La police désamorce un colis piégé à la rédaction de El País
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Le 12 décembre 2002, la police a désamorcé un colis piégé envoyé à la rédaction de El País à Barcelone. Les agents de sécurité ont alerté la police après avoir repéré le colis suspect lors d'un contrôle au scanner, effectué à la réception du courrier. Le colis piégé, contenant 50 grammes d'explosif, aurait dû exploser dès l'ouverture de l'enveloppe.
Reporters sans frontières s'indigne contre cette tentative d'attentat et exprime sa solidarité aux journalistes d'El País. "Une fois de plus, la presse espagnole est la cible des terroristes, après la longue série d'attentats au Pays basque. Tout doit être mis en œuvre pour lutter contre la banalisation de la violence envers les médias en Espagne. Cette bombe aurait pu faire des victimes parmi la cinquantaine de personnes qui se trouvaient à la rédaction au moment de l'attentat", a déclaré Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans frontières.
D'après les premiers éléments de l'enquête, le paquet piégé a été expédié de Milan (Italie) par un "groupe anticapitaliste". Le colis contenait un livre et une lettre, écrite en italien et signée par le groupe anarchiste "Les Cinq C" ("Cellule contre le capitalisme, les prisons, leurs geôliers et leurs cachots"). Le texte contient des menaces contre certaines "entreprises capitalistes" et réclame la libération des prisonniers détenus depuis plus de vingt ans. Ce groupe pourrait être lié à des groupes anarchistes italiens qui militent pour la libération des prisonniers soumis à un régime de détention spécial. Les anarchistes Claudio Lavazza et Giovanni Barcia, chefs présumés des "Cinq C", purgent une peine de prison de cinquante ans dans la prison de Huelva (sud de l'Espagne) pour l'assassinat de deux policiers en 1996. D'après la police italienne, la bombe aurait été envoyée à la rédaction catalane de El País afin d'obtenir un fort retentissement médiatique. La police attribue aux "Cinq C" la responsabilité de plusieurs attentats, notamment l'envoi d'un colis piégé à la chaîne de télévision italienne RT4, le 18 juillet 2001, qui avait fait un blessé léger.
La tentative d'attentat contre El País n'est pas sans rappeler celle contre le journaliste Jesus Maria Zuloaga, le 25 avril 2000. La police espagnole avait intercepté un colis piégé adressé au journaliste, au siège du quotidien madrilène La Razón. Le paquet, de la taille d'une cassette vidéo, avait été repéré lors d'un contrôle au scanner. La tentative d'attentat avait été revendiquée par un groupe baptisé "Les anarchistes", qui voulait ainsi faire acte de "solidarité avec les prisonniers, pour la libération des prisonniers malades" et réclamait "l'abolition des régimes d'isolement carcéraux". En 2000, sept colis piégés avaient été envoyés à des rédactions ou des journalistes espagnols.
Reporters sans frontières rappelle que les journalistes sont une cible privilégiée du terrorisme en Espagne. Au total, près d'une centaine de journalistes espagnols bénéficient d'une protection officielle ou privée et les médias multiplient les mesures de sécurité, notamment en s'équipant de vitres blindées et de scanners.
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Updated on
20.01.2016