Interpellations, agressions et menaces contre des journalistes dans les Etats du Chiapas, de Morelos et de México
Organisation :
Dans une lettre adressée au ministre de l'Intérieur ("secretario de gobernación"), Santiago Creel Miranda, Reporters sans frontières (RSF) a protesté contre les tirs essuyés par les locaux de l'hebdomadaire Páginas à Tuxtla Gutiérrez (Chiapas) et contre les interpellations et menaces dont ont été victimes une dizaine de journalistes dans les Etats de México et de Morelos (sud du pays). Robert Ménard, secrétaire général de RSF, a dénoncé "la multiplication des cas d'agressions, de menaces et d'interpellations de journalistes". L'organisation a demandé l'ouverture d'une enquête sur chacune de ces affaires, alors que des agents de l'Etat ont été à plusieurs reprises mis en cause.
RSF a également demandé à M. Creel Miranda de mettre fin aux interpellations de journalistes. Dans un texte adopté en janvier 2000, le Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression des Nations unies a clairement établi que "l'emprisonnement en tant que condamnation de l'expression pacifique d'une opinion constitue une violation grave des droits de l'homme".
Selon les informations recueillies par RSF, des individus ont tiré, le
3 avril 2002, sur les locaux de l'hebdomadaire Páginas, publié dans la ville de Tuxtla Gutiérrez (Chiapas), et menacé le personnel du journal. Selon les responsables de l'hebdomadaire, qui ont porté plainte, l'agression pourrait être liée au ton critique du journal envers les autorités. Ils soulignent que les actes d'intimidation, de menaces et de violence de la part des autorités du Chiapas envers les journalistes se sont multipliés ces derniers mois. Le 7 mars dernier, Fredy Martín Pérez López, correspondant du quotidien El Universal et de l'agence de presse italienne ANSA, avait été agressé par des agents de police, à San Cristóbal de las Casas alors qu'il assistait à des affrontements entre ces derniers et la population locale.
Le 1er avril, Raquel Urbán Hernández, de l'hebdomadaire Reporteros Informando, publié dans la ville d'Ecatepec (Etat de México), a été interpellée. Elle a été libérée le même jour, après le paiement d'une caution de 22 000 pesos (2 800 euros). Cette interpellation était intervenue suite à la plainte déposée en janvier par Alejandro Gamiño Palacios, député du PAN (Partido de Acción Nacional, au pouvoir), qui poursuit la journaliste pour "diffamation". Le 26 novembre, Raquel Urbán Hernández avait révélé l'implication présumée du député dans une affaire de viol sur mineure.
Le 11 mars, María Esther Martínez, du quotidien La Unión de Morelos, publié dans l'Etat de Morelos, a également fait l'objet d'une interpellation dans la ville de Xochitepec. Selon la Commission indépendante des droits de l'homme de Morelos, une organisation civile de défense des droits de l'homme, la journaliste, poursuivie pour "diffamation", a été interpellée après avoir critiqué le parquet et la police locale. Elle a été libérée dans la journée. Le 14 mars, Jesús Castillo, du même journal, a reçu des menaces par téléphone suite à la publication d'informations faisant état des liens présumés de policiers avec des narcotrafiquants et des groupes de ravisseurs. Le 27 février, Sergio Gómez Guerra, également de La Unión de Morelos, avait lui aussi été arrêté et inculpé pour trafic de voitures volées. Les faits sont intervenus une semaine après qu'il avait signé un article révélant les liens présumés entre un proche du chef de la police locale et un groupe de ravisseurs arrêtés dans l'Etat de México. Sergio Gómez Guerra a été remis en liberté après trois jours de détention.
En 2001, Roberto Díaz Guerrero et Fernando Ojeda, de la chaîne de télévision Televisa, et Angélina Albarrán, du quotidien Diario de Morelos et de la station de radio Tiempo A.M., ont fait l'objet de menaces. Le 19 novembre 2001, RSF avait protesté contre les pressions subies par Francisco Guerrero, directeur de l'édition de l'Etat du Morelos de La Jornada (sud de Mexico), après qu'il avait mis en cause un fonctionnaire du ministère de la Justice dans un assassinat et dénoncé l'existence supposée, au sein du gouvernement de l'Etat du Morelos, d'une cellule chargée de surveiller des membres des partis de l'opposition et d'organisations non gouvernementales.
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Updated on
20.01.2016