Le système carcéral russe tue à petit feu la journaliste Iryna Danilovytch, privée de soins
L’état de santé de la journaliste ukrainienne Iryna Danilovytch, incarcérée en Russie après son arrestation en Crimée en avril 2022, se détériore. Reporters sans frontières (RSF) exhorte les autorités russes à lui donner accès aux soins de toute urgence et les tiendra pour responsables de sa mort si elle n’est pas soignée et libérée.
Troubles neurologiques, lésions cérébrales, perte de l’audition… L’état de santé d’Iryna Danilovytch se dégrade, selon les informations de son père reçues par RSF. Depuis son incarcération sous des charges fallacieuses, la journaliste indépendante de la péninsule ukrainienne de Crimée – région illégalement annexée par la Russie en 2014 – n’a pas accès aux médicaments envoyés par ses proches à la prison de Zelenokoumsk, dans le sud-ouest de la Russie, où elle est détenue depuis août 2023, après avoir été arrêtée en Crimée en avril 2022. Son cas est loin d’être isolé, les rares distributions de médicaments organisées par l’administration pénitentiaire locale étant insuffisantes pour répondre aux besoins du millier de prisonniers incarcérés. En octobre 2023, RSF avait déjà alerté sur l’état de santé fragile d’Iryna Danilovytch, qui nécessite un suivi médical régulier.
“Après son arrestation arbitraire par les forces russes d’occupation et sa condamnation à sept ans de prison dans un simulacre de justice, Iryna Danilovytch, privée de médicaments, endure désormais des conditions de détention inhumaines. RSF réclame un accès aux soins de toute urgence pour cette journaliste et tiendra les autorités russes pour responsables de sa mort si elle n’est pas soignée et libérée.
Pour réduire au silence les dernières voix indépendantes en Crimée
Infirmière de profession, Iryna Danilovytch a travaillé comme correspondante pour le site d’information locale InZhir-media, pour le média spécialisé sur les questions judiciaires Crimean Process, ou encore pour Krym.Realii, l’antenne locale du média américain Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL). Victime d’intimidation et de harcèlement de la part des autorités d’occupation russes depuis 2016, notamment pour ses publications sur les scandales sanitaires pendant la Covid-19, Iryna Danilovytch a été enlevée par les forces du renseignement intérieur russe (FSB) le 29 avril 2022, à un arrêt de bus de Koktebel, près de la ville de Feodossia en Crimée. Huit mois plus tard, elle a été condamnée par la Russie à sept ans de prison et à une amende de 50 000 roubles (environ 500 euros), pour des accusations fallacieuses de “fabrication, transport ou possession illégale d'explosifs”. Depuis, le système pénitentiaire russe, qui l’a éloignée géographiquement de sa famille, persécute la journaliste.
Depuis près de dix ans, les autorités russes réduisent au silence les dernières voix indépendantes en Crimée. À la suite de l’invasion russe à grande échelle de l’Ukraine le 24 février 2022, la pression contre les journalistes locaux s’est intensifiée, avec des arrestations et des condamnations arbitraires par le système judiciaire russe, en raison de leur travail.