Iran : RSF demande à l’ONU d’agir d’urgence pour la santé des journalistes en détention
Reporters sans frontières (RSF) exprime sa plus vive inquiétude sur les conditions de détention des journalistes emprisonnés en Iran, malades et privés de soins, et appelle le Rapporteur spécial de l'ONU à agir rapidement pour que le régime de Téhéran respecte ses obligations en matière de traitement des prisonniers.
Le 12 avril 2022, les deux journalistes Narges Mohammadi et Alieh Motalebzadeh ont été arrêtées chez elles à Téhéran alors qu’elles étaient en permission médicale, conduites à la prison d’Evin, puis transférées à la prison pour femmes de Gharchak. Pendant une semaine, Narges Mohammadi a été privée de ses médicaments, dont des comprimés qu’elle devait prendre tous les jours après avoir subi une opération cardiaque.
Une fois retournée en prison, la photojournaliste et vice-présidente de l’Association pour la défense de la liberté de la presse Alieh Motalebzadeh, a écrit une lettre ouverte au chef du système judiciaire, Gholam Hossein Mohseni-Ejei dénonçant l’illégalité de son arrestation « sans mandat légal » et l’acharnement des agents du ministère des renseignements et du bureau Amin Vaziri, le vice-procureur et superviseur des dossiers des prisonniers d’opinion à la prison d’Evin. La journaliste ayant purgé un tiers de sa condamnation, elle devait selon la loi être libérée, mais le régime préfère « mener la répression contre la résistance en prison en laissant les prisonniers malades mourir .» Le 23 avril, Narges Mohammadi et Alieh Motalebzadeh ont été informés de leur « interdiction de permission médicale respectivement pendant six et trois mois” et du dépôt d’une plainte contre elles par l’organisation des prisons du pays.
Les deux femmes rejoignent la terrible liste des journalistes prisonniers et victimes de mauvais traitements ou de négligences dans les prisons iraniennes. Le 21 avril, Alireza Saghafi, journaliste indépendant, directeur du magazine Rah Ayandeh (suspendu en 2010) et Naghd noo (suspendu également) et membre de l’Association des écrivains iraniens a été transféré à l’hôpital de la ville de Karaj, avec une tension artérielle élevée. Il a été ramené dans sa cellule quelques heures plus tard. Arrêté avec plusieurs autres participants le 14 mars 2022, à la commémoration de la mort d’un écrivain dissident Samad Shabani, dans la ville de Karaj, il avait été transféré à la prison de Kachooi pour purger une peine d’un an de prison ferme. En septembre 2019, Alizera Saghafi avait été condamné à un an de prison par la 1er chambre du tribunal de la ville de Karaj pour « propagande contre le régime. » Selon ses proches, depuis son incarcération, il souffre, en plus d’une tension artérielle élevée, de la fatigue causée par les conditions d’alimentation en détention et liée à son âge : il a 69 ans.
Reza Khandan Mahabadi, journaliste de 60 ans, et un autre membre de l’Association des écrivains iraniens, qui a été contraint de retourner dans sa cellule le 5 avril en prison. Hospitalisé début janvier suite à la dégradation de son état de santé après sa contamination au coronavirus. Il souffre toujours de problèmes respiratoires.
Le 8 janvier, Baktash Abtin, membre de l’Association des écrivains iraniens, est décédé par manque de soin des suites de la Covid-19 - qu’il avait contractée dans la prison d’Evin à Téhéran - après avoir été tardivement pris en charge par les autorités iraniennes. RSF réitère sa demande du 15 janvier 2022 à l’ONU d’une enquête internationale pour faire toute la lumière sur la mort du journaliste et écrivain.
La 49ème session du Conseil des droits de l’homme a reconduit pour un an le mandat du Javaid Rehman le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran.
“Conformément au droit international des droits de l'homme, les autorités pénitentiaires iraniennes ont une obligation absolue d'assurer la santé et le bien-être des détenus placés sous leur juridiction en leur fournissant un traitement approprié, adéquat et opportun, déclare le responsable du bureau Iran-Afghanistan de RSF, Reza Moini. M. Javaid Rehman doit tout mettre en œuvre pour mettre fin à ces privations de soins qui représentent des violations flagrantes du droit à la santé des prisonniers et de l'interdiction des traitements inhumains et dégradants inscrits dans le Pacte international relatif aux droits civils et politiques - auquel l’Iran a adhéré.“
La république islamique d’Iran figure à la 174e place sur 180 au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2021.