Assassiné le 9 février 2008 à Algeciras, date de la Journée nationale du journaliste, Manuel Antonio Macías Carrera partageait son temps entre ses activités médiatiques et ses fonctions de conseiller municipal dans une zone exposée à la présence des FARC. Reporters sans frontières met en garde contre les écueils possibles dans l'enquête.
Reporters sans frontières est choquée par l'assassinat de Manuel Antonio Macías Carrera, de la station Radio Surcolombiana, tué par balles le 9 février 2008 à Algeciras (département du Huila, Sud-Est). La victime, âgée de 38 ans, siégeait depuis 2007 au conseil municipal de la même ville. Ce drame est intervenu à la date de la Journée nationale du journaliste.
“Est-ce le journaliste, un jour dédié à sa profession, ou l'homme politique qui a été assassiné ? Le cumul des deux activités a pu coûter la vie à Manuel Antonio Macías Carrera qui ne manquait pas d'ennemis potentiels, dans un contexte politique local tendu et alimenté par la présence des FARC dans la région. L'enquête doit éviter deux écueils : l'exclusion a priori de la piste professionnelle et une imputation trop rapide de cet assassinat à la guérilla, qui pourrait condamner l'affaire à demeurer impunie”, a déclaré Reporters sans frontières.
Dans la soirée du 9 février, Manuel Antonio Macías rentrait chez lui, accompagné de son fils de dix ans, après avoir assisté à des festivités religieuse dans le centre d'Algeciras, lorsque deux hommes ont ouvert le feu dans sa direction. Les assassins, circulant à moto, ont aussitôt pris la fuite. Le journaliste, atteint d'une balle dans la tête, a succombé à ses blessures dix minutes après son admission à l'hôpital.
Ancien journaliste sportif de la chaîne régionale de Neiva, la capitale du département du Huila, Manuel Antonio Macías partageait son temps entre deux émissions sur Radio Surcolombiana, et ses activités de conseiller municipal d'Algeciras.
Investi par le parti Union indigène afrocolombienne (UIA) et élu au scrutin régional d'octobre 2007, le journaliste militait pour que le conseil municipal dont il faisait partie revienne siéger à Algeciras et non plus à Neiva, où il avait été transféré pour des raisons de sécurité. La colonne “Teófilo Forero” des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) très implantées dans le Huila, opère, en effet dans le secteur d'Algeciras. C'est pourquoi le souhait de Manuel Antonio Macías était loin de faire l'unanimité parmi les autres conseillers municipaux, avec qui il entretenait des relations parfois tendues.
Les autorités ont spontanément attribué cet assassinat à la guérilla qui avait averti de représailles, dès avril 2007, les futurs vainqueurs du scrutin d'octobre dernier.