La mort d'Harry Yansaneh bouleverse le monde de la presse
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Une autopsie a été pratiquée, le 29 juillet 2005, sur le corps du rédacteur en chef en exercice du quotidien indépendant For Di People, Harry Yansaneh, décédé la veille, à l'âge de 32 ans, après plus de deux mois d'hospitalisation.
Selon des sources locales, le médecin légiste, le docteur Orwizz Koroma, aurait confirmé que la mort du journaliste, très sévèrement battu le 10 mai par des hommes de main de la députée du parti au pouvoir, Fatmata Hassan Komeh, est due à un dysfonctionnement de ses deux reins.
Le 2 août, Reporters sans frontières a écrit à l'inspecteur général de la police, Brima Acha Kamara, pour lui demander qu'une enquête « sérieuse et rapide » soit enfin menée sur les événements ayant conduit à l'hospitalisation d'Harry Yansaneh. L'organisation a également souhaité obtenir une copie du rapport d'autopsie. Le journaliste a été enterré le 31 juillet, en présence de très nombreux confrères.
Parallèlement, Fatmata Hassan Komeh, accusée d'avoir ordonné le tabassage du journaliste, a été entendue par la Criminal Investigation Department (CID) à une date indéterminée. Le ministre de la Justice en avait été préalablement informé, conformément à la loi. Elle a été laissée en liberté après avoir fait une déposition.
Le 2 août, le superintendant du commissariat central de Freetown, Kalia Sesay, où Harry Yansaneh avait déposé la plainte qui n'avait connu aucune suite, a été suspendu de ses fonctions. Malgré tout, l'Association des journalistes de Sierra Leone (SLAJ) a annoncé, lors du point de presse hebdomadaire de la police, que la presse indépendante avait décidé de boycotter les activités de la présidence, du Parlement et de la police jusqu'à ce que l'affaire Yansaneh soit portée devant un tribunal.
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29.07.2005 - Mort du rédacteur en chef de For Di People : Reporters sans frontières demande une autopsie
Reporters sans frontières exprime sa tristesse à l'annonce du décès d'Harry Yansaneh, rédacteur en chef en exercice du quotidien For Di People, le 28 juillet 2005, deux mois après avoir été gravement blessé lors d'un passage à tabac par les hommes de main de Fatmata Hassan Komeh, député du parti au pouvoir. L'organisation demande aux autorités sierra-léonaises de diligenter au plus vite une enquête sérieuse, et notamment une autopsie, afin de déterminer les causes exactes de la mort du journaliste.
« La mort d'Harry Yansaneh, après trois mois d'hospitalisation, nous attriste et nous trouble, a déclaré Reporters sans frontières. Ses proches et ses confrères peuvent être assurés de la profonde solidarité de notre organisation. Il est inconcevable que la police trouve encore des prétextes pour ne pas se saisir de l'affaire et que les agresseurs de ce journaliste et leur commanditaire ne soient pas inquiétés. Afin d'identifier la cause réelle de la mort d'Harry Yansaneh, et de déterminer notamment s'il a succombé aux blessures qui lui ont été infligées par les hommes de main de Fatmata Hassan Komeh, une autopsie doit être pratiquée. »
Le 10 mai 2005, Fatmata Hassan Komeh, parlementaire et membre du SLPP (Sierra Leone People's Party, au pouvoir), avait ordonné à des hommes de main, dont des membres de sa famille, de passer à tabac Harry Yansaneh, rédacteur en chef en exercice du quotidien For Di People, pour avoir rapporté des commentaires négatifs sur le gouvernement. Ses deux fils, accompagnés de trois hommes, ont fait irruption dans la rédaction et ont tabassé le journaliste, chassé les employés de leurs bureaux, bloquant les accès à la rédaction et endommageant au passage le matériel. Harry Yansaneh avait été laissé sur place, le corps et le visage tuméfiés. Une plainte a été déposée, mais aucune suite n'a encore été donnée par la police. Selon certaines sources, plusieurs agresseurs du journaliste auraient, depuis, quitté le pays.
Le même jour, Mme Komeh avait contraint six journaux indépendants - The Independent Observer, For Di People, The African Champion, The Progress, The Pool et The Pioneer - à quitter les bureaux qu'ils louaient depuis plus de dix ans.
« Les autorités de Freetown doivent prendre conscience que cet épisode tragique est une blessure supplémentaire pour une profession déjà durement frappée par l'emprisonnement injuste de Paul Kamara, dont Harry Yansaneh assurait l'intérim à la tête de For Di People », a ajouté Reporters sans frontières. Le directeur et fondateur du journal purge, depuis octobre 2004, une peine de deux fois deux ans de prison pour « diffamation séditieuse », après avoir été attaqué en justice par le président Ahmad Tejan Kabbah.
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Updated on
20.01.2016