Libération d'Arlyn de la Cruz
Organisation :
Le 27 avril 2002, Arlyn de la Cruz, retenue en otage depuis près de cent jours sur l'île de Jolo, est libérée par ses ravisseurs. Selon l'agence de presse AFP, un responsable du renseignement a déclaré qu'une rançon de près de 43 000 euros aurait été versée en faveur de sa libération. La sénatrice Loren Legarda, qui a mené les négociations, a nié cette version des faits.
Arlyn de la Cruz a, quant à elle, révélé connaître l'identité de ses ravisseurs, mais a préféré consulter sa famille et la communauté chrétienne à laquelle elle appartient avant de rendre ces informations publiques. Selon la reporter de la chaîne de télévision Net 25, il ne s'agirait pas de membres du groupe Abu Sayyaf mais d'anciens membres du groupe séparatiste Front Moro de libération nationale, intégrés depuis au sein des forces armées. Le lieutenant général Roy Cimatu, chef de l'état-major du Sud, a ordonné l'ouverture d'une enquête préliminaire et déclaré que "les militaires qui auraient été impliqués dans l'affaire feront certes l'objet de sanctions administratives mais seront également poursuivis en justice".
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11.04.2002 -Une reporter enlevée depuis près de trois mois sur l'île de Mindanao
Reporters sans frontières exprime sa très vive inquiétude après la confirmation de l'enlèvement, il y a près de trois mois, de Arlyn de la Cruz par des bandits sur l'île de Mindanao. Bien que les circonstances exactes de l'enlèvement de cette journaliste ne soient pas encore très claires, RSF lance un appel à ses ravisseurs pour une libération immédiate. RSF demande également aux autorités philippines de localiser et négocier la libération de la journaliste connue pour ses reportages sur la guérilla islamiste Abu Sayyaf.
Selon les informations recueillies par RSF, le journal Inquirer a publié, le
8 avril 2002, une lettre écrite de la main d'Arlyn de la Cruz, reporter du quotidien Inquirer et de la chaîne de télévision privée Net25, dans laquelle elle affirme avoir été enlevée en janvier par des rebelles armés sur l'île de Jolo (sud du pays). La journaliste a été vue pour la dernière fois, le 19 janvier 2002, à l'hôtel Orchid Garden à Zamboanga (sud-ouest de l'île de Mindanao). Depuis cette date, plusieurs rumeurs ont circulé à son sujet. Certains ont affirmé qu'elle était dans la jungle avec les Abu Sayyaf, d'autres qu'elle avait monté un faux enlèvement afin d'attirer l'attention des médias sur elle. Au mois de février, les autorités philippines ont commencé à enquêter sur la disparition d'Arlyn de la Cruz. La version officielle voulait que les Abu Sayyaf aient enlevé la journaliste pour un différend financier. Enfin, Net25 et Inquirer ont affirmé avoir reçu, surtout en février, des appels téléphoniques d'une femme affirmant être Arlyn de la Cruz.
Dans la lettre reçue récemment par son journal, la journaliste affirme avoir été kidnappée par des dissidents de la guérilla du Front moro de libération nationale (MNLF) sur l'île de Jolo. Les bandits auraient tué son guide, un membre d'Abu Sayyaf. Après avoir constaté que la journaliste ne transportait pas la rançon demandée par Abu Sayyaf pour la libération des otages américains, les bandits l'auraient déshabillée et giflée. Après avoir menacé de l'exécuter pendant plus de deux semaines, les bandits l'auraient remise à un autre groupe armé. Celui-ci aurait tout d'abord exigé une rançon de plus de quarante millions de pesos (près de neuf cent mille euros) pour descendre à onze millions de pesos. Dans cette même lettre, Arlyn de la Cruz, craignant pour sa vie, demande l'aide de la communauté journalistique.
Arlyn de la Cruz, mère de deux enfants, est connue aux Philippines pour avoir réussi à plusieurs reprises à interviewer des dirigeants d'Abu Sayyaf. En mai 2000, elle avait filmé le couple d'otages américains toujours détenu par Abu Sayyaf. De nombreux journalistes ont très vivement critiqué Arlyn de la Cruz pour sa proximité avec les Abu Sayyaf et sa recherche du scoop à tout prix. Dans sa lettre, elle affirme à ses collègues journalistes : "Vous m'avez jugée, accusée et crucifiée. Mais je ne vous le reproche pas. Je comprends notre industrie et j'ai aussi compris que votre couverture se limite à un point de vue limité de cette histoire."
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20.01.2016