Reporters sans frontières s'inquiète de la création d'une commission pour contrôler les sites d'informations jugés "illégaux". Depuis plus de deux ans maintenant, les durs du régime n'apprécient pas l'esprit de liberté insufflé par le Réseau et tentent de l'encadrer.
Début janvier, une commission dominée par les conservateurs a été créée pour contrôler les sites d'informations jugés "illégaux".
Reporters sans frontières s'inquiète de la création de cette nouvelle instance et tout particulièrement du fait que certains de ses membres appartiennent au ministère des Renseignements. Depuis plus de deux ans maintenant, les durs du régime n'apprécient pas l'esprit de liberté insufflé par le Réseau et tentent de l'encadrer. Nul doute que la création de cette commission a pour but de sanctionner les sites d'informations, en plein essor depuis la fermeture des journaux, qui font preuve d'une réelle liberté de ton. Au moins 90 journaux, dont la moitié sont des quotidiens, ont, en effet, été suspendus depuis avril 2000.
Cette commission qui regroupe des représentants des ministères de la Culture et des Renseignements, ainsi que de la Radio et Télévision d'Etat, doit fournir la liste des sites "illégaux" au ministère des Postes et Télécommunication. Cette décision a été prise lors d'une réunion du Haut Conseil de la révolution culturelle présidée par le tout puissant chef de l'autorité judiciaire, l'ayatollah Mahmoud Sharoudi. Le 2 janvier, Ali Younessi, ministre des Renseignements, avait dénoncé "la guerre larvée" menée à travers les sites Internet qui "diffusent des rumeurs et de la désinformation sur tous les responsables et les organes du pouvoir".
Suite à la fermeture de dizaines de journaux en 2000, les réformateurs ont créé des sites comme Emrooz.org, Rouydad.com ou Alliran.net qui offrent l'avantage de fournir une information plus libre. De leur côté, les conservateurs ont utilisé la Toile à des fins de propagande. Ainsi, des sites d'informations comme Daricheh.org, Jebhe.com ou encore Bionvan.com véhiculent les idées des durs du régime.
L'arrivée au pouvoir, en 1997, du président réformateur Mohammad Khatami avait fait souffler un vent d'espoir sur la Toile nationale, qui s'était développée dès 1994. Si la croissance du nombre de fournisseurs d'accès, d'internautes et de cybercafés (environ 1 500 dans la seule capitale) est indéniable, la censure n'a pas été abolie. Les fournisseurs d'accès privés doivent, pour exercer leurs activités, obtenir un agrément des ministères des Renseignements et de l'Orientation islamique. Ils disposent, par ailleurs, d'un système de filtrage des sites et des courriers électroniques. En mai 2001, quatre cents d'entre eux avaient été fermés à Téhéran. Depuis, une partie a rouvert. En novembre 2001, le Haut Conseil de la révolution culturelle, dirigé par le président Mohammad Khatami mais dominé par les conservateurs, a décrété que toutes les sociétés privées offrant un accès à Internet devaient démanteler leurs installations ou transférer leur matériel vers le secteur public. Ce décret est entré en application en fin d'année.