Le journaliste birman Maung Maung Myo condamné à six ans de prison pour des “actes terroristes”
Détenu depuis le mois de mai, le journaliste vient d’être condamné à six ans de prison pour avoir couvert la guerre civile qui ébranle son pays. Reporters sans frontières (RSF) s’alarme du rythme effréné des condamnations prononcées par le régime militaire et demande sa libération immédiate, ainsi que l’abandon de toutes les charges.
Son seul tort est de chercher à informer ses concitoyens. Vendredi 29 juillet, le journaliste indépendant Maung Maung Myo a été condamné à une peine de six ans de réclusion criminelle par un tribunal de la ville de Hpa-An, capitale de l’État Karen, à l’est de la Birmanie. Il est inculpé sur la base d’une prétendue violation de l’article 52(a) de la loi antiterroriste, qui permet de punir, sans plus de précision, tout acte qualifié de “terroriste”.
Le journaliste est détenu dans une prison de Hpa-An depuis le 10 mai dernier, à la suite de son arrestation à un poste de contrôle sur le fleuve Salouen. Alors qu’il se rendait dans la ville de Mandalay, au centre du pays, des policiers ont saisi son téléphone. Son compte Facebook contenait la trace de ses publications pour des médias interdits par la junte, de retour au pouvoir depuis le 1er février 2021. Ils y ont également trouvé des photos ainsi que des discussions du journaliste avec des membres des Forces de défense du peuple (PDF), la résistance armée citoyenne opposée au régime militaire.
“Après une phase d’arrestations et de violences systématiques contre les journalistes à la suite du coup d'État, la junte militaire procède depuis quelques semaines à une série de condamnations, dénonce Daniel Bastard, directeur du bureau Asie-Pacifique de RSF. Nous appelons le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Birmanie, Tom Andrews, à s’emparer du sujet de la répression des journalistes et à agir pour mettre fin à cette dérive alarmante.”
Correspondant régulier de l’agence de presse Mekong News et du média en ligne Human Color, Maung Maung Myo traite de thèmes politiques sensibles, comme la crise de la Covid-19 en Birmanie, ou encore des manifestations anti-junte et des affrontements entre militaires et Forces de défense du peuple dans l’État Karen.
Au mois de juillet, deux journalistes birmans ont également été condamnés après plusieurs mois de détention provisoire. Le reporter Aung San Lin et sa consœur Nyein Nyein Aye ont respectivement reçu une peine de six ans et de trois ans de réclusion, au motif d’actes “terroristes” et de diffusion de “fausses informations”.