Iran : RSF dénonce la suspension arbitraire du journal réformateur Sazandegi

Les autorités iraniennes ont suspendu la publication du quotidien Sazandegi au prétexte d’un reportage jugé mensonger sur l'inflation dans la République islamique. ٍReporters sans frontières (RSF) appelle à la reprise de la publication du journal.

Mise à jour : La suspension de Sazandegi a été annulée le 1er mars 2023 par le procureur de la culture. Selon son rapport d'enquête, "aucune contradiction factuelle n'a été observée" et le rapport cité par le journal " avait seulement une approche analytique. L’article mentionné a été écrit sur la base de la situation du marché. Compte tenu du prix élevé de la viande, l'enquêteur n'a vu aucun contenu illégal susceptible d'être criminalisé. »

Le 20 février, la publication du quotidien Sazandegi, connu pour ses positions critiques envers le gouvernement iranien, a été suspendue à la suite de ses dénonciations de la gestion de l’économie par le gouvernement. La une du journal intitulée “Les Émeutes de la viande”, exposant la mauvaise gestion de la flambée des prix de la viande en Iran, avait  eu un impact retentissant. 

Le Conseil de surveillance de la presse, organe du ministère de la Culture et de l’Orientation islamique, a justifié la suspension du journal pour cause “d'insistance à publier du faux contenus” et de “trouble de l’opinion publique”, des accusations régulièrement utilisées par le régime islamique afin de bâillonner toute dissidence politique. Cette décision a été prise sur la base des articles 5 et 6 de la loi relative à la presse nationale qui interdisent aux médias de publier du contenu considéré comme faux ou relevant de la rumeur.

“Le Conseil de surveillance de la presse confirme qu’il n’est qu’un simple instrument de contrôle et de répression des journalistes , déplore  le responsable du bureau Moyen-Orient à RSF, Jonathan Dagher. Il est temps que les autorités iraniennes se rendent à l’évidence que ce n’est pas en censurant l’information que la crise que traverse le pays va se terminer.  Le quotidien Sazandegi doit pouvoir reprendre son activité et informer de nouveau les citoyens iraniens sans délai.”  

Selon le rédacteur en chef de Sazandegi, Akbar Montajebi, la suspension du quotidien aurait principalement été motivée par un précédent article, qui se moquait d’une conférence, organisée par le régime, présentant des “femmes influentes” du monde entier. Ladite conférence est devenue la risée du public iranien pour sa flagrante hypocrisie, après la répression violente des mouvements de protestation féministes déclenchés par la mort de Mahsa Amini le 16 septembre 2022. Akbar Montajebi affirme que cet article avait exposé le journal à “une forte pression, au point que la question de la suspension de la publication avait été évoquée.” 

Le secrétaire du Conseil gouvernemental de l'information, Ehsan Salehi, a nié les affirmations du rédacteur en chef et clamé que “si les autres contenus du journal sont également de cette nature [fausse], l'observation du Conseil de surveillance (...) est donc légitime”, poursuivant ainsi la manœuvre d’intimidation à l’encontre du média. 

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