Les auteurs de l'assassinat de Géorgiy Gongadze identifiés
Organisation :
Les procureurs ukrainiens en charge de l'affaire Gongadze ont rendu publics, le 8 août 2005, les noms des trois officiers de police soupçonnés d'être responsables de la mort du journaliste Géorgiy Gongadze, assassiné il y a bientôt cinq ans.
Le bureau du procureur général a annoncé dans une déclaration que Valeriy Kostenko, Mikola Protasov et Oleksandr Popovych sont accusés d'avoir enlevé et tué le journaliste. Le quatrième suspect, Olexi Pukach, est toujours sous le coup d'un mandat d'arrêt international. Les procureurs ont annoncé qu'ils commenceraient les travaux sur l'identification des commanditaires de l'assassinat dès que l'enquête concernant les exécutants serait conclue.
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14 avril 2005 Révélations dans l'assassinat de Géorgiy Gongadze
Les deux colonels ukrainiens arrêtés le 1er mars 2005 dans le cadre de l'assassinat de Géorgiy Gongadze, dont l'identité n'a pas encore été révélée, ont déclaré à la justice que le général Olexi Poukatch, ancien chef du service de renseignements du ministère de l'Intérieur, aurait lui-même étranglé le journaliste. C'est ce qui ressort d'un entretien accordé par le général Victor Shokin, vice-procureur à Kiev, au quotidien Segodnia, le 12 avril 2005.
Ainsi, le général Poukatch, déjà soupçonné d'avoir ordonné la destruction de documents relatifs à des personnes, vraisemblablement des policiers qui avaient suivi le journaliste plusieurs mois avant sa mort, serait impliqué personnellement et directement dans le meurtre du rédacteur en chef de l'Ukrainska Pravda. Résidant vraisemblablement en Israël à l'heure actuelle, Olexi Poukatch est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour du district de Pecherski à Kiev depuis le 24 janvier 2005.
Les deux suspects détenus actuellement par la justice ukrainienne, plus une troisième personne dont on ne connaît pas non plus l'identité, pour le moment assignée à résidence à Kiev, sont poursuivis en vertu de l'article 93 du code pénal ukrainien pour « assassinat avec circonstances aggravantes », en l'espèce « en réunion ». Cette infraction était, jusqu'à la signature par l'Ukraine du protocole 6 de la Convention européenne des Droits de l'homme en février 2000, passible de la peine de mort.
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31 mars 2005 L'affaire Gongadze devant la Cour européenne des droits de l'homme
La Cour européenne des droits de l'homme a déclaré recevable, le 31 mars 2005, la requête introduite par Myroslava Gongadze, la veuve de Géorgiy Gongadze. Celle-ci reproche aux autorités ukrainiennes d'avoir « négligé d'enquêter sur cette affaire de manière cohérente et effective » et d'avoir failli à « protéger la vie de son mari ». Résidant actuellement à Arlington, aux Etats-Unis, la veuve du journaliste ukrainien assassiné en septembre 2000 a invoqué les articles 2 (droit à la vie), 3 (interdiction des traitements inhumains et dégradants) et 13 (droit à un recours effectif) de la Convention européenne des droits de l'homme.
Le même jour, Olexandre Tourtchinov, chef du SBU (services secrets ukrainiens), a confirmé la thèse du suicide de Iouri Kravtchenko. L'ancien ministre de l'Intérieur avait été retrouvé mort le 4 mars 2005, dans son garage, avec deux balles dans la tête, alors qu'il devait être interrogé l'après-midi même par le parquet de Kiev dans le cadre de l'affaire Gongadze. Olexandre Tourtchinov a déclaré qu' « aucune autre version que le suicide n'existe aujourd'hui ».
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15 mars 2005 Affaire Gongadze : l'ancien Président Léonid Koutchma entendu par la justice
Léonid Koutchma a été interrogé par le bureau du procureur général ukrainien, le
10 mars 2005, dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat du journaliste Géorgiy Gongadze. Aucune information n'a filtré de l'audition, l'ancien président s'étant contenté de rejeter publiquement toute implication dans ce crime. Par ailleurs, Mykola Tomenko, adjoint du Premier ministre Ioulia Timochenko, a rencontré, le
8 mars à Varsovie, un ancien agent des services de sécurité de Léonid Koutchma, Mykola Melnichenko, pour évoquer la question des enregistrements qui auraient été effectués dans les bureaux présidentiels avant l'assassinat de Gongadze. L'ancien agent témoignerait éventuellement devant la justice.
Parallèlement, le procureur a inculpé, le 7 mars, deux colonels, une semaine après qu'ils avaient été convoqués par la justice afin d'être interrogés.
Le gouvernement a également confirmé le projet de Viktor Iouchtchenko de se rendre durant le mois d'avril à Washington afin de rencontrer Mykola Melnichenko, réfugié aux Etats-Unis depuis 2001.
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7 mars 2005
Polémique autour du « suicide » de l'ex-ministre de l'Intérieur
Léonid Koutchma dans la ligne de mire
Dans une lettre posthume, Iouri Kravtchenko, ex-ministre ukrainien de l'Intérieur et témoin clef dans l'affaire Gongadze, retrouvé mort le 4 mars au matin, imputerait son suicide à l'ancien président Léonid Koutchma et à son entourage. Ce dernier, vers qui tous les regards se sont tournés, a écourté ses vacances en République tchèque pour rentrer le 5 mars à Kiev, conscient de devoir être entendu par la justice. Depuis 2000, l'opposition aujourd'hui au pouvoir accuse Léonid Koutchma d'avoir commandité le meurtre de Géorgiy Gongadze. L'ancien président a déclaré être innocent « devant Dieu, devant les gens et devant sa conscience ».
Témoignage d'un ancien officier
Par ailleurs, Mykola Melnichenko, ancien officier de la garde présidentielle ukrainienne exilé aux Etats-Unis et auteur d'enregistrements audio qui compromettaient l'ex-président ukrainien dans le meurtre du journaliste, a déclaré le
6 mars ne pas croire à la thèse du suicide de Iouri Kravtchenko. Il a mis en cause la responsabilité de Léonid Koutchma, mais aussi de Volodymir Litvine, président du Parlement, et de Sviatoslav Piskoun, procureur général, dans le dossier Gongadze. Il a ajouté, depuis Varsovie, où il devait rencontrer des responsables ukrainiens dans l'éventualité de son retour à Kiev pour témoigner, craindre encore plus pour sa vie aujourd'hui.
La presse dubitative
La presse ukrainienne s'interroge quant à elle, depuis le 5 mars, sur la véracité de la thèse du suicide de Iouri Kravtchenko. Selon le quotidien Komsomolskaya Pravda, dans son édition du 6 mars, « ce n'est pas un fait établi », étant donné, par exemple, que des traces de deux coups de feu ont été relevées sur la tempe de l'ex-ministre de l'Intérieur.
Dernier hommage à Kravtchenko
Le 7 mars au matin, une centaine de personnes, dont l'ancien président Léonid Koutchma, ont rendu un dernier hommage à Iouri Kravtchenko dans un théâtre du centre de Kiev. Aucun représentant du nouveau pouvoir n'était présent. Le parquet n'a toujours pas annoncé officiellement son intention d'entendre l'ancien président, de plus en plus soupçonné d'avoir orchestré, par l'intermédiaire de Kravtchenko, le meurtre en 2000 de Géorgiy Gongadze.
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4 mars 2005
Iouri Kravtchenko, appelé à témoigner dans l'affaire Gongadze, se serait suicidé
L' ancien ministre de l'Intérieur ukrainien, Iouri Kravtchenko, appelé par le parquet à témoigner dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de Géorgiy Gongadze, a été retrouvé mort, le jour même, dans sa maison de campagne de Kontcha Zaspé, au Sud de Kiev. Il se serait suicidé à l'aide de son arme personnelle, de deux balles dans la tête. Son corps a été retrouvé par des proches de l'ex-ministre tôt le matin, vêtu d'une veste chaude, avec des traces de blessure par balle sur la tempe. Iouri Kravtchenko avait été convoqué à 10 h par le parquet, en tant que témoin clef dans le dossier Gongadze. Viktor Iouchtchenko a estimé que Iouri Kravtchenko s'était « condamné » lui-même.
Après cette « mort mystérieuse », plusieurs députés communistes ont demandé, le 4 mars, l'arrestation immédiate de Léonid Koutchma, actuellement en vacances en République tchèque.
Un éditorialiste de la chaîne de télévision Kanal 5 avait estimé, le 3 mars au soir, que le parquet était loin d'avoir « levé toutes les zones d'ombre » et s'était surtout livré à un « coup de relations publiques » en déclarant que l'affaire était élucidée.
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3 mars 2005
Le procureur Piskoun confirme l'élucidation de l'affaire Gongadze
Le procureur Sviatoslav Piskoun a déclaré lors d'une conférence de presse à Kiev, le 2 mars 2005, que le commanditaire de l'assassinat de Géorgiy Gongadze est « connu des enquêteurs ». Il n'a toutefois pas dévoilé son identité. Afin d'écarter l'hypothèse d'un groupe ayant agi indépendamment d'un commanditaire, le responsable du parquet a précisé : « Les assassins ont exécuté un ordre criminel. »
Il a par ailleurs confirmé que deux des personnes arrêtées, le 1er mars, sont des « assassins directs » du journaliste. Il a également annoncé qu'une troisième personne avait reçu l'ordre de ne pas quitter Kiev et que le général Olexi Poukatch, ancien chef du service de renseignements du ministère de l'Intérieur, était recherché. Soupçonné d'avoir ordonné la destruction de documents relatifs à des personnes, vraisemblablement des policiers qui avaient suivi le journaliste plusieurs mois avant sa mort, le général avait été inquiété en 2003 dans le cadre de cette affaire, avant d'être blanchi.
Sviatoslav Piskoun a ajouté que Iouri Kravtchenko, ancien ministre de l'Intérieur du président Léonid Koutchma, sera interrogé dans le cadre de l'enquête, le 4 mars prochain.
Le procureur général a révélé des détails sur l'assassinat du journaliste. Selon les premiers résultats de l'enquête, Géorgiy Gongadze est mort « par étranglement ». Il aurait été enlevé en bas de chez lui, jeté dans une voiture « où il a été battu », avant d'être « aspergé d'essence et brûlé vif ».
Sviatoslav Piskoun s'est par ailleurs excusé publiquement auprès de la mère et de la famille de la victime sur les insuffisances de l'enquête depuis son début.
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1er mars 2005
Le président Iouchtchenko annonce avoir élucidé l'affaire Gongadze
Le président Viktor Iouchtchenko a déclaré à la presse, le 1er mars 2005, que les meurtriers de Georgiy Gongadze, disparu le 16 septembre 2000 et retrouvé décapité le 2 novembre 2000, avaient été arrêtés et que l'affaire était élucidée. Il n'a toutefois pas livré l'identité des meurtriers de l'ancien rédacteur en chef du journal en ligne Ukrainska Pravda (www.pravda.com.ua), très critique à l'égard de l'ancien pouvoir.
Le même jour, Oleh Yeltsov, le rédacteur en chef du journal Ukrayina Kryminalna (Ukraine Criminelle), a déclaré sur la chaîne Kanal 5, citant des sources policières anonymes, que la tête du journaliste avait été retrouvée dans un lac, proche du Dniepr, à la sortie de Kiev et que trois officiers de police avaient été arrêtés. Par ailleurs, les services de sécurité ukrainiens (SBU, ex KGB) ont arrêté, le 1er mars, deux individus qui seraient « directement impliqués » dans le meurtre du journaliste mais dont l'identité n'a pas été révélée. Le SBU a par contre refusé de confirmer que la tête de Géorgyi Gongadze avait bien été retrouvée.
« Nous nous félicitons que l'affaire Gongadze connaisse des avancées positives mais nous restons extrêmement prudents car cette affaire a connu un nombre incalculable d'erreurs et de rebondissements. Pendant quatre ans, nous avons constaté une accumulation de fautes, d'une gravité exceptionnelle, qui ont été commises tout au long de l'enquête judiciaire. Nous attendons maintenant des preuves tangibles qui permettraient de faire condamner les assassins. Le gouvernement doit garantir que cette enquête est menée en toute impartialité. »
Le président Viktor Iouchtchenko a déclaré, lors d'une conférence de presse à Kiev, le 1er mars : « L'affaire Gongadze est élucidée, des individus ont été arrêtés et sont passés aux aveux ». Il a par ailleurs déclaré : « Le pouvoir de l'ancien président Léonid Koutchma couvrait les assassins ». Ma tâche et celle des forces de l'ordre est d'aller jusqu'au bout, jusqu'au principal, qui est de remonter aux commanditaires, à ceux qui ont organisé et commandité ce crime », a souligné le président ukrainien, sans donner plus d'indications sur les responsables présumés de ce meurtre.
Viktor Iouchtchenko a, par ailleurs, précisé qu'il avait eu connaissance, le 28 février au soir, des circonstances terribles du meurtre du journaliste, après avoir visionné une cassette vidéo destinée aux commanditaires. « Il s'agit d'une mort horrible, pire qu'au Moyen Age. » Il s'est ensuite adressé à la mère du journaliste, qu'il avait rencontrée récemment : « Nous avons promis d'élucider cette affaire et nous l'avons fait. »
Le président Viktor Iouchtchenko n'a pas dévoilé l'identité des meurtriers de Géorgyi Gongadze. Selon les sources du journaliste Oleh Yeltsov, il pourrait s'agir du général Mykola Astion, ancien chef du département de lutte contre le crime organisé de Kiev, et de deux colonels qui auraient été arrêtés le 1er mars. Le SBU a refusé de confirmer ces informations, arguant du secret de l'instruction. Selon l'agence de presse Interfax, les services de sécurité ukrainiens auraient toutefois procédé à l'arrestation de deux personnes, le 1er mars, qui « seraient directement impliquées » dans le meurtre de Géorgiy Gongadze, citant une source au sein des forces de l'ordre.
La déclaration officielle de Viktor Iouchtchenko intervient quelques jours seulement après la publication d'informations contradictoires. Le 24 février, le président ukrainien avait déclaré, lors d'une conférence de presse à Strasbourg : « Les deux témoins dans l'enquête sur le meurtre de Géorgyi Gongadze ont été tués. Je possède toutefois des informations qui me permettent d'affirmer que le dossier peut avancer rapidement. Il s'agit d'une question d'honneur ». Le 27 février, Inna Kysel, porte-parole du ministère de l'Intérieur, avait annoncé à l'agence Interfax que les enquêteurs avaient identifié la voiture ayant servi à l'enlèvement du journaliste, ainsi que ses auteurs. Le 28 février, l'agence Associated Press a affirmé qu'un témoin clé de l'affaire Gongadze, escorté d'un policier, aurait été victime d'une agression à la grenade. Ce témoin, un certain Youri Nesterov, selon la chaîne Kanal 5, aurait été blessé quelques heures seulement après la déclaration d'Inna Kysel. Cette information n'a pas été confirmée depuis.
Publié le
Updated on
20.01.2016