Le chef d'état-major de l'armée menace d'interdire de parution certains journaux
Organisation :
Dans une lettre adressée au chef d'état-major de Forces de défense et de sécurité ivoiriennes, le général Philippe Mangou, Reporters sans frontières a « protesté énergiquement » contre les propos tenus, le 24 août 2005, lors d'une rencontre avec la presse, au cours de laquelle il a menacé « d'interdire de parution certains journaux » qui « ne travailleraient pas dans l'intérêt de la nation ».
« En tant que chef d'état-major (…), vous n'ignorez pas que la Côte d'Ivoire s'est librement dotée de structures civiles de régulation de la presse, a écrit l'organisation dans son courrier daté du 24 août 2005. En aucun cas, l'armée ne peut légalement prétendre à sanctionner les médias privés, sauf à dire qu'elle prend la responsabilité de dissoudre d'elle-même, illégalement, des institutions de la démocratie ivoirienne. Ainsi, quel est l''intérêt de la nation' dont vous estimez devoir prendre la défense en ordonnant la censure de journaux ? A nos yeux, il n'est assurément pas dans la reprise en main autoritaire, par l'armée, d'attributions qui ne lui appartiennent pas. »
« Nous n'ignorons pas quel rôle la presse joue dans la crise que traverse la Côte d'Ivoire », a ajouté Reporters sans frontières. Dans son courrier, l'organisation a rappelé les rapports de mission et les communiqués publiés depuis 2002, soulignant sa « désapprobation face au comportement de certains journaux, mais aussi de certaines radios ou chaînes de télévision » et décrivant « le rôle néfaste joué par certains médias » dans la crise que traverse le pays. « Ces constats n'ont fait que renforcer notre conviction que les mesures autoritaires, même motivées par la volonté de défendre l'intérêt de la nation, ne font en réalité que servir la violence », a écrit Reporters sans frontières.
« Ces menaces aggravent un climat de violence dont les journalistes ivoiriens et, à travers eux, une population mal informée, subissent suffisamment les conséquences depuis des années. Notre organisation vous demande solennellement d'assurer publiquement les journalistes de votre engagement à respecter les institutions et les procédures démocratiques prévues en Côte d'Ivoire si un conflit venait à vous opposer à la presse », a conclu l'organisation.
Publié le
Updated on
20.01.2016