Indonésie : RSF dénonce les violences policières contre des journalistes couvrant les manifestations

Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement les agressions dont ont été victimes une quinzaine de journalistes indonésiens lors de leur couverture d’une vague de manifestations contre une nouvelle loi renforçant le rôle de l’armée dans les affaires civiles. L’organisation appelle le président Prabowo Subianto à prendre des mesures pour mettre un terme à ces violences et à garantir l’ouverture d’enquêtes transparentes et indépendantes pour que les responsables soient traduits en justice.
Le 24 mars 2025, Rama Indra, journaliste du média en ligne Beritajatim, a été violemment pris à partie par des policiers alors qu’il filmait l’arrestation brutale d’un manifestant à Surabaya, dans l’est de l’île de Java. Trois agents l’ont encerclé, l’ont contraint à supprimer sa vidéo, puis ont confisqué son téléphone avant de le frapper à plusieurs reprises à la tête avec un bâton. Le même jour, le journaliste du site d’information SuaraSurabaya Wildan Pratama, qui couvrait la même mobilisation, a été forcé par la police de supprimer une vidéo montrant l’arrestation de manifestants étudiants.
Ces incidents ne sont pas isolés. Depuis le 20 mars, au moins quatorze journalistes et étudiants en journalisme ont été agressés par la police et des individus non identifiés alors qu’ils couvraient les manifestations contre une loi récemment adoptée, renforçant le pouvoir des militaires sur l’administration civile, qui secouent tout le pays.
“Rien ne justifie la brutalité policière contre les journalistes. Nous appelons le président indonésien Prabowo Subianto à prendre des mesures immédiates pour que les forces de l’ordre respectent la protection des journalistes dans l’exercice de leurs fonctions et que des enquêtes indépendantes et transparentes soient menées afin de traduire en justice les responsables de ces attaques.
Colis macabres envoyés à une rédaction
Au-delà des violences sur le terrain, des menaces s’étendent jusqu’aux rédactions. Les 19 et 22 mars, le bureau de Jakarta du magazine indépendant Tempo, qui suit de près la mobilisation contre cette loi, a reçu deux colis macabres contenant une tête de cochon ensanglantée aux oreilles mutilées ainsi que des carcasses de rats décapités. La police a annoncé l’ouverture d’une enquête.
En Indonésie, les reporters qui couvrent les affaires de violences policières sont régulièrement agressés. En août 2024, au moins onze reporters avaient été pris pour cible par la police, alors qu’ils couvraient des manifestations contre une réforme électorale à Jakarta et Bandung. Le pays se trouve au 111e rang sur 180 dans le Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2024 par RSF.