"Les restrictions à la presse étrangère sont anticonstitutionnelles"
Organisation :
Le 26 novembre, la Cour constitutionnelle a dénoncé le décret présidentiel du 10 septembre dernier (décret 2002) instituant des "zones spéciales de réhabilitation et consolidation". D'après cette haute instance, plusieurs dispositions de ce texte sont anticonstitutionnelles. Parmi celles-ci, l'obligation faite aux journalistes étrangers ou aux journalistes colombiens affiliés à des médias internationaux de demander une autorisation au ministère de l'Intérieur pour se rendre dans les zones concernées. Selon les magistrats, "aucun journaliste, colombien ou étranger, n'est obligé de demander une autorisation de cette nature parce qu'elle porte atteinte à la liberté de la presse et d'information garantie par la Constitution".
La Cour constitutionnelle a par ailleurs déclaré non conformes à la Constitution les pouvoirs de police judiciaire attribués à l'armée dans ces zones ainsi que le recensement de la population. Dans une lettre adressée le 18 septembre au président Uribe Vélez, Reporters sans frontières s'était inquiétée "des conséquences sur le secret des sources" de l'autorisation donnée à l'armée de procéder à des arrestations, perquisitions et écoutes téléphoniques. "De telles mesures ne peuvent s'appliquer aux journalistes sans remettre en cause la neutralité de la presse", avait déclaré l'organisation.
Enfin, la Cour constitutionnelle a dénoncé le décret présidentiel du 21 septembre par lequel le président Uribe Vélez a créé deux zones spéciales, regroupant 29 communes, dans le nord du pays. Selon la Cour, de telles zones peuvent être instituées non par un décret présidentiel mais par un décret législatif, signé par l'ensemble des ministres du gouvernement.
___________________________________
28.10.2002 - Reporters sans frontières dénonce l'obligation faite aux journalistes de posséder un permis officiel pour pénétrer dans les zones sous contrôle militaire
Le 24 octobre 2002, le gouvernement colombien a annoncé que les correspondants de presse étrangère accrédités en Colombie devaient désormais posséder une autorisation officielle pour pénétrer dans les zones sous contrôle militaire. Ces zones ont été officiellement créées dans le cadre de l'état d'exception décrété le 12 août 2002 par le nouveau président pour lutter contre des groupes armés.
Pour Reporters sans frontières, il s'agit d'une restriction à la liberté de mouvement dans la mesure où les journalistes seront obligés d'attendre qu'on leur octroie un laisser-passer avant de se rendre dans ces zones. Cette disposition est également contraire à l'article 13 de la Convention interaméricaine des droits de l'homme garantissant la liberté de circulation des journalistes. Reporters sans frontières dénonce ce pas en arrière de la part du gouvernement colombien qui s'était engagé, le 16 septembre, à remettre un laissez-passer définitif ou bien valable plusieurs mois à l'ensemble des journalistes étrangers accrédités à Bogotá. Les autorisations dorénavant octroyées le seront pour une durée limitée et pour des trajets bien précis.
Ricardo Galán, chef du service de presse de la présidence, a précisé que le ministère de l'Intérieur serait en charge de l'octroi de ces autorisations. Ce même ministère informera les gouverneurs des provinces et les autorités concernées de la présence des journalistes sur le terrain. Il a ajouté que les autorisations ne seraient octroyées qu'aux représentants des médias dûment accrédités auprès du service de presse internationale de la présidence tout en soulignant le risque élevé encouru par les journalistes qui pénétreraient dans de telles zones. Enfin, cette mesure s'appliquera de la même manière pour les journalistes colombiens affiliés à des médias internationaux.
Publié le
Updated on
20.01.2016