Pacte numérique mondial : RSF appelle les gouvernements à renforcer leurs engagements pour le droit à l’information
Alors que les négociations sur l’avant-projet de Pacte numérique mondial doivent reprendre, Reporters sans frontières (RSF) s’inquiète du peu d’avancées dans les négociations et appelle de nouveau les États à ne pas manquer une opportunité de reconnaître le droit de chacun à une information journalistique libre, indépendante, plurielle et fiable.
En dépit de quelques avancées notables par rapport à la précédente version dont un avant-projet révisé avait été publié le 15 mai dernier, force est de constater que le texte actuel du Pacte numérique mondial ne permet pas de garantir un droit à l’information effectif pour tous. Et ce alors même que le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a plusieurs fois rappelé qu’il s’agissait d’un axe majeur de son mandat.
Alors même qu’il ambitionne “définir des principes communs pour un avenir numérique ouvert, libre et sûr pour tous”, le Pacte numérique mondial ne mentionne, à ce stade, nulle part la contribution fondamentale du journalisme à l’exercice plein et entier du droit à la liberté d’opinion et d'expression.
De plus, alors que le Pacte numérique mondial entend traiter de la confiance et de la sécurité numériques, il contient de trop faibles engagements vis-à-vis des principaux acteurs du numérique.
À la veille de la reprise des négociations sur ce texte entre les représentants des États membres des Nations unies, ces 20 et 21 juin, RSF plaide pour qu’une obligation de promotion des sources journalistiques fiables d’information soit imposée aux acteurs du numérique. Ces sources peuvent être identifiées comme telles sur le fondement de systèmes d'autorégulation tels que la Journalism Trust Initiative – afin de renverser un système qui, jusqu’à présent, récompense la désinformation au détriment de l’information fiable.
“Dans le chaos informationnel, la liberté d’expression est instrumentalisée par les prédateurs de la liberté de la presse contre les droits de l’homme et la démocratie. La mise en oeuvre de l’article pilier en la matière, l’article 19 de la déclaration universelle des droits de l’homme, doit être adaptée au nouvel espace de l’information et de la communication, globalisé et numérique. Avec le Pacte numérique mondial, partie intégrante du Pacte pour l’Avenir, le moment est venu pour la communauté internationale de consacrer le droit de chacun à une information fiable, seul moyen de garantir un “futur numérique” respectueux des droits de l’homme et régulé selon des principes démocratiques. La valorisation et la défense du journalisme doivent être au cœur de ces textes fondamentaux actuellement discutés par les États.
Le Pacte pour l'Avenir, dont l’adoption est au programme du Sommet de l’Avenir organisé par les Nations unies (ONU) en septembre prochain, a pour ambition d’être la feuille de route des Etats pour accélérer leurs efforts en vue d’atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030. Appelé de ses vœux par le Secrétaire-Général de l’ONU dans son rapport Notre Programme Commun, le Pacte numérique mondial fait partie intégrante du Pacte pour l’Avenir.
Des recommandations pour le droit à l’information
Afin de réhausser le niveau d’ambition du texte, RSF s’est associé au Forum sur l’information et la démocratie se sont associés, le 11 juin dernier, pour formuler ensemble plusieurs amendements concrets visant à assurer un minimum de garanties pour le droit à l'information, à la veille du début de l’ultime lecture du texte.