Après six jours de captivité, les deux reporters philippins Carlo Lorenzo et Gilbert Ordiales ont été libérés par leurs ravisseurs, vraisemblablement d'anciens rebelles musulmans. Les journalistes n'ont pas été maltraités, mais l'un d'entre eux a affirmé avoir eu peur d'être "décapité".
Le 7 octobre, la police de la province de Sulu a inculpé Hadja Jarma Mohammad Imran, plus connue sous le nom de Hadja Lyn, pour l'enlèvement des deux reporters de la télévision GMA qu'elle guidait sur l'île de Jolo. "Elle est maintenant derrière les barreaux", a déclaré un responsable de la police au quotidien Daily Inquirer. Pour sa part, Hadja Lyn, qui collabore avec l'armée pour le désarmement des groupes armés sur l'île de Jolo, clame son innocence et accuse trois membres du Front national de libération moro, intégrés au 104e bataillon de l'armée philippine, d'être les instigateurs du kidnapping des journalistes. Elle a notamment cité le nom du capitaine Alex Musngi.
Hadja Lyn a été inculpée en l'absence de son avocat et refusé de signer plusieurs dépositions. Elle en appelle à Carlo Lorenzo, journaliste de la chaîne GMA, pour qu'il témoigne en sa faveur.
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Le 3 octobre, le reporter Carlo Lorenzo et le cameraman Gilbert Ordiales ont été libérés après six jours de captivité dans les montagnes de l'île de Jolo à l'extrême sud des Philippines. Ils ont été conduits auprès du gouverneur provincial de Sulu. Les deux hommes ont été retrouvés sains et saufs non loin du lieu de leur enlèvement après l'intervention d'officiels locaux. La chaîne de télévision GMA a démenti toute rumeur selon laquelle une rançon aurait été versée aux ravisseurs.
Les kidnappeurs n'ont pas été formellement identifiés. Il s'agirait vraisemblablement d'anciens rebelles musulmans du Front de libération nationale moro tombés dans le banditisme. Carlo Lorenzo et Gilbert Ordiales ont été menacés d'une arme par les rebelles qui les ont dépouillés de leurs effets personnels de valeur, mais ils affirment n'avoir été victimes d'aucun mauvais traitement. Carlo Lorenzo a ainsi déclaré à la presse :"J'ai cru qu'ils allaient nous tuer, nous décapiter, mais nous sommes sains et saufs". Sept personnes sont toujours détenues en otage dans l'île de Jolo.
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Reporters sans frontières exprime sa vive inquiétude à la suite de la disparition sur l'île de Jolo (extrême sud des Philippines) du reporter Carlo Lorenzo et du cameraman Gilbert Ordiales, de la chaîne de télévision GMA. On est sans nouvelles des deux journalistes philippins depuis le 28 septembre. "Les événements des dernières années sur cette île troublée par la guérilla et le banditisme, nous font craindre une nouvelle prise d'otage", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières. L'organisation de défense de la liberté de la presse lance un appel aux dirigeants du Front de libération nationale moro, suspectés d'être les auteurs de cette possible prise d'otage, afin que les deux reporters puissent quitter libres l'île de Jolo.
Selon Reporters sans frontières, au moins vingt-sept reporters étrangers et philippins ont été retenus en otages par les rebelles musulmans et les bandits qui sévissent sur l'archipel de Sulu, depuis mai 2000.
Les journalistes Carlo Lorenzo et Gilbert Ordiales, de la chaîne de télévision privée GMA, se sont rendus, le 28 septembre, dans la ville d'Indanan afin d'interviewer trois otages indonésiens ou le chef du groupe armé qui les retient. Selon la police, ils devaient rencontrer Arola Abubakar, un des leaders du Front de libération nationale moro (MNLF, rebelles musulmans). Les deux reporters ont rencontré leur premier contact, Jalma Abdurajak, dans le village d'Ommol Quid, près de Barangay Buansa. Le groupe s'est alors rendu à Barangay Talibang où Arola Abubakar et ses hommes les ont interceptés. Les rebelles les ont conduits à pied dans l'un de leurs camps proche de Barangay Kagay. Le chauffeur de Carlo Lorenzo et Gilbert Ordiales a alors perdu toute trace d'eux. Le 1er octobre, l'armée philippine a entamé des recherches dans la région d'Indanan.
Depuis plusieurs années, les autorités, notamment l'armée, déconseillent vivement aux médias nationaux et internationaux de travailler sur l'archipel de Sulu, théâtre de fréquents affrontements entre les groupes armés, notamment le groupe Abu Sayyaf, et les forces de sécurité. Les journalistes sont régulièrement rackettés ou détenus en otages comme Andreas Lorenz, Maryse Burgot, Jean-Jacques Le Garrec et Roland Madura, en juillet 2000, ou Arlyn de la Cruz, en janvier 2002.