Hong Kong : RSF dénonce une campagne d'intimidation contre les derniers journalistes indépendants du territoire
Depuis au moins deux mois, plusieurs journalistes de Hong Kong sont la cible d'une campagne d'intimidation qui semble coordonnée, et vise à les réduire au silence. Dans un contexte de répression continue de la liberté de la presse orchestrée par le régime chinois et les autorités hongkongaises, Reporters sans frontières (RSF) appelle la communauté internationale à prendre des mesures pour soutenir les journalistes du territoire.
Lors d'une conférence de presse tenue le vendredi 13 septembre 2024, l'Association des journalistes de Hong Kong (HKJA) a révélé que des dizaines de journalistes appartenant à au moins 13 médias locaux et internationaux, dont les sites d’information InmediaHK, HK Feature, Hong Kong Free Press, ainsi que deux établissements d'enseignement du journalisme, font l'objet d'”attaques systématiques et organisées” depuis le début du mois de juin.
Cette campagne de harcèlement en ligne et hors ligne comprend des menaces de mort et la diffusion de contenus diffamatoires par courriels ou par lettre aux domiciles et lieux de travail des journalistes, ainsi qu'à leurs proches. Elle inclut également des messages d'intimidation sur les réseaux sociaux, du trolling et la divulgation de données personnelles.
Selon la HKJA, “de nombreuses lettres et courriels ont menacé leurs destinataires que s’ils continuaient de s’associer avec des journalistes visés ou leurs proches, ils risqueraient de mettre en danger la sécurité nationale et d’enfreindre la loi sur la sauvegarde de la sécurité nationale (article 23).”
“Nous dénonçons fermement cette campagne de harcèlement menée contre les médias indépendants qui ont survécu aux précédentes vagues de répression menée par gouvernement. Nous exhortons la communauté internationale à intensifier la pression sur le régime chinois afin que la liberté de la presse soit pleinement rétablie dans le territoire.
Depuis l’adoption par le régime chinois de la loi de sécurité nationale en juin 2020, le gouvernement de Hong Kong mène une campagne sans précédent contre le droit à l’information, conduisant à des poursuites judiciaires contre 28 journalistes et défenseurs de la liberté de la presse. Treize d’entre eux sont toujours derrière les barreaux, à l’image de Jimmy Lai, lauréat 2020 du prix RSF de la liberté de la presse. Le 29 août 2024, deux anciens rédacteurs en chef du média en ligne aujourd'hui disparu Stand News ont été reconnus coupables d'avoir publié des “publications séditieuses”, dans la première affaire de sédition impliquant des médias dans l'histoire moderne de Hong Kong.
Les autorités ont également fermé de force les médias indépendants Apple Daily et Stand News, tandis que le climat de terreur a conduit au moins cinq autres organes de presse à cesser leur publication. Au moins 900 journalistes ont perdu leur emploi en raison de la fermeture de ces médias indépendants, des centaines de professionnels des médias n'ont eu d'autre choix que de s'exiler, tandis que certains journalistes étrangers et un représentant de RSF ont été interdits d'entrée sur le territoire.
Hong Kong occupe le 135e rang au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2024 par RSF, ayant dégringolé du 18e rang en seulement deux décennies. La Chine occupe quant à elle la 172e place sur les 180 pays et territoires évalués.