Iran : le procès de Niloofar Hamedi et Elaheh Mohammadi relève de la farce judiciaire

Incarcérées depuis septembre 2022 pour avoir été parmi les premières à attirer l’attention du public sur la mort de Mahsa Amini, les deux journalistes iraniennes Niloofar Hamedi et Elaheh Mohammadi doivent être jugées à partir des 29 et 30 mai 2023, et risquent la peine de mort. Reporters sans frontières (RSF) dénonce un simulacre de justice et demande leur libération immédiate.

L'information a été confirmée par la justice iranienne. Niloofar Hamedi, correspondante du quotidien Shargh et Elaheh Mohammadi, journaliste pour le quotidien Ham Mihan, doivent être jugées, respectivement à partir du 29 et du 30 mai 2023. Incarcérées depuis huit mois par le régime iranien, les deux journalistes sont connues pour avoir été les premières à attirer l’attention du public sur la mort de Mahsa Amini. Elles sont accusées par les autorités de “complot et rébellion contre la sécurité nationale” et de “propagande contre l’État”. De graves accusations passibles de la peine de mort. 

À quelques jours de leur comparution, ni l’une ni l’autre, selon leurs familles, n’ont pourtant pu avoir accès à leur dossier d’accusation, contrairement à ce qui a été affirmé par le porte-parole du pouvoir judiciaire iranien. D’après le mari de Niloofar Hamedi, qui s’est exprimé sur Twitter, “moins d’une semaine” avant leur jugement, les deux journalistes n’avaient pas non plus été autorisées à s’entretenir avec leurs avocats pour préparer leur audience.

Que Niloofar Hamedi et Elaheh Mohammadi n’aient pas pu rencontrer leurs avocats, même à quelques jours de leur procès, confirme que nous assistons à une farce judiciaire. Ce simulacre de justice ne vise qu'à légitimer la répression violente de ces deux journalistes. Nous exigeons leur libération immédiate.

Jonathan Dagher
Responsable du bureau Moyen-Orient de RSF

Devenues deux figures emblématiques du mouvement de contestation iranien popularisé dans le monte entier par le slogan “Femme, Vie, Liberté”, Niloofar Hamedi et Elaheh Mohammadi, ont reçu, au début du mois de mai 2023, aux côtés de l’activiste iranienne Narges Mohammadi, le prestigieux prix de la liberté de la presse UNESCO. Les deux journalistes ont également été classées par le magazine Time parmi les 100 personnes les plus influentes de 2023. 

Alors que Mahsa Amini - arrêtée le 13 septembre 2022 par la police des moeurs iraniennes pour une mèche de cheveu dépassant de son voile - se trouvait dans le coma à l'hôpital de Kasra à Téhéran, Niloofar Hamedi avait été l’une des premières à lui rendre visite et à raconter son histoire. La journaliste a été arrêtée dès le 20 septembre 2022 par le régime iranien. Elahe Mohammadi avait, elle, fait le déplacement en taxi jusqu’au village de Saqez dans le Kurdistan iranien, pour couvrir les funérailles de la jeune étudiante Kurde, point de départ des manifestations qui ont suivi. Elle a été incarcérée à son tour par la République islamique d’Iran le 29 septembre 2022. Ce n'est que le 17 avril 2023, presque sept mois plus tard, que les familles et les avocats des deux journalistes avaient pris connaissance des charges retenues contre elles.

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