La junte birmane condamne le journaliste Myo San Soe à une peine record de quinze ans de prison
Le journaliste indépendant Myo San Soe a été condamné à 15 ans de réclusion pour “terrorisme”, après plus d’un an de détention provisoire. Reporters sans frontières (RSF) condamne une nouvelle étape dans la terreur que pratique la junte birmane contre les acteurs de l’information.
C’est la plus longue peine infligée à un journaliste en Birmanie depuis que la junte a repris le pouvoir en février 2021. Le journaliste indépendant Myo San Soe a été condamné, le 30 novembre, à un total de quinze ans de réclusion criminelle pour “terrorisme” et “financement du terrorisme”, selon les termes des articles 50 (j) et 52 (a) de la loi contre le terrorisme.
La sentence a été prononcée derrière les murs de la prison de la prison de Pyapon, dans la région d’Ayeyarwady, dans le sud-ouest du territoire birman, où il était enfermé depuis son arrestation, le 29 août 2021. L’information, qui a émergé sur les réseaux sociaux en birman le lendemain de la condamnation, a pu être vérifiée par RSF.
“Quinze mois de détention provisoire pour aboutir à une peine de quinze ans de prison… Les tribunaux fantoches mis en place par la junte ne connaissent plus de limites dans l’arbitraire qui frappe les acteurs de l’information dans le pays, déplore le responsable du bureau Asie-Pacifique de RSF, Daniel Bastard. La peine record qui frappe Myo San Soe doit servir d’alarme. A moins de deux mois du deuxième anniversaire du putsch de février 2021, la communauté internationale ne peut plus regarder la Birmanie s’enfermer dans la terreur sans rien faire.”
Durcissement de la répression
Journaliste pour les agences de presse locales Ayeyarwaddy Times, BNI News et la Delta News Agency, toutes trois interdites au lendemain du coup d’Etat, Myo San Soe continuait de couvrir l’actualité du pays de manière indépendante. A ce titre, il entretenait des contacts avec des représentants des Forces de défense du peuple (PDF), le mouvement qui fédère les résistances armées à la Tatmadaw, l’armée birmane. Lors de son arrestation, la police a trouvé des traces de ces échanges en fouillant dans le téléphone du journaliste - un détail qui lui vaut son inculpation pour “terrorisme”.
La lourdeur de la peine qui le frappe est un nouveau signe du durcissement de la répression orchestrée par les généraux birmans contre l’ensemble de la presse dans le pays. Il y a deux semaines, Win Oo et Zaw Min Oo , deux journalistes qui travaillaient pour des pages web réputées proches de la junte, ont été jetés en prison pour avoir posé des questions qui ont déplu aux autorités lors d’une conférence de presse du ministère de l’Information.
Deuxième plus grande prison du monde pour les acteurs de l’information derrière la Chine, la Birmanie est, en chiffres relatifs, le pays qui emprisonne le plus ses journalistes par rapport à sa population.