L'ONU considère la détention de Jose Rubén Zamora comme "arbitraire" : sa libération est urgente après le revers subi dans les tribunaux du Guatemala
Un organe clé des Nations unies se joint à la communauté internationale pour réclamer la libération du directeur de publication du quotidien elPeriódico, Jose Rubén Zamora, après plus de 700 jours de détention. Reporters sans frontières (RSF) se félicite de la décision très attendue du groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire (UNWGAD), qui reconnaît le caractère arbitraire de la détention de José Rubén Zamora et appelle à sa libération immédiate. Cette position contraste fortement avec le récent refus d'un tribunal guatémaltèque d'autoriser l'assignation à résidence de Zamora. Ce qui souligne la nécessité urgente d'accroître la pression internationale en faveur de la libération de Zamora.
Ce mardi 2 juillet a été publié un avis adopté par l'UNWGAD le 17 mai, détaillant de sérieuses préoccupations dans l’affaire du fondateur et directeur de publication du quotidien elPeriódico Jose Rubén Zamora. Il conclut que la "solution appropriée serait de libérer immédiatement M. Zamora" et de l’indemniser.
"La détention de M. Zamora est le résultat de l'exercice légitime du droit à la liberté d'expression", peut-on lire dans l'avis. Par conséquent, "il n'y a pas lieu d'organiser un procès". L'avis note que la “solution appropriée serait de libérer immédiatement M. Zamora" et de "lui accorder une indemnisation", ajoutant que le gouvernement guatémaltèque devrait "prendre des mesures appropriées contre les personnes responsables de la violation de ses droits".
"Nous nous félicitons de cette décision cruciale du groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire, qui confirme la nature arbitraire de la détention de Jose Rubén Zamora et appuie l'appel à sa libération immédiate. À la lumière des récentes décisions contradictoires des tribunaux guatémaltèques, il est clair qu'une pression internationale accrue est essentielle pour garantir sa libération avant que sa situation ne se détériore davantage. Nous demandons à nouveau la libération immédiate de Jose Rubén Zamora et la fin de la criminalisation flagrante du journalisme au Guatemala.
Cette position ferme de l'UNWGAD et son appel à la libération immédiate de Jose Rubén Zamora contrastent fortement avec la décision de la deuxième chambre d'appel pénal du Guatemala, le 27 juin, de refuser la demande de libération du directeur de publication de 67 ans pour une assignation à résidence. RSF a condamné cette décision, qui représente un revers dans la procédure judiciaire nationale après une victoire le 15 mai, lorsque la neuvième cour pénale du Guatemala avait accepté la demande de mesures de substitution de Zamora – avec la réserve que des décisions similaires étaient nécessaires dans deux autres affaires contre lui pour permettre sa libération en résidence surveillée. Jose Rubén Zamora reste emprisonné, huit mois après que sa condamnation pour blanchiment d'argent a été annulée en octobre.
Ces décisions contradictoires mettent en évidence un schisme au sein du houleux système judiciaire du Guatemala. Depuis l'investiture du président Bernardo Arévalo en janvier, le système judiciaire est soumis à une pression croissante pour mettre fin à son héritage de corruption systémique. L'UNWGAD est le dernier organisme international en date à s'intéresser à la situation, après les interventions en mai du bureau du rapporteur spécial pour la liberté d'expression de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, qui a demandé au gouvernement guatémaltèque de fournir des mises à jour régulières sur la situation de Jose Rubén Zamora.
Le fils du journaliste, Jose Carlos Zamora, devrait tenir une conférence de presse sur les derniers développements le 5 juillet au Festival Gabo 2024 à Bogota, en Colombie, où des représentants de RSF seront également présents. Jose Rubén Zamora recevra le prestigieux prix Gabo 2024 pour l'excellence en journalisme lors du festival.
L'UNWGAD est un organe composé d'experts indépendants en matière de droits de l'homme qui enquêtent sur les cas d'arrestation et de détention arbitraires, et constitue l'une des principales autorités internationales en la matière. L'avis a été émis par quatre de ses experts : Matthew Gillett (Nouvelle-Zélande), Ganna Yudkivska (Ukraine), Priya Gopalan (Malaisie) et Mumba Malila (Zambie). RSF a saisi l'UNWGAD sur des dizaines de cas préoccupants, et a soumis une lettre de soutien à la plainte déposée par les avocats de Jose Rubén Zamora dans le cadre de la campagne de RSF #FreeZamora.
Le Guatemala est classé 138e sur 180 pays dans le 2024 World Press Freedom Index de RSF.