de ses deux premiers jours de détention, pendant lesquels il aurait été frappé, torturé et menacé de mort. La Commission nationale des droits de l'homme (CNDH) a affirmé à Reporters sans frontières avoir ouvert une enquête sur les circonstances de la détention du journaliste, après lui avoir rendu visite à la prison de Puentecilla. La CNDH a par ailleurs signalé que Jesús Lemus Barajas s'était entretenu avec des fonctionnaires du ministère public de Guanajuato dans le cadre de son enquête sur le narcotrafic dans le sud du Mexique. Jesús Lemus Barajas a fondé El Tiempo en 2006, après cinq ans de collaboration avec le quotidien La Voz de Michoacán et une correspondance régulière pour le quotidien national La Jornada. En mars 2008, le journaliste avait dénoncé une campagne de harcèlement du maire de La Piedad contre les médias, culminant avec la détention de deux reporters d'El Tiempo, accusés d'“incitation à la rébellion” alors qu'ils couvraient une émeute devant le palais municipal. Jesús Lemus Barajas avait également critiqué l'attribution inéquitable de la publicité officielle de la municipalité et des actions d'intimidation de la police contre les vendeurs à la criée d'El Tiempo.
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Updated on 20.01.2016