L'imprimerie d'Etat refuse d'imprimer le journal Mutations
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Reporters sans frontières proteste contre le refus de la Société de presse et d'édition du Cameroun (SOPECAM, société publique) d'imprimer le seul quotidien privé du pays Mutations.
"On revient à un système de censure préalable. La décision de la SOPECAM prouve que les autorités gardent un véritable contrôle sur le secteur de l'information et que la censure n'a pas encore été totalement abolie dans ce pays", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. "Alors que le Cameroun avait fait des progrès conséquents en matière de liberté de la presse en 2002, la situation s'est nettement dégradée en quelques mois. L'élection présidentielle de l'an prochain n'y est certainement pas étrangère", a-t-il ajouté.
Dans la nuit du 13 avril, la disquette qui contenait l'édition du 14 avril du journal Mutations avait été saisie dans les ateliers de la Société de presse et d'édition du Cameroun (SOPECAM) par la gendarmerie. La directrice de la société publique, Marie-Claire Nnana, a expliqué que, selon la loi sur la presse de 1990, l'imprimeur est considéré comme auteur des infractions commises par voie de presse. "Nous avons l'obligation de veiller à nos intérêts", a ajouté Mme Nnana dans l'éditorial du 17 avril du quotidien gouvernemental Cameroon Tribune, dont elle est également la directrice de publication.
Le 15 avril, Haman Mana, le directeur de la publication de Mutations, avait été interpellé pendant quelques heures en compagnie de deux collaborateurs du journal. Joint par Reporters sans frontières, Haman Mana a déclaré que Mutations était désormais fabriqué par une imprimerie privée, dont le nom est tenu secret "pour des raisons de sécurité". L'édition du 17 avril est parue normalement.
Le numéro de Mutations du 14 avril (disponible sur le site www.quotidienmutations.net) comportait un dossier consacré à la succession du chef de l'Etat, Paul Biya. Le journal titrait en Une : "Après-Biya : incertitudes de fin de règne". Peu avant son interpellation, Haman Mana avait confié à l'AFP que ce dossier semblait être à l'origine de la saisie.
La prochaine élection présidentielle au Cameroun doit avoir lieu en 2004. Le président de la République, au pouvoir depuis 1982, n'a pas encore fait savoir s'il se représenterait pour un nouveau mandat.
Publié le
Updated on
20.01.2016