La justice refuse d'accorder un passeport international à Grigory Pasko
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Un tribunal de Moscou a rejeté, le 12 août 2003, la plainte en appel déposée par Grigory Pasko suite au refus de lui accorder un passeport international. Le journaliste avait déposé une demande officielle de visa, d'enregistrement et de passeport international le 12 mars.
Reporters sans frontières considère que ce refus de visa constitue une grave violation de la Constitution et de la loi fédérale russe, qui garantissent le droit du citoyen à entrer et à sortir librement du territoire de Fédération de Russie, sans exception pour les personnes ayant purgé des peines de prison. Dans un courrier adressé le 4 août au ministre de l'Intérieur, Boris Gryzlov, l'organisation avait demandé que les droits à la libre circulation et les droits administratifs de Grigory Pasko soient respectés.
La cour Lublinski de Moscou avait rejeté, le 24 juillet, la plainte déposée par M. Pasko, motivant ce refus par le fait que Grigory Pasko, libéré sous condition, ne peut prétendre à un droit de voyager à l'étranger avant le 25 avril 2004, terme de sa condamnation. Selon l'avocat du journaliste, Ivan Pavlov, ce refus est illégal, la décision du tribunal d'Oussouriisk (Extrême-Orient), du 23 janvier 2003, de libérer le journaliste sous condition ne faisant mention d'aucune privation de ses droits.
Grigory Pasko a bénéficié d'une remise de peine pour bonne conduite, à laquelle tout prisonnier a droit aux deux tiers de sa peine. Journaliste pour le magazine écologique Ekologiya i pravo et ancien correspondant pour le journal militaire Boevaya Vakhta, il avait été incarcéré pendant vingt mois entre 1997 et 1999, avant même d'avoir été jugé, puis condamné en 2001 à quatre ans de prison ferme pour espionnage et haute trahison. La justice l'avait reconnu coupable d'avoir illégalement participé à une réunion de l'état-major de la marine afin de recueillir des informations classées secrètes et de les transmettre à des médias japonais.
Grigory Pasko avait longuement enquêté et écrit des centaines d'articles sur la pollution provoquée par le quasi-abandon, avec la complicité du FSB (ex-KGB), des sous-marins nucléaires de l'armée russe. Il avait rendu publiques des images de déversement de déchets radioactifs liquides par la flotte russe en mer du Japon. Ces images, filmées alors qu'il était correspondant pour le journal militaire Boevaya Vakhta et diffusées par la télévision japonaise NHK, avaient suscité de vives réactions internationales.
Grigory Pasko, qui continue à lutter pour obtenir sa réhabilitation, a déposé un recours auprès de la Cour suprême russe et de la Cour européenne de droits de l'homme.
Lauréat du prix Reporters sans frontières - Fondation de France 2002 pour son combat contre la censure, Grigory Pasko était parrainé par plusieurs médias internationaux (M6, LCI, Le Nouvel Observateur, France Soir, RFI, Radio classique, France Culture, Phosphore, Le télégramme de Brest et de l'Ouest, le Club de la presse du Limousin, Essex Chronicle, Le Courrier, RTBF - Fréquence Wallonie et la Maison de la presse de Mons, Marianne, site inernet de l'Expansion, TVE-Television national espagnole, ABC, Cadena ser, Cambio 16, La Vanguardia, Association de la presse étrangère en Italie.
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Updated on
20.01.2016