“Mon mari est détenu en Iran depuis plus d’un mois, donnez-nous au moins une explication ! ”, adjure l’épouse du journaliste Vahid Shamsoddinnezhad
Travaillant pour la chaîne de télévision Arte, Vahid Shamsoddinnezhad est détenu sans motif en Iran depuis plus d’un mois. Sa femme, Reyhaneh, s’alarme du secret qui pèse sur sa captivité et les causes de son arrestation. Reporters sans frontières (RSF) relaie son appel à la libération immédiate du journaliste.
“Mon mari Vahid a été arrêté depuis plus d’un mois et nous ne savons rien, s’alarme Reyhaneh, l’épouse du journaliste. Les autorités iraniennes gardent le silence. Elles font comme si Vahid n’existait pas. Je demande aux autorités iraniennes de donner des informations sur les raisons de l’arrestation de mon mari. Au moins une version officielle. C’est le premier de ses droits.” Selon son épouse, Vahid Shamsoddinnezhad, âgé de 30 ans, est autorisé à passer un coup de téléphone à ses proches, d’une durée limitée à “une minute une fois par semaine”. “Il a juste le temps de demander comment mon fils de 17 mois et moi nous allons.” Aucun détail sur ses conditions de détention ainsi que sur la façon dont il est traité. “Étant de nationalité iranienne, Vahid n’avait pas besoin de visa. Il s’était signalé aux autorités afin de travailler en toute transparence. J’espère que la mobilisation en sa faveur va permettre de savoir pourquoi il a été arrêté et permettre sa libération prochaine” précise sa jeune épouse très inquiète.
“L’arrestation et la détention sans motif d’un journaliste accrédité, exerçant son métier dans le respect des règles professionnelles, est un scandale et une nouvelle atteinte gravissime de Téhéran à la liberté d’informer. RSF relaie et soutient avec indignation l’appel de son épouse Reyhaneh. Nous serons à ses côtés et auprès de sa famille jusqu’à la libération de Vahid.
Diplômé de l’ESJ Lille avec la mention “Très bien”
“Vahid aime le métier de journaliste et les reportages. Il aime témoigner, poursuit Reyhaneh. En Iran, il a commencé en étant fixeur pour des journalistes français, c’est ce qui l’a incité à entamer des études de journalisme à l’École supérieure de journalisme de Lille (ESJ Lille).” Son cursus achevé cette année, il est retourné en Iran pour couvrir les événements actuels, suite à la mort de la jeune Mahsa Amini. Vahid Shamsoddinnezhad a été interpellé le 28 septembre à Saqqez dans le Kurdistan iranien.
Vahid Shamsoddinnezhad est un professionnel reconnu pour ses qualités tant humaines que professionnelles par les confrères avec lesquels il a travaillé. “Nos routes se sont croisées à Téhéran alors qu’il travaillait en tant que fixeur pour d’autres médias, se souvient Franck Mathevon, directeur de l’information internationale à Radio France. Nous sommes restés en contact. Vahid est un garçon affable, très ouvert d’esprit, toujours prêt à rendre service. Un jeune journaliste posé, sérieux, soucieux d’être le plus objectif possible. Il est très fin dans ses analyses, et fait preuve d’un grand professionnalisme.”
“Vahid a passé deux années à l’école, la seconde année en apprentissage et dans la spécialisation journalisme international, précise Pierre Savary, directeur de l’ESJ Lille. Il a été diplômé avec la mention ‘Très bien’. Son sérieux, sa rigueur, sa volonté de traiter les sujets ‘au fond des choses’ ont été remarqués par les journalistes formateurs de l’ESJ Lille et par les professionnels qui sont intervenus dans sa promotion. Au-delà des qualités professionnelles évidentes perçues pendant sa scolarité, il a fait preuve de qualités humaines indéniables, d’altruisme et de soucis des autres dans le groupe.”
Un avis partagé par Jacques Aragones, journaliste et producteur chez StudioFact et TV Presse : “j’ai eu l’occasion d’accueillir Vahid pendant une année chez TV Presse/StudioFact dans le cadre de son alternance avec l’ESJ Lille et jusqu’au mois d’août dernier. Durant toute cette année, il a fait preuve d’un grand professionnalisme. Il s’est parfaitement intégré au sein de la rédaction et a travaillé avec les rédacteurs en chefs sur plusieurs enquêtes pour FTV, M6 ou Arte.”