Reporters sans frontières dénonce la politique de sabotage de la presse indépendante menée par les autorités bélarusses. Le 19 août, Mikolaï Markevich, directeur de la société Denpress, a été informé que sa société n'était plus inscrite sur les registres des autorités, ce qui a pour conséquence d'empêcher la publication de l'hebdomadaire Den.
Les autorités de la ville de Minsk ont effacé de leur registre la société Denpress, qui publiait l'hebdomadaire indépendant Den. Selon les autorités de Minsk, cette décision a été prise car la société a « interrompu ses activités commerciales pendant six mois sans fournir d'explication au fisc ». Si la saisie des journaux par la police avait rendu la diffusion de Den impossible dans les faits, cette nouvelle décision empêche désormais juridiquement la publication de l'hebdomadaire .
« Il s'agit d'une véritable politique de sabotage de la presse indépendante menée par les autorités bélarusses. Le pouvoir trouve chaque fois un prétexte pour faire taire les voix dissidentes. La situation au Bélarus est très inquiétante : une vingtaine de publications indépendantes ont été obligées de fermer en moins de deux ans », a déclaré Reporters sans frontières.
Pour Mikolaï Markevich, directeur de la société Denpress, qui a été informé de cette décision le 19 août 2005, il s'agit d'un ordre politique destiné à tuer le journal. « Cette décision ne repose ni sur des faits, ni sur la loi. Nous avons publié un numéro de Den le 26 mai, mais il a été confisqué par les autorités. »
Mikolaï Markevitch a l'intention de faire appel de cette décision.
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31 mai 2005 Den, hebdomadaire indépendant, à nouveau saisi par la police : les autorités continuent leur travail de sape de la liberté de la presse
L'hebdomadaire indépendant Den, qui n'avait pu être publié depuis un an, a vu, après une nouvelle tentative, la totalité de ses exemplaires saisis par la police du Bélarus, le 26 mai 2005.
« La liberté de la presse continue d'être sévèrement bafouée au pays du président Loukachenko. Ce dernier ne fait décidément aucun effort pour tenter de remédier à la dégradation profonde des conditions de travail des journalistes non inféodés au pouvoir. Il ne semble pas près de céder sa place au sein de la liste noire des prédateurs de la liberté de la presse établie par Reporters sans frontières », a déclaré l'organisation.
Dans la soirée du 26 mai 2005, la police du Bélarus a saisi
1 990 exemplaires de Den, hebdomadaire basé à Grodno (ouest du pays), dans la ville de Dubrovnya, située à 30 km de la frontière avec la Russie. Les policiers se sont emparés des exemplaires du journal dans un camion qui faisait le trajet depuis une imprimerie de Smolensk, en Russie. Ils ont déclaré devoir vérifier que le journal avait bien été imprimé légalement.
Le rédacteur en chef de Den, Mikolai Markevich, a indiqué au correspondant de Reporters sans frontières que, de « source sûre », cette saisie policière a été orchestrée par le département de Grodno du Comité pour la sécurité d'Etat (KGB) afin d'empêcher l'hebdomadaire de relancer sa parution.
Quatre jours avant l'incident, la direction de l'imprimerie de Den, à Smolensk, avait reçu une lettre dans laquelle Liliya Ananich, vice-ministre de l'Information du Bélarus, demandait que le journal ne soit pas imprimé au prétexte que l'enregistrement de sa nouvelle adresse n'avait pas été effectué auprès des autorités. Le rédacteur en chef de l'hebdomadaire a alors tenté de rencontrer la ministre, en vain. Celle-ci lui a demandé d'exposer ses motifs dans une lettre officielle.
Mikolai Markevich avait prévu de réimprimer Den, qui ne paraissait plus depuis le 2 juin 2004. Or, la lettre de la vice-ministre de l'Information a contraint l'imprimerie de Smolensk à rompre son contrat avec l'hebdomadaire jusqu'à ce qu'elle se décide à retirer son interdiction.
Le rédacteur en chef de Den a décrit cette injonction des autorités comme un « terrorisme d'Etat » à l'encontre de la liberté de la presse. Den a changé son adresse à Minsk récemment et a demandé au Comité exécutif de la ville de l'enregistrer le 18 avril 2005.
D'après la législation, un journal doit enregistrer sa nouvelle adresse auprès du ministère de l'Information une fois seulement qu'elle est enregistrée auprès des autorités locales. Mais ces dernières ont volontairement fait traîner les choses.
Mikolai Markevich a déposé une requête auprès du ministère de l'Information. Il y décrit cette saisie policière des exemplaires de son hebdomadaire comme une injonction inacceptable dans un processus légal de régularisation de son journal et a demandé au ministère de retirer son interdiction d'imprimer.
Den a été régulièrement persécuté par les autorités du Bélarus durant l'année 2004, jusqu'à l'arrêt de sa publication le 2 juin de la même année.
Par exemple, en mai 2004, des officiers du KGB avaient saisi quatre ordinateurs appartenant à l'hebdomadaire au prétexte que le journal avait imprimé des versets déshonorants à l'égard du président Alexandre Loukachenko.
Den est publié par l'ancienne rédaction de Pahonya, hebdomadaire fermé par les autorités en 2001. Mikalai Markevich, qui en était aussi le rédacteur en chef, avait été condamné à 18 mois de travaux forcés pour avoir publié un article dans lequel il accusait le Président d'être impliqué dans la disparition d'opposants politiques. Pavel Mazheika, également de l'équipe de Pahonya, avait été condamné à un an de travaux forcés pour « insulte » envers le président Loukachenko. Les autorités du Bélarus n'en sont donc pas à leur coup d'essai dans leur entreprise de harcèlement systématique de cette équipe rédactionnelle persévérante.