Irak : la chaîne saoudienne MBC saccagée à Bagdad
Un groupe d’individus masqués a pénétré dans les bureaux de la chaîne saoudienne MBC et saccagé ses locaux, basés à Bagdad pour protester contre la diffusion d’une émission. Reporters sans frontières (RSF) condamne ces attaques et appelle les autorités à assurer la protection des journalistes qui y travaillent.
Un groupe d’individus masqués liés aux mouvements pro-iraniens a pénétré dans les locaux de la chaîne saoudienne MBC à Bagdad ce lundi et saccagé l’intérieur des locaux. Peu avant, des dizaines d’Irakiens s’étaient rassemblés devant l’entrée du siège de la chaîne pour exiger sa fermeture, escaladant l’enceinte du bâtiment, inscrivant des tags sur les murs et accrochant un panneau avec l’inscription “Fermé sur ordre du peuple” et la mention “MBC chaîne du terrorisme saoudien”.
A l’origine du mécontentement, le programme quotidien spécial ramadan “Malek Beltawilah” diffusé le 14 mai, retraçant l’histoire de personnages célèbres. Le présentateur Malek Al-Rougui revenait sur un attentat suicide qui s’est produit à Beyrouth en 1981, commandité par la branche militaire du mouvement chiite irakien des Hachd al-Chaabi, qualifiant son ancien vice-président Abu Mahdi al-Muhandis de “terroriste”. Ce dernier a été assassiné en janvier dernier, lors d’une frappe américaine qui visait également le général iranien Qassem Soleimani, commandant des Gardiens de la révolution.
Quelques heures après l’incident, le ministère irakien de l’Intérieur a publié un communiqué condamnant l’agression et regrettant qu’en vertu de la législation en vigueur, les protestataires n’aient pas opté pour une plainte auprès de l’organe national de régulation. Les autorités ont d’ailleurs précisé que le régulateur avait entamé des démarches avec MBC pour “réparer ce qui a été précédemment diffusé”.
“Condamner le saccage de la chaîne ne suffit pas, réagit Sabrina Bennoui, responsable du bureau Moyen-Orient à Reporters sans frontières (RSF). Les autorités irakiennes doivent prendre des mesures concrètes et sécuriser le cadre de travail des membres de la rédaction, garantir leur protection ainsi que sanctionner les personnes responsables des dégradations.”
RSF déplore également que la Commission parlementaire des communications et des médias, instance indépendante du gouvernement ait, de son côté, réclamé la fermeture de la chaîne si cette dernière ne présentait pas ses excuses et dénoncé des “atteintes continues aux symboles nationaux de la part d’institutions médiatiques dont le financement et le positionnement communautaires sont connus”.
L’Irak occupe la 162e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.