Après les journaux, c'est au tour des publications en ligne de subir le harcèlement des autorités. Le juge Saïd Mortazavi a notamment annoncé la fermeture prochaine du site d'information www.emrooz.ws, lié au courant réformateur. Reporters sans frontières demande aux juges conservateurs de cesser leur censure idéologique de la Toile.
Après les journaux, c'est au tour des publications en ligne de subir le harcèlement des autorités. Le juge Saïd Mortazavi a notamment annoncé, le 23 février 2004, la fermeture prochaine du site d'information www.emrooz.ws, lié au courant réformateur.
Reporters sans frontières condamne cette déclaration et demande que cette publication soit de nouveau accessible en Iran. "Le Net est aujourd'hui largement utilisé par les Iraniens pour accéder à une information indépendante, malgré le contrôle exercé par les autorités. Nous demandons aux juges conservateurs de cesser leur censure idéologique de la Toile, qui s'est manifestement intensifiée pendant cette période électorale", a déclaré l'organisation.
Emrooz est bloqué en Iran depuis le début l'année. Il est cependant toujours accessible à partir de l'étranger. La décision du juge Mortazavi devrait entraîner prochainement la fermeture complète de ce site d'information, déclaré "nuisible à la sécurité" du pays.
Le journal en ligne indépendant www.gooya.com, très apprécié des internautes du pays, a également été ajouté, début janvier, à la "black list" du Net iranien. Selon nos informations, l'ordre de blocage aurait été levé depuis. Les weblogs - pages personnelles ou collectives où des internautes commentent l'actualité - sont également soumis à la censure des conservateurs. Parmi la cinquantaine de ces mini-sites commentant l'élection iranienne, on peut citer http://sobhaneh.com et un weblog collectif "d'information sur le boycott" (http://home.c2i.net/hasanagha/tahrim/tahrimmajles01.htm).
De même, le site d'information www.rouydad.ws est harcelé par les autorités. Il a été l'objet d'attaques informatiques qui l'ont rendu inaccessible pendant plusieurs jours. Rouydad.ws a ensuite été officiellement bloqué par les autorités depuis le 18 février 2004 et pourrait être finalement fermé dans les prochaines semaines.
Enfin, le site de Reporters sans frontières, fbpqwhtvgo.oedi.net (disponible en persan), a été récemment ajouté à la liste des sites filtrés. Il est donc aujourd'hui inaccessible en Iran.
Comme l'a dénoncé l'organisation dans son précédent rapport sur la liberté d'expression sur Internet (à consulter sur www.internet.ltpszjrkmr.oedi.net), l'Iran est un pays très répressif envers la Toile et les responsables de publications en ligne. La censure, officiellement destinée à protéger la population contre des contenus immoraux, s'est rapidement étendue aux informations politiques. Il est d'ailleurs aujourd'hui plus facile d'accéder, sur le Net iranien, à des sites pornographiques qu'à des publications réformatrices censurées.
Selon des informations recueillies par Reporters sans frontières, des délégations officielles seraient en visite en France et en Allemagne, à la demande des autorités, afin de renouveler le matériel de contrôle du Réseau de la République islamique d'Iran.