L’Egypte 159ème au Classement mondial de la liberté de la presse

L’Egypte perd une place au Classement mondial 2016 de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF). Les journalistes travaillent dans un environnement de plus en plus hostile aux voix critiques du gouvernement de Sissi.

Dans un contexte sécuritaire tendu, les journalistes égyptiens se heurtent à un régime réprimant les critiques au nom de la stabilité et de la sécurité nationale. Malgré un environnement médiatique dynamique, les médias reflètent une société polarisée entre le soutien à Sissi et sa contestation, et subissent la main de fer d’un régime autoritaire. Si bien que l’Egypte se retrouve à la 159ème place du Classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF) le 20 avril 2016. La place du pays a régressé progressivement depuis la fin de l’ère Moubarak où l’Egypte figurait à la 127ème place (sur 173 pays). Sous le président Morsi, en 2012 et en 2013, l’Egypte était classée 158ème (sur 178 pays).


L’Egypte est l’une des plus grandes prisons du monde pour les journalistes. Ils sont aujourd’hui plus de 20 à être détenus pour des prétextes fallacieux. Pourtant, en septembre dernier, dans une interview à la chaîne CNN, le président Sissi se félicitait de la liberté d’expression “sans précédent” dont jouissaient selon lui les journalistes. Quelques jours plus tôt, le président avait gracié deux des reporters d’Al-Jazeera condamnés dans un nouveau procès à trois ans de prison en août 2015. Ils étaient poursuivis pour soutien au terrorisme et diffusion de ‘fausses nouvelles’ sans autorisation.


Certains reporters sont maintenus très longtemps en détention provisoire sans voir un juge. C’est le cas du photojournaliste Mahmoud Abou Zeid aka Shawkan, arrêté en août 2013 alors qu’il couvrait la dispersion des partisans du président déchu Morsi sur la place Rabaa Al-Adawiya. Son procès, qui devait s’ouvrir en décembre 2015 aux côtés de plus de 700 accusés, a été reporté au mois de mars 2016. Des proches des journalistes affirment que certains ont été sévèrement torturés en prison et que d’autres, malades, n’ont pas accès à un traitement médical adéquat.


Critiquer le président Sissi ou son gouvernement peut être source de pressions pour un journaliste, entraîner son licenciement et même le mener en prison. Face aux attaques djihadistes dans le Sinai, le gouvernement a “rectifié” la manière dont les journalistes couvrent les attentats. En plus d’avoir mis en place, en juin 2015, le groupe “Fact check Egypt” (FCE) chargé de vérifier les informations contenues dans les médias et d’y relever des erreurs (alléguées), le gouvernement a adopté en août une loi anti-terroriste qui vise directement les journalistes à travers son article 33 : la presse doit désormais respecter la version officielle dans sa couverture des attentats, sous peine de payer une amende supérieure à un an de salaire pour les reporters.


Publié chaque année depuis 2002 à l’initiative de RSF, le Classement mondial de la liberté de la presse mesure le degré de liberté dont jouissent les journalistes dans 180 pays grâce à une série d’indicateurs (pluralisme, indépendance des médias, environnement et autocensure, cadre légal, transparence, infrastructures, exactions).


Retrouvez la méthodologie et le Classement mondial de la liberté de la presse 2016 sur le site ltpszjrkmr.oedi.net.

Lire l'analyse régionale sur le Moyen-Orient du Classement 2016.

Publié le
Updated on 20.04.2016