Le Premier ministre Sheikh Hasina a accusé, mercredi 18 février 2015, le quotidien en langue anglaise The Daily Star de soutenir le groupe Hizb-ut-Tahrir, après la publication d’un article sur l’organisation politique radicale, interdite au Bangladesh. Reporters sans frontières (RSF) dénonce une violation flagrante du droit d’informer.
Le 11 février 2015, le
Daily Star a publié un article intitulé “Les fanatiques montrent à nouveau leur visage hideux” (Fanatics raise their ugly head again), décrivant la récente campagne d’affichage lancée par le groupe islamiste, appelant à la révolte au sein de l’armée bangladaise. L’article contenait une photo de l’un de ces posters affichés dans le quartier de Banglamotor, à Dacca.
Une semaine après, au cours d’une session parlementaire, le Premier ministre a annoncé que des “actions (NDLR: en justice) seraient prises contre ceux qui se font les clients d’Hizb-ut-Tahrir, en publiant leur poster”. Le 15 février, une plainte avait déjà été déposée par un avocat auprès de la cour des magistrats de Dacca, à l’encontre du rédacteur en chef du
Daily Star,
Mahfuz Anam, ainsi que du responsable des informations
Syed Ashfaqul Haque et du responsable de la photographie
SK Enamul Haq.
“
Nous condamnons ces réactions disproportionnées à l’encontre du Daily Star et demandons qu’aucune poursuite judiciaire ne soit lancée à l’encontre du média, déclare Benjamin Ismaïl, responsable du bureau Asie-Pacifique de Reporters sans frontières.
Couvrir les activités d’une organisation islamiste radicale, même si celle-ci a été déclarée illégale dans le pays, n’équivaut pas à leur apporter un soutien. Il suffit de regarder la couverture du groupe Etat islamique par les médias du monde entier, pour le comprendre. Le discours du Premier ministre est pour le moins étonnant et témoigne d’un déni flagrant du droit à l’information.”
Cette menace judiciaire survient dans un climat de tension accrue entre la presse et certains partis politiques, dont les partisans font preuve de violence à l’égard des journalistes. Les autorités ont également durci le ton avec les médias qu’elles jugent trop critiques à leur encontre.
Le Bangladesh, qui figure à la 146ème place sur 180 pays dans le
Classement mondial de la liberté de la presse publié le 12 février dernier, a vu la situation de la liberté de la presse se dégrader en 2014.