Kenya : RSF condamne la violente agression de quatre journalistes par des policiers lors d’une manifestation

Quatre journalistes ont été brutalement attaqués ou empêchés de travailler par les forces de l’ordre alors qu’ils couvraient des manifestations à l’est de Nairobi le 5 mars. Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement ces agressions et appelle la police kényane à identifier et sanctionner les responsables comme elle s’y est engagée.

La couverture des manifestations peut coûter cher aux journalistes kényans. Mercredi 5 mars, quatre journalistes ont été pris pour cible par les forces de l’ordre alors qu’ils couvraient des manifestations ayant éclaté à Majengo, dans le quartier de Pumwani à l’est de la capitale Nairobi. Ces troubles avaient éclaté la veille au soir, après la mort d’un adolescent de 17 ans lors d’une opération de police dans le quartier.

Aux environs de 10 heures du matin, alors qu’ils s’apprêtaient à regagner leur bureau au centre-ville après avoir couvert les événements, des journalistes de la chaîne de télévision NTV ont été témoins de la violente agression du reporter Justine Ondieki, photojournaliste pour le média Eastleigh Voice, par des policiers. Dès que Leah Wambui Kurema, camerawoman de NTV, a commencé à filmer l’incident, un agent de la branche paramilitaire des services de police du Kenya (General Service Unit, GSU), a forcé l’ouverture de la porte passager du véhicule dans lequel elle se trouvait, l’a brutalement extirpée, agressée et l’a contrainte à supprimer ses images de l’agression. 

En essayant de venir en aide à sa collègue, Dennis Onsongo, photojournaliste pour NTV, a été giflé par les policiers. Pendant ce temps, Enos Teche, un photojournaliste du quotidien The Star, qui se trouvait à quelques mètres du véhicule des journalistes, a été empêché de prendre des photos de la scène. Un agent du GSU lui a bloqué le passage, tandis qu'un autre brandissait une matraque au-dessus de sa tête, lui ordonnant de quitter les lieux. 

Le porte-parole du Service national de la police (NPS), Muchiri Nyaga, a condamné l’attaque et a annoncé que la police allait “identifier les officiers, et qu’une action suivra”. 

Extirper une journaliste de son véhicule de reportage pour l’agresser et la forcer à effacer des images prises dans le cadre de son travail, sont des attaques totalement inacceptables. L’extrême violence avec laquelle les forces de l’ordre ont traité ces quatre journalistes en pleine couverture d’une manifestation confirme les problèmes de sécurité auxquels les professionnels des médias sont confrontés dans le pays. RSF appelle les autorités kényanes à identifier et sanctionner les responsables, comme le porte-parole de la police s’y est engagé.

Sadibou Marong
Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF

Après avoir été violemment frappé, le photojournaliste Justine Ondieki a été détenu pendant près de cinq heures dans un véhicule de police, où son appareil photo a été endommagé, confisqué et son contenu effacé. Il a dû être hospitalisé.

Des agressions de journalistes récurrentes  

Ce n’est pas la première fois que RSF tire la sonnette d’alarme quant aux violences contre les journalistes en marge de manifestations au Kenya. En août 2024, notre organisation a saisi la police des polices afin d'enquêter sérieusement sur six cas de journalistes violentés, après qu’un agent de police a tiré des balles en caoutchouc sur la reporter de Kameme TV Catherine Wanjeri Kariuki, la laissant giser au sol avec sa jambe ensanglantée lors d’une manifestation contre le gouvernement. Plusieurs journalistes avaient également été directement visés par des tirs de gaz lacrymogène. 

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