Inde : le départ contraint d’un journaliste français ne fait que confirmer la terrible machine répressive en place
Interdit de travailler comme journaliste, le correspondant français de plusieurs médias francophones Sébastien Farcis a été contraint de quitter l’Inde où il était établi depuis 2011. Cette affaire, après celle de la journaliste Vanessa Dougnac, envoie un signal alarmant à tous les journalistes en Inde. Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités à mettre un terme à cette répression.
Collaborateur des médias Radio france internationale (RFI), Radio France, et du quotidien Libération, Sébastien Farcis a été contraint de rentrer en France après avoir été privé du droit d’exercer son métier par l’administration indienne. Le ministère de l’Intérieur a refusé de lui renouveler son permis de travail de journaliste le 7 mars 2024, sans aucune justification. Ses multiples requêtes pour dénouer cette situation n’ont pas abouti.
Le journaliste, qui vit et travaille en Inde depuis 13 ans, se dit, dans un communiqué, profondément choqué par ce rejet et confronté à “une censure incompréhensible.” Il ajoute : “C’est aussi un déchirement familial : je suis marié à une femme indienne, et j’ai le statut de résident permanent, appelé Overseas Citizen of India (OCI). Cette interdiction nous pousse donc dehors sans explication, et nous déracine du jour au lendemain.”
“Après celui de Vanessa Dougnac en février dernier, le départ contraint d’un deuxième journaliste français, privé d’exercer son métier, ne fait qu’illustrer une nouvelle fois la répression exercée contre les professionnels de l’information sous la gouvernance de Narendra Modi. À l’aune de son précédent mandat, les journalistes étrangers sont très clairement ciblés. Ces deux cas sonnent comme un avertissement alarmant pour tous les journalistes. Cette répression doit cesser. RSF appelle les autorités indiennes à garantir la présence de journalistes étrangers et le libre exercice de leur métier dans le pays.
Alors que sa consœur française Vanessa Dougnac, collaboratrice de La Croix, du Soir et du Point, a dû se résoudre à quitter le pays le 16 février après un refus de permis de travail et une menace de retrait de son permis de résidence, Sébastien Farcis dénombre “au moins cinq correspondants étrangers” sous le statut OCI “qui ont été interdits de travailler comme journalistes en moins de deux ans.”
Les mesures de rétorsion envers les journalistes étrangers sous forme d’interdiction d’accès à certaines régions, de visas raccourcis et de permis refusés se sont intensifiées ces dernières années, parallèlement à la mise en place d’un arsenal répressif visant les médias indiens à tous les niveaux.